VIDÉO - Météo : pourquoi il n'est pas si futile de parler de la pluie et du beau temps

par La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Khélian Yousfi, Elisa Vaudelet et Eric Schings
Publié le 18 mars 2024 à 15h40

Source : JT 13h Semaine

Une étude vient d'établir que ces petites discussions, concernant la pluie et le beau temps, représentent un tiers de nos échanges.
Cela permet de créer des liens et de briser la glace.

Vous le pratiquez tous les jours sans même vous en rendre compte : le "small talk", c'est cette conversation anodine que l'on engage avec son voisin ou son boucher. Une convention sociale perçue comme une forme de politesse et d'altruisme, mais qui peut aussi être vécue comme une source d'angoisse. 

Selon Laurie Hawkes, psychologue et auteure de La force des introvertis (éd. Eyrolles), les adeptes du "small talk" n'en restent pas moins "dans une sorte de boucle vertueuse" : "Plus ils papotent, plus ils savent échanger ainsi, mieux ça se passe", dit-elle à TF1info. Et les autres, où se situent-ils ? "Les réfractaires à cet art sont ceux qui détestent notoirement le bavardage, ils préfèrent le silence ou bien une conversation importante. Ils s’expriment en réaction aux façons de vivre des extravertis, qui étaient il y a encore peu la norme ; quand on ne parle pas et qu’on préfère le retrait, on est vu comme asocial, bizarre, etc." D’où une aversion grandissante pour la norme du "small talk".

Plus de neuf personnes sur dix admettent avoir parlé de la météo les six dernières heures

Alors, quelles sont les vertus du "small talk", pour donner envie à ceux qui aimeraient "composer" avec ce petit échange courtois destiné à briser la glace ? La première, la plus simple : créer du lien social, ce qui correspond à un besoin essentiel qu’est le contact humain. L'anthropologue britannique Robin Dunbar appelle cela du "toilettage verbal", l’équivalent du "grooming" pour les grands singes, c’est-à-dire les séances d’épouillage mutuel. 

Et pour y parvenir, il ne faut pas s’enfermer dans l’idée que l'on n'en est pas capable et écarte toute forme de mépris. "Nos voisins, nos commerçants nous apprécient notamment parce que nous répondons à leurs messages : "Ah, ce qu’il a fait chaud, cet été"…, relève Laurie Hawkes. "Si on se contente de hausser les épaules en regardant le voisin comme s’il était idiot, il ne nous aimera guère. Alors qu’échanger quelques remarques sur la météo nous met en relation. Il est donc judicieux d’apprivoiser doucement cette capacité. Déterminer quelques sujets sur lesquels on pourrait échanger avec un relatif plaisir, apprendre à orienter les bavardages sur nos sujets de prédilection pour pouvoir y participer de bon cœur. Également avoir quelques répliques un peu automatiques suffisantes pour ne pas vexer les interlocuteurs. Ma tante préférée, quand on lui parlait longuement de choses qui ne l’intéressaient pas, m’a conseillé de dire en hochant la tête, 'Ah, ça…' En fait, c’est assez pratique !"

Accessoirement, n’oublions jamais cette inéluctable vérité de mortels : hormis quelques vrais sages capables de mener des vies d’anachorète sans dépérir, eh bien non, les humains ne peuvent pas se passer de contacts humains : "Eric Berne, qui a créé l’analyse transactionnelle, disait que sans contacts, 'notre moelle épinière se flétrit'. Une image, bien sûr, mais elle est parlante. On dépérit, on se déprime, sans contacts en suffisance." 

Ne soyez donc pas surpris si, selon les travaux de la linguiste Véronique Traverso, les Français demandent trois fois des nouvelles de la santé de leur interlocuteur avant de se lancer dans une discussion et si, selon une étude réalisée en 2010 par l’anthropologiste anglaise Kate Fox, plus de neuf personnes sur dix admettent avoir parlé de la météo lors des six dernières heures. Comment ça, vous avez-vous dit "y a plus saison" à votre collègue il y a moins d’une heure ?


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Khélian Yousfi, Elisa Vaudelet et Eric Schings

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