Jean-Pierre Farandou sera remplacé à la tête de la SNCF après les JO, l'opposition fustige le gouvernement

par V. F
Publié le 7 mai 2024 à 15h46

Source : JT 20h WE

Après la signature d’un accord sur les retraites jugé avantageux pour les cheminots, le dirigeant de la SNCF ne sera pas reconduit dans ses fonctions.
Il assurera toutefois l’intérim jusqu'à la fin des Jeux olympiques et paralympiques.
L'opposition y voit une sanction du gouvernement après les concessions faites par le patron de la SNCF aux cheminots fin avril.

Il souhaitait rempiler pour un second mandat, mais son vœu ne sera pas exaucé. Le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou ne sera pas reconduit à la tête du groupe, mais il assurera l’intérim jusqu'à la fin des Jeux olympiques et paralympiques. Après la compétition, "la présidente de l'Assemblée nationale et le président du Sénat seront saisis par le président de la République du nom du successeur envisagé de M. Jean-Pierre Farandou", a indiqué le gouvernement, sans plus de détails, dans un communiqué.

L'annonce est survenue quelques heures avant son audition devant la commission Aménagement du territoire et développement durable du Sénat, pour s'expliquer notamment sur l'accord sur les fins de carrière dans l'entreprise publique, signé fin avril avec l'ensemble des syndicats. Cet accord, qui prévoit un échelon de rémunération supplémentaire pour les cheminots en fin de carrière et des mesures de retraite anticipée pour certaines professions comme les conducteurs ou les contrôleurs, a provoqué la colère de la droite et d'une partie du gouvernement, qui y a vu un contournement de la réforme des retraites.

J'ose espérer que le mandat du futur PDG ne sera pas de remettre en cause l'accord qu'on vient de signer, parce que ce serait un scandale.
Thierry Nier, secrétaire général de la CGT-Cheminots

Jeudi dernier, Bruno Le Maire annonçait même la convocation du PDG de la SNCF à Bercy pour s'expliquer, notamment sur le financement de la mesure, évaluée à environ 35 millions d'euros selon des sources ferroviaires. "On a une frange d'hommes politiques en France qui exècrent les syndicats et qui voudraient que ça soit la jungle partout", a assuré le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Thierry Nier. "J'ose espérer que le mandat du futur PDG ne sera pas de remettre en cause l'accord qu'on vient de signer, parce que ce serait un scandale", a-t-il prévenu.

De son côté, le secrétaire général de la CFDT-Cheminots Thomas Cavel, s'est interrogé auprès de l'AFP : "Maintenant, c'est quoi le projet du gouvernement pour la SNCF et le corps social cheminot ?", a-t-il lancé, inquiet de voir partir le PDG qui avait annoncé la mise en place d'une "plateforme de progrès social" en février pour désamorcer la crise provoquée par la grève des contrôleurs. L'annonce de la fin du mandat de M. Farandou "semble mettre un frein à cette ambition et ce n'est pas un bon signe", a-t-il déploré. 

Tandis que Fabien Villedieu de Sud-Rail, syndicat en pointe dans les luttes sociales au sein de la SNCF,  a confié à l'AFP avoir "un sentiment ambivalent". "C'est un PDG avec lequel on s'est beaucoup opposés, mais je trouve que là, il y a quand même un côté un peu injuste". 

Un mandat marqué par plusieurs crises

Cette annonce a également fait réagir l'opposition. "C'est du deux poids, deux mesures. Le gouvernement préfère convoquer un dirigeant d'entreprise qui a négocié et respecté le dialogue social pour éviter des grèves et des désagréments pour les usagers", a déclaré le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, dénonçant en miroir les pratiques des "PDG de Stellantis et Sanofi qui licencient, délocalisent. C'est eux qu'il faut virer."

"Ma conviction est que c’est un bon accord, qui ne contourne pas la loi sur les retraites, qui est dans les pratiques des grandes entreprises publiques et privées", s'est défendu pour sa part Jean-Pierre Farandou, ce mardi devant les sénateurs. "On ne peut pas transformer contre ses salariés une entreprise publique de 150.000 cheminots à forte culture maison."

Nommé en 2019, Jean-Pierre Farandou avait pour mission principale de redresser les comptes de la SNCF et de faire appliquer la réforme ferroviaire de 2018. Son mandat a été marqué par plusieurs crises, à commencer par celle de la pandémie de Covid-19, qui a mis les trains à l'arrêt pendant plusieurs mois et nécessité d'organiser des trains sanitaires pour transporter les malades dans le pays. Deux grosses grèves auront également marqué son passage à la tête du groupe, en 2019-2020 et en 2023, à chaque fois pour s'opposer à la réforme des retraites proposée par les gouvernements d'Emmanuel Macron.

Jean-Pierre Farandou a aussi ramené les comptes de l'entreprise dans le vert avec un bénéfice historique de 2,4 milliards d'euros en 2022 et à nouveau 1,3 milliard en 2023, permettant de financer de nombreux investissements, à commencer par la régénération du réseau et l'achat de nouveaux trains comme les fameux TGV M, attendus pour le second semestre 2025.


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