Emprisonné depuis six mois, le réalisateur iranien Jafar Panahi entame une grève de la faim

Publié le 2 février 2023 à 14h47

Source : TF1 Info

Figure de l’opposition iranienne, le cinéaste Jafar Panahi est derrière les barreaux depuis l’été dernier.
Condamné en 2010 pour "propagande contre le régime", il purge actuellement une peine de six ans de prison.
Dans une déclaration transmise aux médias par son épouse, il annonce qu’il va refuser de s’alimenter jusqu’à sa libération.

Il n’avait plus le choix. Le réalisateur iranien Jafar Panahi, derrière les barreaux depuis l’été dernier, vient d’entamer une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention. "Aujourd'hui, comme beaucoup de personnes piégées en Iran, je n'ai d'autre choix que de protester contre ce comportement inhumain avec ce que j'ai de plus cher : ma vie", annonce l’artiste dans une déclaration dévoilée aux médias par son épouse. "Je refuserai de manger et de boire et de prendre tout médicament jusqu'à ma libération".

Jafar Panahi, 62 ans, a été arrêté le 11 juillet 2022 à Téhéran alors qu’il était venu apporter son soutien au tribunal à deux de ses confrères, Mohamed Rasoulouf et Mostafa Aleahmad, arrêtés quelques jours plus tôt pour "troubles à l’ordre public". Dans un contexte de tensions exacerbées, les autorités ont alors décidé de l’envoyer en prison pour purger une peine de six ans de détention, prononcée en 2010 pour "propagande contre le régime".

Une première grève de la faim en 2010

Lion d’or en 2002 à Venise avec Le Cercle, un film qui dénonce le manque de liberté dans son pays, Jafar Panahi est une figure de l’opposition au régime iranien. En mars 2010, alors qu’il doit participer au Festival de Cannes, il est arrêté avec sa famille, accusé de soutenir le mouvement de protestation contre la réélection de l’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad. Victime de mauvais traitements, il entame une première grève de la faim et obtient sa libération sous caution le 25 mai.

En décembre 2010, cet ancien assistant d'Abbas Kiarostami est finalement condamné à six ans de prison pour "propagande contre le régime", une peine qui provoque des tensions entre le pouvoir politique et judiciaire. Il reste finalement libre, mais se voit assigné à résidence, avec l’interdiction de réaliser, écrire, voyager ou s’exprimer dans les médias. Ce qui ne l’empêche pas de tourner clandestinement, en numérique ou à l’iPhone.

Ce sera notamment le cas avec Ceci n’est pas un film, sélectionné hors compétition au Festival de Cannes en 2011, qui arrive jusqu’à la Croisette par l’intermédiaire d’une clé USB. C’est encore avec ces méthodes de débrouille qu’il réalise Pardé en 2013 et Taxi Téhéran, Ours d’or à Berlin en 2015. Puis Trois visages, prix du scénario à Cannes en 2018, son dernier film à ce jour.


Jérôme VERMELIN

Tout
TF1 Info