Close depuis quatre ans, la fiction judiciaire est la sensation de l’été aux États-Unis.La série qui suit le quotidien d’un cabinet d'avocats new-yorkais enchaîne les records depuis son arrivée sur Netflix en juin outre-Atlantique.De quoi faire de la duchesse de Sussex la nouvelle reine du streaming.
Même son créateur n’a rien vu venir. "Jamais de la vie je n’aurais pu anticiper ça", insiste Aaron Korsh auprès du Hollywood Reporter. Quatre ans après la diffusion du dernier épisode sur la chaîne câblée USA, Suits a trouvé un second souffle qui balaye toute la concurrence aux États-Unis. Une déferlante aux chiffres fous qui fait tomber les records les uns après les autres, en particulier depuis son arrivée sur Netflix au début de l’été.
Selon Nielsen, qui recense les audiences du streaming sur les téléviseurs outre-Atlantique, la série judiciaire est désormais la deuxième série la plus regardée sur les plateformes en l'espace de six semaines d’affilée avec 20,3 milliards de minutes vues. Oui, milliards. Elle se paie le luxe de devancer Mercredi, la production Netflix sur l’aînée de la famille Addams avec Jenna Ortega. Seule Strangers Things, l'autre bulldozer Netflix, fait mieux avec 27,7 milliards de minutes vues.
L'effet TikTok
Sur la seule semaine du 24 au 30 juillet, Suits était la série la plus suivie sur les plateformes avec 3,5 milliards de minutes vues, précise Variety. En plus de Netflix, elle est aussi disponible sur Peacock, rattachée à la chaîne NBC. Mais comment expliquer que l’Amérique se passionne à nouveau pour le quotidien de ce cabinet d'avocats new-yorkais fictif où les dossiers en cours sont aussi croustillants que les relations amoureuses entre collègues ?
Aaron Korsh, qui s'est inspiré de son passé de banquier d'affaires pour créer son univers, estime que l’arrivée de la fiction sur Netflix n’a fait qu’"amplifier" une tendance née sur TikTok, où les jeunes utilisateurs repartagent une même scène depuis des mois. Celle de la rencontre des deux héros. Mike Ross, brillant étudiant qui a abandonné l’université, se retrouve par hasard à un entretien d’embauche pour une prestigieuse firme qui ne collabore qu’avec des diplômés de Harvard. Ce n’est pas son cas ? Pas grave. L’avocat Harvey Spector, l’un des meilleurs de la ville, lui donne le poste en promettant de garder son secret.
Tel est le point de départ de neuf saisons intenses, où le drame se mêle à la comédie. Même certains membres de la famille royale britannique ne ratent pas un épisode. Dans ses mémoires, le prince Harry raconte que son frère William et son épouse Kate sont fans. Lui a même eu la chance de se rendre sur le plateau au début de sa relation avec Meghan Markle, qui incarnait la juriste Rachel Zane. Mais en tombant amoureuse d’une tête couronnée, l’actrice a été contrainte d’abandonner sa carrière et de dire au revoir à la série qui l’a rendue célèbre. Elle quitte Suits à la fin de la saison 7 avec le mariage de son personnage, un mois avant ses propres noces royales.
Il n’y a aucun doute qu’il y a un peu de curiosité concernant Meghan
Aaron Korsh, créateur de "Suits"
Ont suivi une brève idylle avec les Britanniques, un divorce ultra-médiatisé avec les Windsor et la promesse d’une nouvelle vie en Californie. "Il n’y a aucun doute qu’il y a un peu de curiosité concernant Meghan", reconnaît Aaron Korsh à propos du succès retrouvé de Suits. Duchesse de Sussex, l’épouse de Harry s’impose comme la nouvelle reine de Netflix après le coup d’éclat du documentaire sur la fuite de son couple loin de la royauté. Le géant du streaming l’a bien compris, choisissant avec malice la date de mise en ligne de la série aux États-Unis. C’était le 17 juin dernier, soit le jour du premier défilé d’anniversaire de Charles III à Londres.
Mais si les raisons de cette nouvelle jeunesse de Suits étaient ailleurs ? Scott Bryan, critique télé pour la BBC, évoque le pouvoir des anciennes séries lors de leur première diffusion sur les plateformes qui alimentent d’un côté un regain de nostalgie chez les fans qui "revoient une série qu’ils ont déjà vue" et offrent, de l'autre, la possibilité à une partie du public de découvrir une série "qu’ils ont peut-être raté la première fois". Auprès du Hollywood Reporter, Aaron Korsh préfère mettre en avant sa galerie de personnages hauts en couleur et "l’optimisme sous-jacent" de la fiction. Car Suits est avant tout une œuvre de qualité qui brille par son écriture aiguisée et son casting impeccable.
Satisfait de la conclusion de la série, le créateur affirme que "s’il pouvait agiter une baguette magique et avoir une autre production à l’antenne, ce ne serait pas une suite de Suits". Il rêve néanmoins encore d’un prequel sur la jeunesse de Robert Zane, le père du personnage interprété par Meghan Markle. Mais rien de plus. En France aussi, l’intégralité des 134 épisodes est disponible sur Netflix. Et ce serait vraiment dommage de passer à côté.