Matthew Perry mort des effets de la kétamine : que sait-on de cette drogue ?

par TD avec AFP
Publié le 16 décembre 2023 à 11h57

Source : Sujet TF1 Info

La mort de l'acteur américain Matthew Perry a été causée par une prise de kétamine, a conclu le médecin légiste.
Cette substance, un anesthésiant, est parfois détournée à des fins récréatives, avec les dangers que cet usage comporte.

La mort accidentelle de Matthew Perry, star de la série "Friends", a notamment été causée par "les effets aigus" d'une prise de kétamine, a fait savoir en cette fin de semaine le bureau de médecine légale du comté de Los Angeles. Une annonce qui met en lumière les risques importants causés par la prise de cette substance, souvent détournée de son usage premier.

Utilisée dans la médecine humaine et animale

Qu'est-ce que la kétamine ? L'ANSM la décrit comme un médicament stupéfiant, indiqué en anesthésie. Elle est en effet "utilisée depuis plusieurs années pour prendre en charge des douleurs rebelles en soins palliatifs, voire des douleurs chroniques".
En chirurgie vétérinaire, on l'utilise fréquemment comme anesthésique et analgésique à action rapide. Ses propriétés psychotropes ont toutefois conduit à un détournement de son usage, à des fins récréatives et non médiales. 

On retrouve la kétamine sur la liste des médicaments essentiels dressée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais le produit est soumis à une autorisation de mise sur le marché limitée à une utilisation en milieu hospitalier. L'ANSM note ainsi que dans le cas d'un traitement à domicile, des mesures spécifiques doivent être adoptées, "compte tenu du potentiel risque d’abus et d’usage détourné de la kétamine". Les ampoules doivent impérativement être conservées "dans un lieu fermé à clé, sûr et sécurisé, auquel d’autres personnes ne peuvent accéder", tandis que celles non utilisées doivent retourner en pharmacie. 

Les propriétés dissociatives de la kétamine sont généralement mises en avant pas les personnes qui en consomment hors cadre médical. À la suite d'une prise, "il peut y avoir une décorporation, l'usager se voit sortir de son corps", explique à l'AFP Sabrina Cherki, coordinatrice du Système d'identification des toxiques et des substances (SINTES) à l'Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT). Une consommation à hautes doses peut par ailleurs conduire au ressenti d'un état très avancé d’effets psychoactifs appelé "K-Hole". Cela se traduit par une perte totale de conscience, avec incapacité de bouger. Des témoignages relatent par ailleurs la sensation d'avoir vécu des expériences de mort imminente (EMI).

Du côté de l'ODFT, on explique que le profil des usagers est assez varié. On retrouve autant "un ancien 'teufeur' consommateur chronique en situation précaire de 35-40 ans", qu'un "jeune clubbeur underground urbain de 20-25 ans", ou des "trentenaires fréquentant les milieux queer, qui maîtrisent leur consommation". Les motivations peuvent également varier puisque "certains l'utilisent pour trouver le sommeil, d'autres pour la gestion du manque d'opiacés ou l'automédication en micro-dosing".

Étudiée par les chercheurs, qui s'intéressent à ses effets antidépresseurs, la kétamine se trouve aujourd'hui surveillé de près par les autorités de santé. Si son détournement demeure limité en France, l'ANSM explique que "des complications graves consécutives à l’administration de kétamine [...] sont [...] signalées régulièrement, dans un cadre médical ou non médical (usage festif ou sexuel – pratique chemsex)." 

Ces complications se traduisent généralement par des "atteintes graves du foie, des voies biliaires et urologiques". Celles-ci "résultent le plus souvent d’une utilisation prolongée et/ou répétée". Des alertes qui interviennent dans "un contexte d’augmentation significative de l’utilisation de la kétamine depuis plusieurs années".


TD avec AFP

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