Éducation : en quoi consiste la "méthode de Singapour" qui doit (re)donner le goût des mathématiques aux élèves ?

Publié le 6 décembre 2023 à 16h48

Source : JT 13h Semaine

Le niveau des élèves en mathématiques est historiquement bas depuis 20 ans en France, selon la dernière enquête Pisa.
Pour redonner le goût des maths, l'Éducation nationale prévoit d'appliquer dès la rentrée prochaine la "méthode de Singapour".
En quoi consiste ce mode d'enseignement qui a fait ses preuves en Asie ?

Les Français et les maths, ça fait deux, voire trois. Le désamour perdure depuis plus de vingt ans, mais il atteint aujourd'hui des sommets. La dernière édition de l’enquête Pisa, qui mesure le niveau des élèves, le confirme une nouvelle fois. La France connaît une baisse "historique" du niveau en maths de ses élèves âgés de 15 ans, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui a dévoilé mardi 5 décembre le nouveau classement. "En mathématiques, la forte baisse observée en France entre 2018 et 2022 est la plus importante observée depuis la première étude Pisa" en 2000, note l’OCDE, qui précise que cette baisse est de "21 points, contre une baisse de 15 points pour la moyenne" des pays du classement. 

La France dégringole, tandis que Singapour, "élève modèle" selon l’OCDE, caracole en tête. Derrière cette réussite, une méthode mise au point en 1982 par son ministère de l’Éducation. Depuis, le niveau en maths des élèves n’a cessé d’augmenter. Cette fameuse "méthode de Singapour", qui promeut une approche à la fois concrète, active et collaborative, serait-elle la recette miracle pour redonner le goût des mathématiques aux élèves français ? Gabriel Attal y croit dur comme fer. Le ministre de l'Éducation a d'ailleurs annoncé que la France allait "adopter progressivement dès la rentrée 2024" ce mode d’enseignement. 

En quoi consiste la "méthode Singapour", concrètement ? Dans une vidéo publiée sur le site du journal Le Monde, la mathématicienne Monica Neagoy la résume en trois grands principes. Premièrement : manipuler des objets en classe, ce qui permet de partir du concret pour développer une pensée abstraite. Deuxièmement : promouvoir la réflexion en laissant l’élève découvrir par lui-même, un peu comme un explorateur. Enfin, troisièmement : valoriser l’erreur, car, comme on dit souvent, c’est en tombant qu’on apprend à marcher. Pour résumer, avant de passer aux chiffres, aux symboles et aux calculs compliqués, toutes les notions sont d'abord présentées à l'élève de manière concrète et visuelle.

Il sera appliqué en classe dès la rentrée 2024

Le ministère de l’Éducation donne quelques pistes sur la manière dont cette méthode va être mise en œuvre dans les classes à la rentrée prochaine, dans son dossier de presse intitulé "Choc des savoirs : une mobilisation générale pour élever le niveau de notre École". "Le Conseil supérieur des programmes veillera dans le programme de mathématiques de l’école élémentaire à anticiper les apprentissages des fractions et des nombres à virgule dès le CE2, voire en assurer une première découverte concrète et imagée dès le CE1", est-il expliqué. "La notion de probabilité sera introduite dès le CE2, avec un travail permettant de renforcer la maîtrise des fractions et des décimaux en contexte tout au long du cours moyen", précise le ministère. 

Par ailleurs, "la manipulation et l’approche concrète et imagée des notions mathématiques avant d’aborder l’abstraction, ainsi que la résolution de problèmes, seront renforcées". De même, "chaque semaine, les élèves seront confrontés à la résolution de problèmes contextualisés. Les professeurs pourront sélectionner ces problèmes au sein d’une banque nationale constituée par des laboratoires de recherche, avec des propositions pour tous les niveaux". Tout un programme qui vise à redonner le goût pour la matière et à redorer sur la scène internationale le blason de la France, pourtant connue pour être une terre de grands mathématiciens.


Matthieu DELACHARLERY

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