Rivalité féminine : pourquoi certaines mères sont jalouses de leurs filles ?

par Emilie CARTIER Pour TF1 INFO
Publié le 26 janvier 2024 à 19h00

Source : Bonjour !

Dans l’inconscient collectif, une mère se réjouit des réussites de sa fille.
Peu exprimée directement, la jalousie maternelle s’avère pourtant inévitable.
Les femmes ont tendance à se comparer, y compris au sein de la famille.

Madonna, Melanie Griffith, Demi Moore… ces stars américaines ont le point commun d’avoir jalousé leurs filles. Envier la chair de sa chair semble contre-nature. Pourtant, ces actrices ne sont pas si différentes des autres mamans. Bien que la question de la rivalité mère/fille soit entourée de beaucoup de déni, elle existe et mérite que l'on s'y intéresse. 

"La jalousie parentale est très fréquente", explique la psychologue et psychothérapeute Hélène Romano, auteur de "Quand la mère est absente" (éditions Odile Jacob, 2021). Pour elle, la société en parle peu, car elle idéalise la maternité. Mais alors, qu’est-ce qui pousse les femmes à ressentir de la jalousie à l’encontre de leurs enfants du même sexe ? 

Est-ce la peur de vieillir qui pousse à la rivalité ?

Physique, niveau d’études, popularité auprès des hommes, finesse d’esprit, argent… autant de motifs qui peuvent entraîner une rivalité entre mères et filles. 

Mais le plus souvent, c’est la peur de vieillir qui crée un sentiment de jalousie chez les mamans. Dans une société qui prône le jeunisme, elles craignent d’être laissées sur le bas-côté. Cela va de pair avec une glorification de la jeunesse. Les mères peuvent envier leurs filles lorsqu’elles cumulent les aventures et vivent une existence animée.  

Dans son étude sur les mères et les filles adolescentes, l’experte Laurence Steinberg a relevé que l’épanouissement de leurs filles peut provoquer chez certaines mères une crise de la quarantaine qui met en évidence leurs propres désillusions. 

Cela peut aussi être caractéristique d’un refus d’accepter le temps qui passe. Les petites filles deviennent adultes et indépendantes. Voir grandir son enfant n’est jamais facile lorsque l’on veut rester jeune. 

Une situation normale dans les familles

Comme le rappelle le psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger, thérapeute de couple et de la famille à Genève, "une mère a parfaitement le droit d’être jalouse de sa fille. Elle peut envier sa jeunesse, sa beauté, ses copains ou, plus fréquemment, le fait que son mari s’intéresse plus à leur enfant qu’à elle"

Dans leur livre intitulé "En finir avec la rivalité féminine" (éditions Les Arènes), la journaliste Élisabeth Cadoche et la psychothérapeute Anne de Montarlet affirment que la rivalité s’avère inévitable en tant qu’émotion humaine.   

Un combat perdu d’avance pour les mères jalouses

Même si c’est difficile pour une mère de voir s’épanouir sous son propre toit une version d’elle-même plus jeune et plus jolie, il faut se faire une raison. Et pour cause, il s’agit d’un combat perdu d’avance. Comme le rappellent Élisabeth Cadoche et Anne de Montarlet, il faut accepter cette dualité. On peut éprouver de la jalousie pour son enfant et en même temps rester dans la bienveillance. Le mieux reste d’en parler plutôt que d’adopter un comportement agressif. 

Exprimée de manière insidieuse (critiques, dépréciations, dénigrements…), une rivalité peut se révéler destructrice pour une jeune fille. En plus de gangrener le quotidien, des relations toxiques peuvent nuire à la construction des adolescentes. 

Même si une mère a le droit d’être mal à l’aise avec les qualités physiques et/ou intellectuelles de sa progéniture, elle doit suivre le conseil du psychiatre et psychothérapeute Christophe André :  "Un bon remède à l’envie, c’est l’admiration"


Emilie CARTIER Pour TF1 INFO

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