Élections européennes : pourquoi Marion Maréchal enchaîne les débats ?

Publié le 8 avril 2024 à 11h54

Source : JT 20h Semaine

En l'espace de quatre jours, Marion Maréchal est à l'affiche de trois débats organisés dans le cadre des élections européennes.
Une médiatisation bienvenue pour la tête de liste Reconquête, à la peine dans les sondages.
L'ex-députée FN adopte la stratégie inverse de son principal adversaire Jordan Bardella, largement en tête des enquêtes d'opinion, qui lui refuse toutes les invitations.

Elle est de tous les débats, accepte tous les face-à-face contre les têtes de liste adverses. Après la première confrontation entre les principaux candidats aux élections européennes le 14 mars dernier, Marion Maréchal a débattu seule face à l'écologiste Marie Toussaint dimanche soir sur BFMTV. Ce lundi 8 avril, la candidate Reconquête remet ça face à la tête de liste Renaissance Valérie Hayer, sur CNews. Une entreprise de médiatisation assumée pour ne pas dégringoler dans les sondages, où le parti est en difficulté, voire grappiller quelques voix chez ses adversaires de droite et d'extrême droite.

Ce lundi matin, Politico raconte comment le débat de ce soir entre les deux femmes s'est monté, très rapidement, quand les deux ont compris qu'elles avaient tout à y gagner. L'idée du parti présidentiel ? Donner de la visibilité à la liste du parti d'Éric Zemmour, en espérant que Marion Maréchal grignote quelques voix au Rassemblement national, aujourd'hui donné largement en tête dans les sondages. Et la nièce de Marine Le Pen a tout intérêt à accepter cette médiatisation, d'autant qu'elle est plutôt à l'aise dans l'exercice. "Ça donne un effet de dynamisme, c’est ce dont on a besoin", confie un cadre du parti à la newsletter, commentant l'enchaînement des débats pour sa candidate, qui sera aussi présente mercredi soir à celui organisé par RFI-France 24 entre toutes les têtes de liste.

Assurer les 5%

La dernière enquête d'opinion publiée à deux mois des élections européennes, samedi par Elabe pour La Tribune Dimanche et BFMTV, confirme les difficultés de Reconquête. Le parti recueille 5,5% d'intentions de vote, derrière Les Républicains (7%), La France insoumise (7,5%), EELV (8,5%), Place publique (12%), Renaissance (17%) et le Rassemblement national (31%).

Pour rappel, aux élections européennes, les sièges sont répartis en fonction du nombre de voix obtenues par chaque liste selon le système de la proportionnelle à la plus forte moyenne, mais le seuil électoral est fixé à 5% des suffrages exprimés. Les listes n’atteignant pas ce score sont exclues de la répartition des sièges. Reconquête doit donc s'assurer de ne pas descendre en dessous de ces 5%.

La stratégie inverse de Jordan Bardella

Cette démultiplication de Marion Maréchal sur les plateaux de télévision montre bien l'impuissance de Reconquête à s'imposer et à se démarquer, notamment du RN, sur le même créneau politique que lui. Ces dernières semaines, des tensions et des divergences sont apparues entre la tête de liste et le chef du parti Eric Zemmour sur la stratégie à mettre en place face à cet adversaire. Quand la première refuse de s'opposer frontalement au parti de Jordan Bardella - "mes adversaires prioritaires sont d’abord la fausse droite, que je considère aujourd’hui incarnée par Les Républicains (…), et la vraie gauche, incarnée à la fois par le socialisme de monsieur Glucksmann et LFI", a dit Marion Maréchal en meeting dans l'Isère - certains y voyant un cadeau fait à son ancien parti. "Marion Maréchal vient du RN. Même plus encore, elle est une fille Le Pen", a d'ailleurs commenté Eric Zemmour récemment. "Donc évidemment elle n'a pas la même liberté que moi par rapport à sa tante, par rapport au parti d'où elle vient."

Jordan Bardella, lui, ne prend même plus la peine de participer aux débats organisés en vue des élections. Le 14 mars dernier, il s'était fait remplacer par l'eurodéputé Thierry Mariani. Pour celui de mercredi, il a également décliné l'invitation, préférant envoyer à sa place l'ancien patron de Frontex Fabrice Leggeri. Il est fidèle à la stratégie de son parti : en dire le moins possible et prendre le moins de risques possible pour conforter sa pole position. 


Justine FAURE

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