L'eurodéputée Marie Toussaint a été désignée cheffe de file des écologistes pour les élections européennes de 2024.À l'issue d'un vote interne des militants, elle a devancé son collègue au Parlement européen David Cormand.Voici 5 choses à savoir sur cette juriste de 36 ans.
La désignation de leur cheffe de file entérine l'existence d'une liste écologiste autonome aux prochaines élections européennes. Alors que La France insoumise souhaite toujours constituer une liste commune avec ses alliés de la Nupes pour le scrutin de juin 2024, Europe Écologie-Les Verts a désigné ce lundi sa tête de liste : il s'agit de l'eurodéputée Marie Toussaint. À 36 ans, cette juriste élue depuis 2019 au Parlement européen a devancé son collègue David Cormand (59,5% des voix sur 4678 votants). "Il nous faut refuser la guerre des gauches", a-t-elle déclaré, affirmant qu'elle n'était "pas candidate pour dilapider le capital de l'unité à coup de petites phrases assassines. On peut diverger sans se déchirer".
"Je mettrai un point d'honneur à ce que les écologistes se battent pour une Europe du vivant, et une Europe de la justice", a prévenu Marie Toussaint, assurant que "la mère des batailles, c'est de réencastrer l'économie dans les limites planétaires". Voici cinq choses à savoir sur celle qui se présente comme une activiste écologiste.
Elle est à l'origine de l'Affaire du siècle
En 2015 avec Valérie Cabanes, elle fonde l'association Notre affaire à tous, qui œuvre à l’instauration d’une justice climatique. Elle est à l'origine de la campagne et pétition en ligne l'Affaire du siècle, avec Oxfam France, Greenpeace France et la Fondation pour la nature et l'homme. Cette campagne de justice climatique a été lancée en décembre 2018 avec pour but de poursuivre en justice l'État pour inaction en matière de lutte contre le réchauffement climatique. La justice a reconnu la faute de l'État en 2021. La pétition associée à cette campagne a été la plus signée en France (2,3 millions de signatures cumulées).
Elle a publié un livre avec une figure du mouvement des Gilets jaunes
En 2020, Marie Toussaint a publié un livre intitulé "Ensemble nous demandons justice, pour en finir avec les violences environnementales", avec Priscillia Ludosky, l'une des cheffes de file du mouvement des Gilets jaunes. Dans cet ouvrage, elles assurent que la protection de la nature n'induit pas une perte d'emploi et ne creuse pas les inégalités, et que les lois de l'économie sont au-dessus des lois de la nature. Elles assurent que l'écologie est une question de justice sociale, les plus pauvres étant les plus touchés par les catastrophes naturelles et la pollution.
Elle se bat pour faire reconnaître l'écocide dans le droit international
À son arrivée au Parlement européen en 2019, la juriste en droit international de l'environnement se bat pour médiatiser le concept d'écocide. Sur son site internet, Marie Toussaint définit les crimes d'écocide comme des "actions qui ont causé un dommage écologique grave en participant au dépassement manifeste et non négligeable des limites planétaires, commises en connaissance des conséquences qui allaient en résulter et qui ne pouvaient être ignorées".
En France, le gouvernement a créé un délit d'écocide pour prévenir et sanctionner les atteintes graves à l'environnement, d'après une proposition de la Convention citoyenne pour le climat. Toutefois, cette dernière avait suggéré de créer un crime d'écocide, et non pas un délit. En mars 2023, le Parlement européen a appelé à allonger la liste des crimes environnementaux et à durcir l'arsenal des sanctions, dans un texte qui sera désormais négocié avec les États membres et pourrait ouvrir la voie à la reconnaissance de l'écocide dans le droit de l'Union européenne.
Elle a toujours été écolo
"Je n’ai pas choisi l’engagement. D’une certaine façon, je suis née avec", écrit Marie Toussaint sur son site internet. "Mes parents, tous deux issus de familles ouvrières, étaient volontaires au sein de l’association de lutte contre la pauvreté ATD Quart Monde. J’ai appris la solidarité avant mes tables de multiplication. Du Nord à la cité des Aubiers à Bordeaux, j’ai grandi entre les barres d’immeubles. Les problèmes sociaux et environnementaux, je ne les ai pas découverts, je les ai toujours eus sous les yeux", poursuit celle qui s'est engagée au sein du parti écologiste en 2005, à ses 18 ans. En 2011, elle était co-secrétaire fédérale des Jeunes écologistes.
Elle défend les lanceurs d'alerte
Constatant que "chaque semaine plus de 3 personnes sont tuées dans le monde parce qu’elles défendent les communs naturels, leurs terres, ou simplement leurs droits face aux industries de l’exploitation minière, forestière ou agroalimentaire", Marie Toussaint a également fait de la défense des lanceurs d'alerte son combat. Aussi, au Parlement européen, elle se bat contre les procédures bâillons, ces actions en justice intentées par de puissants acteurs contre des journalistes, des lanceurs d'alertes ou des activistes pour les faire taire. Elle milite également pour la création d'une "maison des protecteurs de l’environnement" à Bruxelles, où seraient formés et soutenus celles et ceux qui défendent des communs naturels, associations ou institutions.