VIDÉO - "C'est un gouffre" : lutter contre le gel pèse très lourd sur le budget des agriculteurs

par M.G | Reportage : Pauline Lefrançois, Manon Monnier, Pierre Corrieu
Publié le 22 avril 2024 à 15h18

Source : JT 13h Semaine

Depuis plusieurs jours, le mercure a baissé de plusieurs crans dans l'Hexagone.
Les agriculteurs redoublent d'ingéniosité pour faire face au gel, puisqu'il a fait jusqu'à -3°C dans la nuit de dimanche à lundi dans plusieurs départements.
De quoi menacer les futures récoltes à une époque de l'année où les bourgeons sont développés.

Une vague de froid (pour un mois d'avril) s'abat sur l'Hexagone. Des températures négatives sont attendues pendant plusieurs nuits en ce début de semaine. De ce fait, les producteurs sont inquiets pour leur exploitation, cette soudaine baisse du mercure intervenant au moment où les bourgeons sont d'ores et déjà développés. Pour tenter de limiter la casse et éviter les trop lourdes pertes, synonyme de gouffre financier, les agriculteurs tentent différentes méthodes. 

À Bellevigne-les-Châteaux (Maine-et-Loire), Amélie Neau utilise une grande tourelle pour réduire les risques liés au gel. Munie d'une hélice, celle-ci permet de récupérer l'air chaud en hauteur et de le projeter sur ces vignes. "Ça réchauffe de 2 ou 3 degrés. La plupart du temps, c'est suffisant pour repasser au-dessus de 0", explique la viticultrice du domaine Nerleux. Cet appareil, installé en 2017, a un coût : 40.000 euros. Il faut y ajouter le prix du gaz nécessaire pour la faire fonctionner. 

Des dispositifs extrêmement coûteux

En parallèle, l'exploitante a aussi installé des centaines de bougies pour réchauffer ses quatre hectares de vignes. Elle ne les allume qu'en dernier recours, en cas de température glaciale, car cela coûte très cher. "C'est 10€ la bougie, donc ça fait 2000 ou 3000 euros l'hectare pour deux ou trois nuits de protection. Donc c'est un gouffre", souligne-t-elle. 

Quatre-cents kilomètres plus au sud, au Temple-sur-Lot (Lot-et-Garonne), José Perez utilise une autre méthode pour protéger ses vergers : de l'eau aspergée directement sur les bourgeons. L'objectif est de former une couche "sous la glace" pour que "le fruit reste protégé". L'installation a coûté 70.000 euros. Et chaque nuit, le producteur dépense 1000 euros en eau pour faire fonctionner son système antigel. "Tout a un coût malheureusement. Mais si l'agriculture allait bien, qu'on sortait bien et qu'on gagnait bien notre vie, on ferait des installations beaucoup plus conséquentes", affirme l'arboriculteur et président de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne. 

D'autres professionnels souscrivent une assurance pour s'assurer une contrepartie financière en cas de dégradations. Toutefois, le manque de trésorerie pousse neuf arboriculteurs sur dix à ne pas s'assurer. D'autant plus que ces dispositifs coûtent de plus en plus cher. "Le coût augmente et en même temps, ils sont assurés pour moins de volume alors que les incidences climatiques sont de plus en plus forts", note Luc Smessaert, vice-président de la FDSEA. 

Encore plusieurs nuits avec des risques de gel sont prévues, avant un redoux à la fin de semaine. 


M.G | Reportage : Pauline Lefrançois, Manon Monnier, Pierre Corrieu

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