Pollution, mortalité des poissons... Comment sauver la rivière Loue dans le Doubs ?

par L.T. | Reportage TF1 : Irvin Blonz, Grégory Martin
Publié le 13 mai 2023 à 20h57

Source : JT 13h WE

En moins de 40 ans, la rivière Loue a perdu 50 à 80% de ses poissons.
Les taux de nitrites y sont 50 fois trop élevés.
Comment la sauver ?

À chaque sortie de pêche, le même constat : des poissons morts dans l’eau, victimes d’une bactérie sous forme d’une envahissante mousse blanche sur leurs écailles. "C'est un champignon qui a muté et qui est devenu plus résistant et plus nocif pour les poissons", explique Frédéric Faivre, pêcheur sur la rivière Loue (Franche-Comté).

La Loue est une rivière malade. En moins de 40 ans, elle a perdu 50 à 80% de ses poissons. Jean-Michel Blondeau, membre du SAMU de l’environnement, suit régulièrement son état de santé. Ce jour-là, il teste le taux de nitrite dans l’eau. Et le résultat est alarmant : "0,5 milligramme. C’est toxique au-dessus de 0,01. On en a 50 fois trop haut. L'eau est impropre à la vie de tous ses habitants, insectes et poissons", affirme-t-il. 

Les mesures environnementales de la filière comté durcies

Les principaux fautifs sont l’agriculture et les activités humaines. Lorsqu’ils sont rejetés, les engrais liquides et les eaux usées s’infiltrent dans les sols. Ceux de la vallée de la Loue sont composés de calcaire, une terre minérale qui ne filtre rien. Les rejets terminent directement dans la rivière. Mathieu et Elodie produisent du lait pour le comté. Pour limiter leur impact, ils ont fait analyser les sols de leurs champs tout proches de la rivière. 

Sur les zones en rouge de la carte que vous pouvez voir dans le reportage en tête d'article, il n'est plus possible de mettre de l'engrais. "On a beaucoup de zones en pente où on ne peut pas épandre de lisier. Vers le bâtiment aussi, il y a assez peu de terre, donc là, c'est plus compliqué pour faire ses épandages. C'est interdit sur certaines périodes", explique Mathieu. 

La filière comté ne veut plus être montrée du doigt. Elle va donc durcir les mesures environnementales dans son prochain cahier des charges. "On va avoir l'analyse de chaque effluent. On a réduit de 20% les quantités qui peuvent être épandues sur les surfaces. Le producteur qui ne le respecte pas est contrôlé et sanctionné, et cette sanction peut aller jusqu'à l'exclusion de la filière. C'est déjà arrivé", affirme Alain Mathieu, président du comité interprofessionnel de gestion du comté. 

Rénover le réseau d’assainissement

Préserver la Loue, c’est aussi la priorité d’Ornans (Doubs), 6000 habitants. La ville rénove en ce moment une partie de son réseau d’assainissement. "On remet une canalisation en PVC étanche pour éviter qu'elle ait des fuites et que l'eau parte dans la rivière", déclare Christophe Thiebaud, directeur des services techniques de la ville. 

Les travaux coûtent un million d’euros, plus six millions pour rénover la station d’épuration, trop vieille et sous-dimensionnée. "Notre station est de 1982. Cette année-là, il y a beaucoup de choses qui n'existaient pas, les médicaments, les hormones... Tout n'est pas traité par notre station donc il faut qu'on ait une station exemplaire", relate Isabelle Guillame, maire (sans étiquette) d'Ornans. 

Au-delà d’Ornans, tout le territoire doit revoir ses pratiques pour dépolluer la rivière. Bonne nouvelle, si cela se fait rapidement, les poissons seront plus nombreux dans la Loue et en bonne santé. 


L.T. | Reportage TF1 : Irvin Blonz, Grégory Martin

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