"Dommage collatéral" ? La polémique enfle en Israël après la mort d'un civil, pris pour un assaillant lors d'un attentat

par T.G.
Publié le 5 décembre 2023 à 15h46

Source : TF1 Info

Yuval Kestelman, un ancien policier, a été tué jeudi dernier à Jérusalem.
Des réservistes l'ont pris pour le troisième membre d'un commando venant de tuer trois personnes.
Benyamin Nétanyahou a évoqué un "dommage collatéral", alors que les demandes de permis d'armes sont en hausse depuis le 7 octobre.

Agenouillé au milieu de la chaussée, les bras en l'air, criant indistinctement en hébreu. Avant que quatre coups de feu ne retentissent et qu'il s'effondre. C'est ainsi que Yuval Kestelman est mort, jeudi dernier. Il venait pourtant d'aider à mettre fin au massacre qui s'est déroulé à Jérusalem-Ouest.

Cet homme de 37 ans, ancien policier, a en effet été pris pour un assaillant : il a été tué lors de l'intervention de réservistes, qui l'ont pris pour le troisième membre d'un commando venant de tuer trois personnes à un arrêt de bus. Il était en réalité arrivé peu avant avec son arme à feu pour neutraliser les deux assaillants palestiniens, membres de la branche armée du Hamas et originaires de Jérusalem-Est.

"C'est la vie"

Sur les images de vidéosurveillance, on voit Yuval Kestelman tirer, avant de jeter son pistolet à terre et s'enfuir. Des soldats commencent alors à le prendre pour cible. L'un d'entre eux a décrit la scène plus tard à la chaîne israélienne Channel 14. "On a jeté un coup d’œil, protégés derrière l'arrêt de bus" à la recherche des assaillants, a expliqué Aviad Farija. Et "lorsqu'on est passés à découvert, on les a vus tout à coup et on leur a tiré dessus", "jusqu'à ce qu'ils tombent", a-t-il témoigné. La police a confirmé leur identification et celle, "par erreur, (de) Yuval Kestelman, "qui a agi avec bravoure", "comme un troisième assaillant".

Si la classe politique a rapidement salué la mémoire de Yuval Kestelman - le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir saluant les soldats comme des "héros" -, une polémique a rapidement enflé. Notamment quand le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a considéré que ce drame était un "dommage collatéral". "C'est le prix à payer si on veut distribuer des armes en grand nombre", a-t-il rappelé. "C'est la vie".

Les questions se multipliant dans cette affaire qui fait la Une des journaux, la police a annoncé l'ouverture d'une enquête conjointe avec l'armée et les services de sécurité. Les armes des soldats ont été saisies dimanche pour analyse et des informations ont fait état lundi de l'arrestation de l'un d'entre eux. Benny Gantz, l'ancien ministre de la Défense qui a rejoint un gouvernement d'urgence formé lorsque le conflit a éclaté, a réclamé une "enquête complète" sur ce "signal d'alarme", qui nécessite de tirer des leçons afin de "sauver des vies à l'avenir".

"Aujourd'hui c'est Yuval, demain cela peut-être n'importe qui", a réagi sur X (ex-Twitter) Merav Michaeli, la cheffe du parti travailliste, dans l'opposition, dénonçant un pays "inondé d'armes à feu", dont certaines données "sans surveillance ni contrôle". En cause ? Les demandes de permis d'armes à feu émanant de civils, qui explosent depuis le 7 octobre. Plus de 260.000 ont été enregistrées, soit autant qu'au cours des vingt dernières années selon le gouvernement. Il faut que "justice soit faite" et que "la vérité éclate", a d'ailleurs témoigné Shaked, le jeune frère de Yuval Kestelman… un fusil M16 en bandoulière.


T.G.

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