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Ingérence étrangère : la France visée par une campagne "francophobe" orchestrée par la Russie

Publié le 5 avril 2024 à 11h27

Source : JT 20h WE

Le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) a publié une nouvelle analyse ce jeudi.
Cet organe européen constate que la France est devenue une cible privilégiée de Moscou.
Le rapport décrit une campagne "francophobe" orchestrée par un "écosystème" proche du Kremlin.

Les Français ont-ils "touché un point sensible" ? C'est la question que pose le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) de l'Union européenne. Dans une analyse publiée ce jeudi 4 avril, cet organe chargé de la politique étrangère et de sécurité des 27 constate que depuis plusieurs semaines, Paris est dans le viseur de "l'appareil de désinformation pro-Kremlin". Une campagne de désinformation décrite comme "francophobe". 

Une campagne de plus en plus "agressive"

Dernier exemple en date, cette accusation sans fondement venue tout droit de l'entourage de Vladimir Poutine. Ce mercredi, le ministre de l'Intérieur, Sergueï Choïgou, qui fait partie du cercle étroit du président russe depuis son accession au pouvoir, a dit "espérer que les services secrets français ne sont pas derrière" l'attentat qui a éclaté le 22 mars en banlieue de Moscou. Une preuve pour le SEAE que "Paris a touché un point sensible en Russie". Cet organe européen estime en effet que la déclaration d'Emmanuel Macron fin février, selon laquelle l'envoi de troupes en Ukraine ne pouvait pas être exclu, a déclenché "une campagne plus agressive pour saper les autorités françaises".

Dans son analyse, le SEAE note comment, depuis cette date, "les propagandistes du Kremlin lancent des attaques misogynes" contre Brigitte Macron. "Dans une démonstration flagrante de haine à l'égard des femmes (...) les organes de désinformation pro-Kremlin se sont employés à donner de la visibilité et une tribune aux théories conspirationnistes les plus ridicules", explique le rapport. Ainsi, les relais de la propagande russe se sont fait l'écho de cette rumeur infondée selon laquelle l'épouse du président français serait née homme, affirmant même qu'il y aurait une "affaire internationale" à ce sujet. On trouve par exemple plusieurs articles à ce sujet sur la version française de Pravda. Une plateforme qui n'a rien d'anodin, puisqu'elle fait partie du réseau coordonnée Portal Kombat. En février, Viginum, l'organisation française de lutte contre les ingérences numériques étrangères, avait identifié un acteur russe derrière ce réseau. La Première dame a aussi fait l'objet d'une fausse Une. Fin mars, une couverture du magazine hebdomadaire Courrier international, caricaturant le président français et son épouse avec des attributs masculins, est apparue sur les réseaux sociaux russes. Une infox vue des dizaines de milliers de fois et qui porte la marque de la campagne Doppelgänger, qui consiste à plagier des médias occidentaux pour relayer la propagande russe. 

REPORTAGE - Ingérence russe : comment Paris a démasqué un réseau de propagande russeSource : JT 20h Semaine

Au-delà de la seule première dame, c'est la France dans son ensemble qui est visée. À travers les publications analysées par le SEAE, le pays apparaît comme impérialiste, va-t-en-guerre, russophobe et même "nazi". Et les infox se multiplient. Depuis la prise de parole d'Emmanuel Macron, des vidéos détournées par les relais de la propagande russe laissent croire que la France est en train de mobiliser des troupes. Des figures de la propagande russe affirment quant à elle détenir les preuves d'une présence de l'armée française en Ukraine. Des rumeurs infondées, démenties aussi bien par l'état-major que par le quai d'Orsay. Enfin, la semaine dernière, de fausses annonces sont apparues en ligne pour faire croire que Paris recruterait massivement des soldats en ligne. 

Une opération de déstabilisation qui porte toutes les marques d'une manœuvre russe ou pro-russe, tant au niveau du narratif que de la méthode. Quant à l'accusation d'un pays "nazi" ou "russophobe", les propagandistes sur les plateaux des médias proches du Kremlin s'appuient systématiquement sur le fait que les athlètes russes, contraints d'évoluer sous bannière neutre, ne participeront pas à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris.

Cette campagne de désinformation "francophobe", derrière laquelle le SEAE voit la marque de "l'écosystème pro-Kremlin", est donc un énième exemple de la manière dont Moscou utilise la désinformation "au service de son agenda politique". Les rumeurs absurdes et les accusations infondées sont diffusés par cet "écosystème" pour s'attaquer "à la fois à la cohésion sociétale interne de la France et à la confiance de la population envers ses dirigeants, mais aussi aux intérêts français à l'étranger et à ses alliances", conclut l'analyse de l'organisme européen.

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Felicia SIDERIS

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