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La France a-t-elle laissé "un groupe étranger racheter un fleuron français de l'industrie de Défense" en pleine guerre en Ukraine ?

Publié le 17 janvier 2024 à 19h17

Source : JT 20h Semaine

Florian Philippot accuse le gouvernement français d'avoir vendu un fleuron de l'industrie de la Défense à un groupe étranger.
Le fondateur des Patriotes assure que le fournisseur Arquus appartiendra désormais à une entreprise belge alliée à Volvo.
Cette entreprise spécialisée dans les véhicules militaires appartient au groupe suédois depuis 2018.

Pour ce "patriote" revendiqué, la décision prend des allures de haute "trahison". Dans une publication mise en ligne mardi 16 janvier, Florian Philippot a accusé Emmanuel Macron, Gabriel Attal et Bruno Le Maire d'avoir "laissé un groupe étranger racheter un fleuron français de l'industrie de Défense". Selon les précisions de l'ancien eurodéputé, une entreprise belge alliée à un constructeur suédois aurait mis la main sur Arquus, "qui fabrique des blindés reconnus dans le monde entier". Un choix stratégique gravissime aux yeux de cet eurosceptique. Mais l'exécutif a-t-il réellement "bradé un savoir-faire français au nom de l'Europe" ?

Florian Philippot affirme à tort que le gouvernement français a vendu un fleuron de l'industrie de la Défense à un groupe étranger, le 15 janvier 2024
Florian Philippot affirme à tort que le gouvernement français a vendu un fleuron de l'industrie de la Défense à un groupe étranger, le 15 janvier 2024 - Capture d'écran / X

Ce 15 janvier, on apprenait effectivement qu'Arquus pourrait être rachetée par l'entreprise John Cockerill. Cette dernière est bien une entreprise belge, spécialisée en ingénierie et en maintenance. Basée à Seraing, en Wallonie francophone, elle est notamment active dans l'armement. Raison pour laquelle, depuis 2017, le groupe tente de s'offrir Arquus, qui produit par exemple le châssis des célèbres canons Caesar. Une transaction estimée à environ 300 millions d'euros, qui devrait être finalisée au troisième trimestre 2024, à en croire le communiqué de l'entreprise. Une manière pour John Cockerill de se transformer en "champion européen de la défense". Au détriment de l'industrie française ? Pas du tout.

Une entreprise détenue par Volvo depuis 2002

Contrairement à ce que laisse entendre Florian Philippot, cela fait bien longtemps que le propriétaire du constructeur de véhicules blindés légers n'est plus français. Si, au moment de sa création en 1966, l'entreprise était bien une branche du groupe Renault, baptisée Renault Trucks Defense, elle est tombée dans les mains du groupe suédois Volvo dès 2001. Soit, il y a plus de 20 ans. Ce qui ne signifie pas que la production s'exporte, bien au contraire. En décembre 2016, plus de 3700 véhicules légers avaient été commandés à la filiale française, dont le siège se trouve à Versailles. En 2019, ce sont pas moins de 1200 produits qui sortaient des quatre sites de production à travers l'Hexagone.

En réalité, cette vente à un groupe belge rapprocherait plus l'industriel de l'Hexagone qu'il ne l'en éloigne. John Cockerill est en effet détenu depuis 2002 par Bernard Serin, un Français attaché à l'industrie depuis le début de sa carrière. Avec cet achat, le groupe compte donc renforcer son soutien à l'approvisionnement en blindés pour la France. Dans un communiqué, le PDG promet des véhicules "plus innovants et plus compétitifs pour équiper les forces terrestres dans le monde entier, à commencer par la France, la Belgique et d'autres pays partenaires".

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Felicia SIDERIS

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