Contrôleurs aériens, cheminots... quelles autres professions comptent utiliser les JO comme levier de pression ?

par Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Valentin Dépret, Alicia Bert, Antoine Janon
Publié le 25 avril 2024 à 17h04

Source : JT 20h Semaine

À trois mois des Jeux olympiques de Paris, le gouvernement semble prêt à tout, quoi qu'il en coûte, pour éviter un blocage du pays.
Les contrôleurs aériens et les syndicats de la SNCF viennent d'obtenir gain de cause après un bras de fer.
Les organisations de plusieurs autres secteurs ont déposé des préavis de grève.

Emmanuel Macron a appelé, lundi 15 avril, à une "trêve olympique en matière sociale", disant toute sa "confiance dans les syndicats" et leur "esprit de responsabilité", parce que "la France, c’est une équipe, une nation unie" qui sera "au rendez-vous de cette exemplarité". Voilà pour la théorie. En pratique, en ce mois d’avril, à trois mois de l’échéance olympique estivale, les contrôleurs aériens ont levé in extremis leur préavis de grève après avoir trouvé un accord avec la puissance publique portant sur leur rémunération, tandis que les syndicats de la SNCF ont, eux, obtenu une quasi-annulation de la réforme des retraites. D’autres professions espèrent, elles aussi, utiliser les JO de Paris comme levier de pression pour faire plier les autorités.

Le 10 avril, la CGT a déposé des préavis de grève dans les trois branches de la fonction publique (État, territoriale, hospitalière) pour la période du 15 avril au 15 septembre, incluant donc les Jeux olympiques (26 juillet-11 août) et paralympiques (28 août-8 septembre). Dans le reportage du JT de TF1 à voir en tête de cet article, Arnaud Marcinkiewicz, de la CGT Cheminots Montparnasse, argue que "l’objectif n’a jamais été de mettre la pagaille ou d’embêter les gens, mais d’organiser l’ensemble des travailleuses et des travailleurs pour gagner des avancées sociales". La centrale réclame, à travers un "socle commun de compensations pour l’ensemble des fonctionnaires", des recrutements pérennes, des primes et des droits aux congés.

Les négociations ont débuté depuis plusieurs mois, secteur par secteur. Une prime, jusqu'à 1.900 euros, a ainsi été annoncée le 30 janvier par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin concernant les policiers et gendarmes travaillant en Île-de-France, afin de désamorcer tout risque de conflit. Mais comme la police municipale n’est pas concernée par ce dispositif, elle a laissé entendre début mars, par la voix du SNSP, que "des actions" seraient menées "pendant le passage de la flamme" ou les JO "si les choses n'évoluent pas d'ici là". Même son de cloche du côté des éboueurs et des autres agents de la filière "déchets", qui menacent de laisser s’accumuler les ordures dans la capitale cet été "si les négociations sur les primes n'aboutissent pas".

À la RATP, le préavis de la CGT, premier syndicat du transporteur public parisien, a été déposé dès le 5 février, et court aussi jusqu’au 8 septembre. Si un accord a été trouvé s’agissant des bus, via des primes de 15 à 25 euros par jour travaillé durant la compétition et des possibles bonus de 100 ou 200 euros supplémentaires (selon les lignes et les implications), les conducteurs de métro demeurent dans l’attente de revalorisations salariales pérennes dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO). À ce titre, la CGT-RATP ne s’en cache pas, les JO, pendant lesquels le service de transports aura une importance conséquente, constituent "un moyen de pression" à même d'inciter "la direction à revoir sa copie".

Autre secteur en tension : l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP). Pour l’heure, il est prévu que les soignants reçoivent une prime de 800 à 1.200 euros par semaine de congé non posée, et les médecins une prime de 2.500 euros. "Insuffisant" et "discriminatoire", répondent la CGT, FO, Unsa et la CFTC qui, en intersyndicale, exigent "2.000 euros pour tous dans tous les services" et le respect des "trois semaines minimum" de congés estivaux. La menace d'interruption du travail continue donc de planer, le président de l'Association des médecins urgentistes de France, Patrick Pelloux, appelant, en outre, à une "grève du zèle" dans les structures d’urgence cet été et, en attendant, à ne pas rendre les plannings pour cette période.

Il y a aussi les douanes, en passe d’obtenir une prime pouvant grimper jusqu’à 1.900 euros brut pour les agents mobilisés durant la compétition, sans que l’on sache si cela suffira à convaincre la CGT de lever son préavis, l’organisation déplorant, dans un communiqué publié fin février, "le flou orchestré autour des congés, des missions, des mesures d'accompagnement, du manque d'effectifs dans certaines unités"...  Ou encore les pompiers, dont le syndicat Sud-Solidaires a déposé un préavis sur toute la période des Jeux. Il est enfin à noter que le secteur privé n’est pas en reste. La colère syndicale gronde en effet dans l’hôtellerie-restauration, les commerces et les sites touristiques comme la Tour Eiffel, déjà en proie à un récent bras de fer social. Sa fermeture lors des JO "est une option qui reste sur la table", prévenait, fin mars, Stéphane Dieu, délégué CGT du site, 


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Valentin Dépret, Alicia Bert, Antoine Janon

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