Haut-Rhin : comment un "vrai petit chimiste" de 14 ans s’est retrouvé dans le viseur des enquêteurs antiterroristes ?

par A.S avec le service Police-Justice de LCI-TF1
Publié le 7 avril 2023 à 19h28, mis à jour le 7 avril 2023 à 21h32

Source : JT 20h WE

Mardi, les enquêteurs de la DGSI ont interpellé un adolescent âgé de 14 ans à Rosenau (Haut-Rhin).
Placé en garde à vue, il a été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste".
LCI-TF1 revient sur le profil du suspect.

L'événement a fait beaucoup de bruit dans cette commune française d'un peu plus de 2300 habitants, au nord-ouest de Bâle. Mardi 4 avril, les enquêteurs de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont interpellé un jeune garçon de 14 ans au domicile familial de Rosenau (Haut-Rhin). Soupçonné de vouloir commettre une "action violente", l'adolescent a été mis en examen à l'issue de sa garde à vue jeudi pour "association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d’atteintes aux personnes et infraction à la législation sur les explosifs en relation avec une entreprise terroriste". Il a été placé sous contrôle judiciaire conformément aux réquisitions du parquet. TF1info revient sur le profil de ce jeune garçon, qualifié de "vrai petit chimiste", par l'un de ses avocats.  

Quatre enfants et une famille sans histoire

Interrogé par l'AFP après cette interpellation, le maire de Rosenau, Thierry Litzler, ne se doutait de rien et assure avoir appris la nouvelle mardi dans les médias locaux. "On est surpris", a-t-il réagi avant de décrire une famille "sans histoire" de "quatre enfants" issus d'une précédente union de la mère et dont "au moins trois sont mineurs". Elle ne "faisait pas parler d'elle, il n'y avait rien de particulier", a encore indiqué l'élu. La mère, "catholique", avait épousé en décembre 2021 un homme d'origine kosovare, a-t-il ajouté. Il n'y a eu "aucune information ou aucun élément qui soit remonté jusqu'à nous et aurait nécessité un signalement", a insisté l'élu. 

Produits explosifs et vidéos de propagande

Au cours des perquisitions menées au domicile du suspect, rue du Soleil à Rosenau, et après avoir fouillé ses différents appareils électroniques, les enquêteurs ont constaté que ce mineur était "détenteur de nombreux produits explosifs ou substances pouvant entrer dans la composition d’engins explosifs", a fait savoir le parquet national antiterroriste (PNAT) jeudi. "De surcroît, il avait téléchargé plusieurs vidéos de propagande de l’État islamique et était en lien avec des sympathisants de cette organisation terroriste" a-t-il ajouté. 

"Petits pétards" et "contacts avec la Syrie"

Me Pierre Lumbroso, l'un des avocats du suspect, assure que ce dernier est "un jeune homme passionné d'explosifs depuis son plus jeune âge". Sa maman et lui vont régulièrement au supermarché acheter du salpêtre et du bicarbonate, et ont fait de la cuisine un véritable petit laboratoire. "Lui ne cherchait que des formules chimiques pour continuer de faire ce qu'il a toujours fait dans cette pièce de la maison : des préparations qu'il faisait exploser dans le champ du grand-père à quelques kilomètres. Cela s'arrête là", a assuré Me Lumbroso.

 Il "s'est laissé embarquer" à la suite "de mauvais conseils sur la toile à communiquer avec une personne sans doute très peu recommandable". Ce mauvais conseil viendrait d'un camarade d’école qui lui aurait conseillé "d'aller sur le darknet et les sites djihadistes" qui "ont des formules pour faire des gros trucs, comme de feux d'artifice". Selon Me Lumbroso, l'adolescent aurait écouté cet élève, et serait alors tombé sur des vidéos de Daesh. Il serait ensuite entré en contact avec un combattant sur place en Syrie.

"C’est très récent, ils conversent depuis le 31 mars, quelques échanges seulement sont en cours d’analyse", a indiqué l'avocat qui réfute "toute intention de commettre un attentat ou quoi que ce soit dans le genre" de la part de son client. "Le PNAT a commencé à paniquer et ils l’ont stoppé et ont bien fait", a conclu l'avocat du mineur, précisant que son client, après sa mise en examen, avait été placé dans une structure de prise en charge pour les mineurs.

Selon nos informations, l'adolescent a indiqué aux enquêteurs n'avoir jamais parlé d'attentat à qui que ce soit, mais a reconnu qu'il voulait faire le djihad. Concernant les expériences chez son grand-père, il a affirmé qu'il les réalisait pour jouer et que ses déclarations à ses anciens camarades de classe, à qui il a dit qu’il voulait faire exploser le lycée, n'étaient que "de l’humour".


A.S avec le service Police-Justice de LCI-TF1

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