REPORTAGE - Trafic de drogue : quand les habitants dissuadent eux-mêmes les dealers

par La rédaction de TF1info | Reportage : Jeanne Quancard, Lucas Lassalle
Publié le 16 mars 2024 à 12h33

Source : JT 20h WE

Que faire quand les trafiquants de drogue empoisonnent des quartiers entiers ?
Dans certaines villes, ce sont les habitants eux-mêmes qui décident de s'interposer.
Le 20H de TF1 a suivi ceux du quartier du Tonkin à Villeurbanne (Rhône).

C'est leur rendez-vous quotidien. Tristan et d'autres habitants de ce quartier de Villeurbanne (Rhône) se retrouvent en bas de leur immeuble. Ensemble, ils se sont donnés une mission : celle de dissuader les trafiquants de drogue d'opérer dans le secteur. Et pour cela leur parler, inlassablement, sans recourir à la violence. Ce jour-là, devant la caméra de TF1, Tristan repère un dealer sur le point de s'installer. Aussitôt, il lui demande de quitter les lieux. "Je lui ai demandé de partir ailleurs", explique Tristan dans le reportage du 20H ci-dessus, "je lui ai parlé gentiment, il y en a de toutes sortes, mais lui est plutôt gentil et sympathique".

C'est épuisant, mais c'est efficace
Tristan, habitant du quartier du Tonkin

Mais parfois, il faut hausser le ton. Lors de ses rondes, dans le quartier du Tonkin, ce charpentier et père de famille se filme régulièrement. Les vidéos qu'ils nous montrent témoignent de moments plus tendus pour convaincre les dealers de s'éloigner. Pour Tristan et les autres riverains, la police fait son maximum, mais ne peut pas être présente 24 heures sur 24. Ils ont donc monté un collectif pour lutter contre le trafic, tous les jours. "C'est épuisant, mais c'est efficace", nous explique-t-il. Si les habitants persistent à revenir, ils sont aussitôt repérés et chassés à nouveau. Surtout, ils ne sont plus installés en point fixe comme ils l'étaient auparavant. 

Le problème est déplacé plus loin

Depuis sa fenêtre aussi, Sylvie, une autre habitante, scrute les clients à la recherche de produits stupéfiants. Elle en veut particulièrement aux consommateurs qui viennent se fournir ici, générant un trafic au milieu des squares et près des écoles. Mais comme les autres riverains, elle sait qu'à leur échelle, ils ne font que déplacer le problème géographiquement, un peu plus loin. 

À une centaine de mètres de là, en effet, les dealers sont partout, même devant une école primaire. Un spot qu'ils occupent dès que la sonnerie retentit. Ici, ni les habitants, ni les enseignants n'osent rien dire, et les trafiquants le savent. 

À Besançon (Doubs), ce sont trois propriétaires qui essaient de dissuader les dealers de s'installer dans leur entrée d'immeuble. Ils s'installent à leur place, et découragent un à un les consommateurs de drogue qui se présentent. Les appartements qu'ils possèdent sont devenus invendables à cause du trafic, qui a abaissé leurs prix à des montants dérisoires. 

La police regrette que les habitants soient obligés d'en arriver à surveiller eux-mêmes leurs immeubles. "Moi-même, je suis choqué de cela", concède le commissaire divisionnaire Yves Cellier, "c'est évidemment une impossibilité que l'on a nous sur le temps long, de mettre de midi à minuit un équipage de police en point fixe à cet endroit-là". Pour endiguer définitivement le phénomène, les forces de l'ordre admettent que ni la mobilisation des habitants, ni la présence policière, ne suffiront. En attendant, ils restent vigilants à ce que les interactions entre habitants en colère et dealers ne dégénèrent pas.


La rédaction de TF1info | Reportage : Jeanne Quancard, Lucas Lassalle

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