VIDÉO - Trafic de drogue : des vigiles embauchés pour chasser les dealers des halls d'immeuble

par Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Ignacio Bornacin, Frédéric Petit, Romain Reverdy
Publié le 1 février 2024 à 12h03

Source : JT 20h Semaine

Plus de dix millions de personnes vivent aujourd'hui dans des logements sociaux.
Pour faire face à la multiplication des points de deal, plusieurs bailleurs font désormais appel à des sociétés de sécurité privée.
Reportage de TF1 à Toulouse, dans le quartier du Mirail.

Ils ne sont pas policiers, ni gendarmes, mais ils s’entraînent comme des CRS et collaborent étroitement avec les forces de l’ordre. Les agents du GITeS (Groupement interquartiers de tranquillité et de sûreté) sont des salariés du privé, spécialisés pour intervenir dans les cités les plus dangereuses de France. S’ils ne portent pas d’armes à feu, ils sont autorisés à interpeller en cas d’agression, à user d'une matraque et de bombes lacrymogènes, voire à passer les menottes. De plus en plus de bailleurs sociaux sollicitent ces entreprises pour sécuriser leurs halls d’immeuble et rassurer les locataires. 

Exemple concret dans le quartier du Mirail, à Toulouse (Haute-Garonne), où le trafic de drogue se fait à toute heure. L'objectif des agents : libérer les halls d'immeubles squattés par les dealers. "On leur dit de ramasser les déchets, ils le font et ils s’en vont", explique un agent à TF1. Bien que la présence du GITeS soit seulement dissuasive, plusieurs points de deal ont fini par disparaître. Au pied d'un immeuble, une association d'aide aux enfants a ainsi pu s'installer après le départ des trafiquants. "On a dû déménager la structure parce que je me suis fait agresser", témoigne sa dirigeante.

"Ce sont des dames de ménage !"

C’est à la nuit tombée que le travail des agents s’intensifie. "Calme-toi ! Avance ! Ça ne sert à rien de partir comme des fous. Quand on arrive, il faut que ce soit propre", enjoint l’un d’eux tandis qu’ils démantèlent, devant nos caméras, un nouveau point de deal, en allant jusqu’à suivre les guetteurs partis se cacher à l’étage. En quelques minutes, les dealers ramassent leurs petits sachets de drogue, tournent les talons… Puis vont s’installer dans la rue d’en face. Les agents ne les pourchassent plus. 

"Ce sont des dames de ménage ! Il y a tout ici, shit, herbe, coke, 24 heures sur 24, ça ne ferme jamais", fanfaronne, sous couvert d’anonymat, l’un des dealers venant de débarrasser le plancher, conscient que le GITeS n’a pas le droit de les fouiller, ni les arrêter, contrairement à la police. "Nous, on travaille sur la sécurité privée, pas la voie publique. Donc à partir du moment où certains bailleurs sociaux ne font pas appel à nos services, il y aura des trous dans la raquette. Notre mission est accomplie si l’immeuble qu’on nous a confié est plus calme qu’avant. Malheureusement, si un point de deal se déplace ailleurs, même à proximité, ce n’est plus notre métier", synthétise Rémi Vincent, directeur général du GITeS.

Si le sentiment de sécurité revient, de l'aveu même des habitants, dans les résidences où officie la société de sécurité privée, le trafic de drogue n’a donc pas été endigué pour autant dans le quartier du Mirail. Il ne fait que se déplacer. Un moindre mal pour les bailleurs sociaux faisant appel à ces agents. "On avait de lourdes dépenses pour les dégradations. À l’époque, ça nous coûtait entre 15.000 et 20.000 euros par an pour refaire la peinture, réparer les portes ou les interphones", détaille Jean-Pierre Fourcade, bailleur de la résidence HLM "La Cité Jardins" à Blagnac (Haute-Garonne). 

Une somme désormais entièrement dévolue aux agents de sécurité, sans charges supplémentaires pour les locataires. "Règlementairement, on leur doit la jouissance paisible, rappelle M. Fourcade. On n’y arrivait pas, avant de trouver cette solution. Donc on ne va pas leur facturer quelque chose qu’on leur doit." Dans l’agglomération toulousaine, le GITeS veille sur une quarantaine de résidences, pour un coût global 2,5 millions d’euros par an. Le modèle, en forte expansion, se développe dans d'autres cité de France, à Marseille, Nantes, Nice ou Montpellier.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Ignacio Bornacin, Frédéric Petit, Romain Reverdy

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