VIDÉO - "Opération place nette" : comment les policiers tentent de démanteler totalement les points de deal

par T.A. | Reportage TF1 : Maurine BAJAC, Quentin DANJOU et Corinne CHEVRETON
Publié le 27 janvier 2024 à 8h00, mis à jour le 20 mars 2024 à 17h43

Source : JT 20h WE

Depuis quelques mois, les "opérations place nette" servent à sécuriser des quartiers touchés par le trafic de drogue.
Dans les villes concernées, les effets de ces interventions sont plus ou moins perceptibles.
Une équipe du 20H de TF1 s'est rendue à Marseille et à Villeurbanne dans deux cités où ont été testées ces mesures.

Cela fait trois jours que ces policiers parcourent ces barres d'immeuble du 15ᵉ arrondissement de Marseille (Bouches-du-Rhône), fouillent chaque recoin, à la recherche de stupéfiants et surtout, de ceux qui les vendent. Ils traquent la moindre cachette des dealers. Le quartier, au nord de la ville phocéenne, est l'un des plus importants points de trafic en France. Ici, au sein de la cité Campagne Lévêque, deux points de deal génèrent des milliers d'euros chaque jour. Mais pendant cette "opération place nette" menée par la police, 150 agents occupent alors les lieux jour et nuit. 

"Quand les policiers sont là, c'est calme. Quand ils sont repartis, ça recommence"

"Pour nous, l'intérêt, c'est l'efficacité sur la durée, explique Sarah Tournemire, commissaire divisionnaire. Pour les habitants, jour et nuit, le point de deal n'arrive pas à se réinstaller." Les camions de CRS gardent l'entrée de la cité. Les policiers contrôlent chaque voiture. Les premiers verbalisés sont finalement les consommateurs. Un conducteur, testé positif aux stupéfiants, est emmené sous notre caméra au commissariat. Bilan de l'intervention : huit kilos de cannabis saisis et plusieurs véhicules abandonnés récupérés par les forces de l'ordre. Ceux-ci sont parfois utilisés comme des barricades contre des actions de la police dans la cité.

Une seule habitante a accepté de témoigner au sujet de cette "opération place nette", dont le format a lieu un peu partout en France depuis le mois de novembre. Sous couvert d'anonymat, elle se dit rassurée par la présence des policiers, mais résignée. "Quand ils sont là, c'est calme. Quand ils ne sont pas là, ça recommence, assure-t-elle dans le reportage du 20H visible en tête de cet article. Il faut qu'ils restent nuit et jour pour casser le réseau. Même mes enfants, je ne veux pas qu'ils viennent ici, car j'ai peur. Donc, je suis seule à cause de ça..." Au bout de trois jours d'opération, les policiers ont quitté la cité : leur intervention est terminée.

62 "opérations place nette" en France depuis six mois

Ces mesures sont-elles efficaces sur la durée ? 62 "opérations place nette" ont eu lieu partout en France depuis six mois. En novembre dernier, à Villeurbanne (Rhône), 70 interpellations avaient eu lieu à cette occasion dans le quartier du Tonkin. Quelques mois plus tard, une équipe du 20H de TF1 s'est de nouveau rendue sur place. Résultat : le point de deal est toujours là. "On fait 5000 euros minimum chaque jour, confesse un dealer, de manière anonyme. Si les policiers sont là, on se redéplace à 300 mètres, c'est une bataille. Aussitôt qu'ils sont partis, ça reprend. Après, il y a les bons joueurs, ceux qui ne se font pas attraper."

Si cela fait sourire les trafiquants, certains habitants assurent que le trafic a tout de même ralenti, au moins durant un temps. Les consommateurs, eux, sont plus méfiants. "Ils occupent moins l'espace, ils sont plus discrets, estime une retraitée interrogée devant notre caméra. Bien sûr qu'il y a eu un effet bénéfique, il ne faut pas relâcher la pression." Personne ne voit de solutions durables contre la drogue dans ces quartiers, pas même les élus. "Le maire nous a dit qu'à part déplacer le problème, il était impossible de le résoudre", témoigne une autre habitante.

À Villeurbanne, les policiers sont toujours là, mais moins nombreux : impossible de laisser les forces de l'ordre mobilisées sur un seul quartier toute l'année. Lors de la conférence de presse organisée le 16 janvier après le dernier remaniement gouvernemental, le président Emmanuel Macron avait dit vouloir dix "opérations place nette" par semaine. Il avait lors précisé que ce problème ne touche "pas simplement les grandes villes", mais également les "villes moyennes qui le connaissaient moins" et "parfois même les villages".


T.A. | Reportage TF1 : Maurine BAJAC, Quentin DANJOU et Corinne CHEVRETON

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