EXCLUSIF - "Jamais je n'aurais imaginé qu'on menace ma famille de mort" : le témoignage poignant du maire de L'Haÿ-les-Roses

Publié le 2 juillet 2023 à 21h45, mis à jour le 3 juillet 2023 à 7h08

Source : TF1 Info

C'est le choc au lendemain de la violente attaque à la voiture-bélier contre le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses, une commune de la banlieue sud de Paris.
Vincent Jeanbrun était alors dans sa mairie, mais en prenant la fuite avec ses deux enfants, âgés de cinq et sept ans, son épouse s'est blessée.
L'édile est venu témoigner de sa colère et sa tristesse dans le 20H de TF1.

La violente attaque à la voiture-bélier qui a visé le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) samedi soir a provoqué une indignation unanime en France. Invité ce dimanche dans le 20H de TF1, l'édile est encore sous le choc. "On est très fatigué, on est exténué, on est triste, on est en colère. On a peur et en même temps, on tient debout", lâche Vincent Jeanbrun (voir la vidéo en tête de cet article). 

Visiblement ému, ses premières pensées vont à sa femme qui, en prenant la fuite avec ses deux enfants, âgés de cinq et sept ans, s'est fracturée le tibia. "Avant de venir, on m'a annoncé que son opération s'est bien passée. Elle ne devrait pas tarder à se réveiller donc on prend chaque petite victoire, chaque petit bonheur comme ils viennent", assure-t-il. Et de poursuivre : "Hier soir, ma femme et mes enfants ont été extrêmement choqués. Ma femme a payé de sa personne pour sauver nos enfants et elle a fait en ça un acte de bravoure extraordinaire."

"Une tentative d'assassinat"

Les faits se sont déroulés vers 1h30 du matin, lorsqu'une voiture-bélier garnie de produits incendiaires a pénétré dans l'enceinte du domicile du premier magistrat de L'Haÿ-les-Roses, qui se trouvait alors dans sa mairie. Le portail d'entrée et la voiture de la famille ont été brûlés, a détaillé le procureur de la République de Créteil Stéphane Hardouin, en dénonçant des faits d'une "extrême gravité". Le magistrat a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "tentative d'assassinat", confiée à la police judiciaire. 

Vincent Jeanbrun ne comprend pas comment on a pu en arriver là. "C'est mon deuxième mandat, j'ai été élu maire à 29 ans dans la ville qui m'a vu grandir, jamais je n'aurais imaginé mettre en danger ma femme et mes enfants parce que j'étais engagé au service des habitants", explique-t-il, ajoutant : "On est maire, on n'est pas parfait. On fait des choses qui vont dans le bon sens, d'autres qui sont moins comprises, on ne demande pas à faire l'unanimité, mais jamais j'aurais imaginé qu'on menace ma famille de mort et qu'on ait une tentative d'assassinat dans cette si belle commune".

Il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils voulaient brûler la maison.
Vincent Jeanbrun, maire de L'Haÿ-les-Roses sur TF1

D'autant que le maire de L'Haÿ-les-Roses est persuadé qu'on voulait attenter à sa vie. "Le véhicule était clairement dirigé pour venir percuter la façade de la maison et la véranda. Il a été bloqué dans des escaliers en pierre qui sont assez larges, ce qui fait qu'ils n'ont pas pu avancer. Et en sortant, après avoir mis le feu à la voiture avec un accélérateur, ils ont pris les containers de poubelle et ont fait une espèce de chemin pour que les flammes puissent atteindre la véranda. Ils ont aussi déplacé des arbustes pour y mettre le feu", détaille-t-il dans le 20H de TF1. 

"Il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils voulaient brûler la maison", estime Vincent Jeanbrun. "Et à partir du moment où ils ont compris qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur, parce que des lumières se sont allumées, loin d'arrêter, au contraire, ils ont déclenché une salve de tirs de mortiers", précise-t-il.

Un constat amer alors qu'il occupe la fonction de maire depuis 10 ans. "Ce qui est terrible, c'est qu'on parle d'une poignée d'individus, peut-être quatre ou huit pour mon domicile, une trentaine la veille, sur une ville de 33.000 habitants. Avant, il y avait un vrai vivre ensemble, ça a totalement disparu entre voisins, entre communautés, entre quartiers, mais ça a même disparu au sein du noyau familial. Il va falloir vraiment qu'on se donne des moyens d'avoir un sursaut républicain et de remettre debout la République", souligne-t-il.

En attendant, les besoins sont criants, notamment dans ces moments de crise, et Vincent Jeanbrun a pu le redire à Élisabeth Borne, en déplacement à L'Haÿ-les-Roses ce dimanche matin. "On a besoin de police municipale mieux formée, mieux équipée, il y a des lenteurs qui sont scandaleuses. Quand il y a des émeutes comme ça, on aurait des drones avec des caméras thermiques, ça changerait tout. On aurait un avantage tactique énorme", avance-t-il. 

Mais pour l'édile, ce n'est pas le seul problème. "Au-delà de ça, dans ces quartiers, il n'y a plus de services publics, plus de commerces, plus de mixité. Il faut que l'argent soit mieux utilisée (...) On a tous un morceau de République en soi. Chaque citoyen a sa responsabilité et peut faire un petit quelque chose. Et si chacun prend sa part, alors la République se renforce", conclut-il. 


Virginie FAUROUX

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