Emmanuel Macron appelle les préfets à écouter "les problématiques" des agriculteurs en colère

par M.L (avec AFP)
Publié le 20 janvier 2024 à 8h38, mis à jour le 20 janvier 2024 à 14h43

Source : TF1 Info

Face à la grogne des agriculteurs, le chef de l'État a demandé aux préfets de venir à leur rencontre.
Le ministre de l'Agriculture doit d'ailleurs échanger avec des syndicats à l'occasion d'un déplacement dans le Cher ce samedi.
L'objectif : éviter les tensions qui ont déjà éclaté chez des voisins européens, comme l'Allemagne.

L'Élysée de plus en plus préoccupé. Le président Emmanuel Macron a demandé aux préfets d'être à l'écoute des agriculteurs, qui expriment un mécontentement croissant en France comme dans d'autres pays européens, l'Allemagne en particulier, a fait savoir vendredi son entourage. "Le président de la République a demandé au ministre de l'Intérieur (Gérald Darmanin, NDLR) de donner instruction aux préfets d'aller dès ce week-end à la rencontre des agriculteurs et de leurs organisations représentatives", a indiqué la présidence.

"Il souhaite qu'ils échangent directement sur les problématiques qu'ils expriment, au plus près du terrain, comme le ministre de l’Agriculture", Marc Fesneau, "le fera demain", ce samedi, a-t-elle ajouté. Selon le cabinet du ministre, ce dernier se rendra en effet dans le Cher cet après-midi, "à la rencontre d'agriculteurs pour évoquer leurs problématiques". D'après nos informations, il s'entretiendra avec des représentants syndicaux de la profession.

Des axes routiers déjà bloqués

L'exécutif est inquiet face à la grogne d'agriculteurs qui ont organisé de nombreuses manifestations ces derniers jours chez nos voisins européens. Après les Pays-Bas, c'est en Allemagne que leur colère se fait entendre, avec une mobilisation massive contre un projet d'augmentation des taxes sur le gazole agricole, à coups de blocages de routes et défilés de tracteurs.

En France aussi, des actions ponctuelles s'organisent. Des éleveurs laitiers se sont rassemblés jeudi devant plusieurs sites Lactalis dans l'ouest, dénonçant le prix du lait fixé par le groupe basé en Mayenne, jugé trop bas. Vendredi, la circulation a été bloquée par des agriculteurs sur l'A64 entre Toulouse et Bayonne, et des blocages d'axes routiers se sont plus largement multipliés en Occitanie. À Carcassonne, une explosion a visé cette semaine un bâtiment vide de la direction régionale de l'environnement (Dreal), service du ministère de la Transition écologique, accusé d'entraver l'activité des agriculteurs par des lourdeurs administratives. 

Un mois avant l'ouverture du Salon de l'agriculture et à l'approche des élections européennes, le gouvernement craint un effet tache d'huile dans la société, alors que les sujets de mécontentement s'accumulent chez les agriculteurs et dans le monde rural, et que le Rassemblement national (RN) cherche à se poser en défenseur de la profession. Parmi ces sujets d'irritation, l'inflation mais aussi les normes environnementales et lourdeurs administratives, en passant par le prix du lait et des produits agricoles payés aux producteurs, les indemnisations après les intempéries ou les conséquences du réchauffement climatique.

Des actions prévues par les syndicats dès "jeudi prochain"

Sur toute une série de "sujets brûlants", la profession "attend des réponses très claires avant le Salon de l'agriculture", qui se tiendra à partir du 24 février à Paris, a mis en garde le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, lors de ses vœux. "Il y a un sentiment général d'incompréhension, une perception de non écoute", a abondé auprès de l'AFP une source à la FNSEA vendredi soir. Le syndicat réunit son conseil d'administration mercredi et son conseil fédéral ensuite, et devrait être en mesure d'annoncer des actions à mener "jeudi prochain", a-t-elle ajouté. De son côté, la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole français, prévoit d'organiser des "actions un peu partout en France" jeudi pour dénoncer le "manque de considération" des politiques françaises et européennes envers le monde agricole.

"J'entends et je suis très attentif aux expressions des agriculteurs", a répondu vendredi dans un entretien à La Dépêche du Midi le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, soulignant "avoir obtenu un budget historique pour notre agriculture de quatre milliards pour les trois prochaines années". Lors de sa conférence de presse mardi, Emmanuel Macron a cité l'agriculture parmi les domaines dans lesquels il comptait "accélérer" le "réarmement" du pays. Quant au nouveau Premier ministre Gabriel Attal, il avait souligné dimanche que "l'un des premiers projets de loi" que présentera son gouvernement, au menu du Conseil des ministres du 24 janvier, concerne "le renouvellement des générations en agriculture".


M.L (avec AFP)

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