La présidence Macron est-elle marquée par une immigration légale "record" ?

Publié le 16 septembre 2022 à 18h55, mis à jour le 20 septembre 2022 à 12h05

Source : TF1 Info

Invitée de LCI, Marion Maréchal a mis en cause Emmanuel Macron et sa gestion des flux migratoires.
Elle assure que l'immigration légale n'a jamais été aussi importante dans notre histoire récente que depuis son arrivée à l'Élysée.
Les statistiques sur le sujet sont à prendre avec des pincettes, mais lui donnent plutôt raison.

Mise à jour du 20/09 : les chiffres officiels relatifs à l'immigration légale ont été actualisés, afin d'utiliser ceux fournis par l'Ined. L'Insee fait en effet savoir que son calcul du solde migratoire (initialement utilisé dans cet article) ne permet pas de refléter de manière assez précise les évolutions de l'immigration légale.

Émancipée du Rassemblement national, Marion Maréchal occupe aujourd'hui le poste de vice-présidente de Reconquête !, le parti fondé par Eric Zemmour. Ce vendredi, elle a répondu à l'invitation de LCI pour évoquer les sujets qui font l'actualité, et réagir notamment au projet de loi sur l'immigration souhaité par Emmanuel Macron début 2023. 

"Je m'amuse du fait qu'Emmanuel Macron ouvre les yeux", a-t-elle assené : "Son bilan sur les 5 dernières années, c'est d'être le président qui a eu le record absolu de l'immigration légale dans la période récente". Elle estime ainsi qu'il est un "fervent défenseur de l'immigration de masse", et l'a déploré auprès d'Adrien Gindre.

L’Interview Politique - Marion Maréchal, vice-présidente de Reconquête, invitée d’Adrien Gindre dans Les Matins LCISource : L'Invité Politique
Cette vidéo n'est plus disponible

Des variations importantes ces dernières années

Lorsque l'on évoque l'immigration légale, c'est sur le solde migratoire que l'on se penche en détails. Celui-ci détaille les entrées légales sur le territoire, en soustrayant les sorties. Des chercheurs du CNRS rappellent que les entrées légales désignent celles des "personnes de nationalité d’un pays hors Union européenne (UE) qui immigrent ou émigrent." On parle alors de migration tierce, concernant les "pays tiers à l’UE". S'ajoutent les entrées qui "relèvent de la 'libre circulation', c’est-à-dire les personnes immigrées ou émigrées au sein de l’UE", puis enfin "les nationaux : ce sont les 'repatriés' nationaux qui reviennent dans leur pays, et les 'expatriés'".

Problème, les outils dont nous disposons en France pour mesurer le solde migratoire se révèlent imparfaits, puisqu'ils pâtissent de certains angles morts. La démographe Michèle Tribalat note que "nous ne disposons pas d’un enregistrement des entrées et des sorties du territoire cohérent et exhaustif, comme c’est le cas dans les pays du nord de l’Europe qui ont des registres de population bien tenus". Et souligne que "le ministère de l’Intérieur [...] ne compte que ceux qui sont astreints à l’obligation de détenir un titre de séjour. Lui échappent ainsi les étrangers de l’Espace Économique Européen et les mineurs, sauf ceux qui à partir de 16 ans travaillent."

Pour autant, même imparfaites, des données existent. Elles sont notamment agrégées par l'Ined, qui remonte jusqu'à 2010 et recense le nombre de bénéficiaires d’un premier titre de séjour d’un an et plus. On observe ainsi que durant les 3 premières années du premier quinquennat Macron, la délivrance de permis de séjour a connu une hausse sensible, avec un pic atteint en 2019. Le département des statistiques, des études et de la documentation (DSED) indique qu'une baisse a logiquement été constatée en 2020 avec le Covid, mais que les chiffres ont remonté l'an passé pour s'établir à des niveaux proches de ceux observés avant la crise sanitaire. Attention toutefois, les données ne sont pas encore consolidées.

Marion Maréchal faisait référence dans son intervention à la "période récente". Si l'on considère que cette période débute en 2010, alors ses affirmations se révèlent assez justes. Pour autant, nous ne disposons qu'un d'un recul réduit, en raison du manque de données publiques en la matière. Notons aussi que si c'est sous la présidence d'Emmanuel Macron que l'immigration légale mesurée a été la plus importante, des données trompeuses circulent en masse sur le sujet, partagées notamment par des responsables politiques. 

Dans les rangs de Reconquête !, Eric Zemmour a par exemple été épinglé à plusieurs reprises lorsqu'il évoquait l'immigration légale. TF1info notait durant la campagne présidentielle que le chiffre de 2 millions d'immigrés légaux supplémentaires entre 2017 et 2022 (évoqué dans ses déclarations) était largement surévalué. À l'époque, l'ancien journaliste ne comptait en effet que les arrivées sur le sol français, en oubliant de comptabiliser les départs. 

Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sous Twitter : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.


Thomas DESZPOT

Tout
TF1 Info