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La France donne-t-elle "beaucoup plus d’argent à l’Union européenne" qu’elle n’en reçoit de Bruxelles ?

Publié le 3 avril 2024 à 19h05

Source : JT 20h WE

Les discours eurosceptiques s'accompagnent régulièrement d'une critique du budget de l'UE.
"La France donne beaucoup plus d’argent à l’Union européenne qu’elle n’en touche par Bruxelles", déplore ainsi l'élue du RN Edwige Diaz.
Une affirmation étayée par les chiffres, mais qui mérite toutefois l'apport de quelques éléments de contexte sur le fonctionnement des institutions européennes.

Alors que les élections européennes approchent à grands pas. Prévues le 9 juin en France, elles n'échappent pas à un autre argument régulièrement mis en avant : le "coût" de l'UE pour la France. Notre pays, assure ainsi la députée RN Edwige Diaz, "donne beaucoup plus d’argent à l’Union européenne qu’elle n’en touche par Bruxelles". Une situation dénoncée par l'élue, qui estime que les Français se trouvent lésés par le fonctionnement budgétaire actuel de l'Union.

La France parmi les "contributeurs nets" au sein de l'UE

Les propos de la parlementaire RN sont faciles à vérifier et à confirmer. Un document consacré aux "relations financières avec l’Union européenne", annexé au projet de loi de finances (PLF) 2024, rapporte que la France a contribué en 2022 à hauteur de 26,4 milliards d'euros au budget de l'UE. La même année, les "retours en France au titre des principales politiques communes" ont été de 16,9 milliards d'euros. 

Une large part (56%, soit plus de 9 milliards d'euros) de cette somme étant constituée des aides fournies au titre de la PAC. Un bref calcul nous permet de constater qu'en 2022, la France a donc versé 9,5 milliards d'euros de plus que la somme perçue en retour. 

À travers l'UE, la situation de la France n'est pas un cas isolé. En effet, elle fait partie d'une série d'États membres définis comme des "contributeurs nets". Au premier rang desquels figure l'Allemagne : en 2022, Berlin a versé 35,7 milliards d'euros au budget européen et perçu en retour "seulement" 14,1 milliards d'euros. La carte ci-dessous permet de visualiser ces contributeurs nets, ainsi que les "bénéficiaires nets", qui perçoivent des sommes supérieurs à celles qu'ils versent.

Une politique de cohésion au cœur du projet européen

Si ces disparités dans les contributions au budget de l'UE sont régulièrement critiquées, par le RN notamment, elles sont toutefois un élément central des politiques budgétaires européennes. Si la France apparaît au premier abord perdante puisqu'elle verse depuis de longues années des sommes supérieures à celles qu'elle reçoit, il faut aussi considérer d'autres éléments que ceux d'ordre strictement budgétaire. La Commission européenne estime que "le budget de l’UE n’est pas et n’a jamais été une opération qui consiste à donner et à recevoir". Le principe, poursuit-elle, "a toujours été de mettre en commun les ressources, de surmonter ensemble les problèmes communs et de créer une valeur ajoutée européenne". Pour compléter son propos, elle met par ailleurs en avant une série d'éléments qui permettent de nuancer cette idée d'un manque à gagner lié à la présence dans l'UE.

Une vision comptable ?

Les "activités commerciales facilitées au sein de l’UE" sont par exemple citées, avec "l’accès à un marché de plus de 445 millions de consommateurs, générant 3,9 millions d’emplois". Dans le même temps, la présence de notre pays dans l'Union est présentée comme un gage de "protection des produits français" et d’amélioration "de leur rentabilité sur le marché mondial, grâce aux appellations d’origine protégées". Sont enfin cités "la liberté de vivre, de travailler, d’étudier et de voyager n’importe où dans l’UE" avec des contraintes réduites, ou bien encore une coopération en matière de "lutte contre le terrorisme et la protection des frontières".

En résumé, il est exact de souligner – comme le fait Edwige Diaz – que la France verse chaque année à l'UE des sommes supérieures à celles qu'elle reçoit en retour. Il s'agit toutefois d'une vision strictement comptable, qui ne tient pas compte des avantages dont tirent profit les États membres du fait de leur intégration à l'UE et à l'espace économique et politique homogène qu'il constitue.

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Thomas DESZPOT

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