VIDÉO - Normandie : le coup de colère d'un médecin empêché d'exercer dans un désert médical

par La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Guillaume Thorel, Antoine Santos
Publié le 20 octobre 2023 à 18h30

Source : JT 13h Semaine

Le docteur Bernard Smaja, retraité depuis six ans, est prêt à reprendre du service dans le village de Courcelles-sur-Seine (Eure), qui manque cruellement de médecins.
Mais l'Ordre des médecins le lui a refusé.
L'intéressé, mais aussi le maire de la commune et ses administrés, sont dépités.

Le docteur Bernard Smaja se dit "très en colère". Après avoir exercé pendant quarante ans en tant qu'anesthésiste-réanimateur, il a pris sa retraite il y a six ans. Mais il s'est récemment porté candidat pour assurer des gardes au nouveau centre de santé de Courcelles-sur-Seine (Eure). Seulement voilà, la section départementale de l'Eure de l'Ordre des médecins lui a adressé cette réponse lorsqu'il a voulu reprendre du service : "Les conseillers ordinaux ont étudié votre demande et ont estimé que malgré une bonne volonté, vous ne présentez pas d'aptitudes suffisantes à la reprise d'une activité de médecin généraliste"

En cause, explique l'intéressé : le nom des médicaments, dont certains ont changé en l'espace de quelques années. "C'est ça le vrai problème. Je n'ai pas suivi, depuis mon arrêt il y a six ans, un cursus régulier d'informations. On me le reproche. Mais je n'ai pas pour autant oublié la médecine, que j'ai pratiquée pendant quarante ans"", explique-t-il face à la caméra de TF1, dans le reportage visible en tête de cet article. Contacté par nos soins, l'Ordre des médecins, de son côté, n'a pas donné suite. 

Il manquerait plus de 6000 médecins généralistes dans les campagnes françaises

Le village de Courcelles-sur-Seine, qui compte un peu plus de 2000 habitants, est en zone de désert médical. Il est néanmoins pourvu d'un centre de santé flambant neuf. "Que va-t-on faire d'ici six mois, un an, si on ne trouve pas un deuxième médecin ? On sera peut-être obligés de fermer ce centre de santé communal", déplore ainsi le maire de la commune, Joël Le Digabelle.

Ce dernier nous précise pourtant que le bâtiment "est prêt à être utilisé. Il faudra qu'on mette le bon matériel qui va dedans, mais pour l'instant, à quoi nous sert d'acheter du matériel si on n'a pas de médecin ?"

Ce centre pourrait accueillir trois professionnels, mais aujourd'hui, seul un cabinet est ouvert, celui de la médecin généraliste Isabelle Lukali, qui explique : "On a besoin d'autres médecins, comme un peu partout en France. Et on s'active pour en trouver. C'est difficile, il faut leur donner envie."

Pour les habitants, la situation est difficile à comprendre, car il faut désormais faire des kilomètres pour obtenir un rendez-vous. "Nous, on n'est plus sur Courcelles maintenant. Parce qu'on nous a mis un papier dans la boite aux lettres indiquant que si on avait déjà trouvé un médecin, il ne fallait pas qu'on prenne rendez-vous ici. Maintenant il faut aller loin pour se faire soigner", développe une administrée.

Un jeune homme poursuit : "Malheureusement, c'est l'Ordre des médecins qui décide. Les gens peuvent avoir la frustration qu'ils veulent, la décision ne leur revient pas."

Selon l'Association des maires ruraux de France, il manquerait plus de 6000 médecins généralistes dans les campagnes.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Guillaume Thorel, Antoine Santos

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