La vaccination contre la grippe patine : "un risque de centaines de décès supplémentaires"

Publié le 30 novembre 2023 à 17h37, mis à jour le 30 novembre 2023 à 19h51

Source : JT 13h Semaine

La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière 2023 tourne au ralenti.
D'après des chiffres révélés par nos confrères du "Le Parisien", elle est en retard de 600.000 doses par rapport à la même période en 2022.
Le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, Philippe Besset, tire la sonnette d'alarme auprès de TF1info.

Face à la grippe, les voyants ne sont plus au vert. Depuis mercredi 29 novembre, trois régions de l'Hexagone ont été placées en "pré-épidémie" par Santé publique France : l'Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pas une surprise, tant les maladies de l'hiver sont en progression dans le pays, mais une autre donnée inquiète les spécialistes : la vaccination contre la grippe saisonnière est, à ce stade, jugée trop faible.

Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, lui-même, a tiré la sonnette d'alarme. "Les indicateurs pré-épidémiques bougent sur la grippe. Elle va progressivement s'étendre", a averti l'ex-directeur de cabinet d'Élisabeth Borne, sur X (ex-Twitter). "C'est encore et plus que jamais le moment de se faire vacciner pour contrer une épidémie qui, chaque année, a un lourd impact humain et sur notre système de santé."

Selon les données de la société IQVIA France relayées par nos confrères du Parisien, seules 8,3 millions de doses du vaccin antigrippal ont jusqu'ici été délivrées par les pharmaciens du pays depuis le lancement de la campagne le 17 octobre. Soit 600.000 de moins que l'année dernière à pareille époque. Les Français concernés par cette vaccination étaient pourtant prêts à franchir le pas. D'après un baromètre publié par Santé publique France début novembre, "la proportion de personnes de 65 ans et plus ayant l'intention de se faire vacciner contre la grippe cet hiver est plus élevée que l'année passée (69% contre 61%)". Ce qui ne s'observe donc pas dans les faits.

500.000 doses en moins entraînent 1000 hospitalisations de plus
Philippe Besset, président de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France

Un problème, alerte auprès de TF1info Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). "D'après les épidémiologistes, 500.000 doses administrées en moins provoquent 1000 hospitalisations de plus et quelques centaines de décès supplémentaires, avertit-il. "Ce n'est pas négligeable. Si la grippe provoque des formes bénignes, les personnes âgées et à risque sont sujets à des formes graves qui peuvent conduire au décès."

Le début de campagne s'était néanmoins passé "plutôt correctement", poursuit Philippe Besset. "Maintenant, nous constatons un décrochage. Cela va provoquer une vraie perte de chance." Selon le président de la FSPF, la "petite complexité" liée à la vaccination contre le Covid-19, qui vise "les mêmes publics" et peut être réalisée en même temps que la grippe, pourrait être en partie responsable de cette baisse de vaccination. "C'est un peu compliqué de dire aux Français qu'on va les vacciner du Covid dans un bras et de la grippe dans l'autre le même jour", assure-t-il. "Il faut les comprendre." D'après Santé publique France, seules "34,6% des vaccinations contre le Covid-19 ont été réalisées en même temps qu'un vaccin contre la grippe chez les personnes âgées de 65 ans et plus".

Toutefois, Philippe Besset ne perd pas espoir. "Les Français ont compris" l'intérêt de cette vaccination, affirme-t-il. "Mais ils n'y pensent plus forcément", alors que les personnes âgées vaccinées l'an dernier contre la grippe ne sont plus protégées un an plus tard. Reste à savoir si ce message d'alerte sera entendu.


Idèr NABILI

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