"Effondrée" : la mère de Lucas réagit à la relaxe des collégiens poursuivis après le suicide de son fils

par M.T
Publié le 9 novembre 2023 à 20h24, mis à jour le 10 novembre 2023 à 9h42

Source : TF1 Info

La cour d'appel de Nancy a relaxé en début de semaine les quatre collégiens poursuivis dans l'enquête sur le suicide en janvier de Lucas, 13 ans, dans les Vosges.
Une nouvelle vécue comme "une injustice" par sa mère.
Elle a accepté de témoigner face aux caméras du 20H de TF1.

"Une injustice !". La Cour d'appel de Nancy a relaxé lundi les quatre élèves poursuivis pour des faits de harcèlement ayant entraîné le suicide du jeune Lucas, collégien de 13 ans, retrouvé mort en janvier dans les Vosges. "Je me suis effondrée quand j'ai appris la nouvelle, ça m'a détruite encore plus, alors que ça fait dix mois qu'on vit un enfer. J'espérais quand même que quelque chose soit acté, qu'ils aient une sanction, peu importe laquelle, qu'ils soient reconnus coupables", réagit la mère de Lucas, interrogée par TF1 dans la vidéo du 20H en tête de cet article. Une interview que nous retranscrivons plus en longueur ici.

Dans sa décision, la Cour a relevé le caractère "odieux" de propos qui avaient été tenus par les prévenus, deux garçons et deux filles, "entre le 1ᵉʳ septembre 2022 et début octobre 2022", mais elle souligne "l'absence d'effet démontré sur la santé mentale de Lucas", et pointe l'absence de "lien de causalité" avec le suicide du collégien, survenu plusieurs semaines plus tard, le 7 janvier. "Toutes les insultes qu'il a pu subir n'ont pas été actées comme sanctionnables. Ce n'est pas normal", renchérit sa mère. 

"Quand les vacances se passent bien, et qu'une semaine après la rentrée, tout s'arrête, c'est l'apocalypse dans notre vie", raconte la mère de Lucas, la voix tremblante. Lucas s'est suicidé après avoir écrit un mot exprimant sa volonté de mettre fin à ses jours. Ses proches avaient dénoncé des faits de harcèlement, révélant les moqueries et insultes à caractère homophobe dont l'adolescent s'était dit victime de la part d'élèves de son collège.

"Lucas m'en a d'abord parlé, donc j'ai agi, ensuite, il ne m'en parlait plus parce qu'il voyait que rien n'était fait. Il s'est dit 'je vais arrêter d'en parler, je vais prendre sur moi, je vais encaisser, jusqu'à ce que ça ne soit plus possible'", se souvient sa mère, avant d'ajouter : "Il a subi des mots tels que 'sale pd, sale gay, gros porc, tapette'(....). C'est choquant d'entendre ce genre de paroles dans la bouche des enfants, et ils le disaient à tout bout de champ", témoigne-t-elle. 

Un questionnaire à partir du CE2

Ce drame avait soulevé une vague d'émotion et suscité plusieurs réactions politiques. Un peu moins de deux mois après qu'Élisabeth Borne a dévoilé un plan interministériel de lutte contre le harcèlement, promettant une "mobilisation générale" contre ce "phénomène massif", deux heures du temps scolaire ont été banalisés entre le 9 et le 15 novembre, afin de mettre l'accent sur la prévention et la détection des situations de harcèlement. Autre nouveauté : tous les élèves à partir du CE2 et jusqu'en Terminale sont invités à remplir un questionnaire pour évaluer s'ils sont victimes de harcèlement scolaire.  

"Le questionnaire en lui-même est bien, mais anonymement, je ne suis pas sûre. Comment fait-on pour aider un enfant qui dit ce qu'il subit si c'est anonyme ? (...) Comment faire pour pouvoir l'orienter, le soutenir, le diriger vers des services compétents ?", tranche la mère de Lucas, avant d'ajouter : "En tant que parents, il faut aussi mesurer la moindre parole de son enfant quand on le laisse partir. Il faut regarder son comportement quand il rentre, (...) il faut vraiment tout analyser et agir", insiste-t-elle. 

Au-delà d'un éventuel pourvoi en cassation, la mère de Lucas place ses espoirs dans l'association Liberté unité non au harcèlement (L.U.NaH), dont elle est la présidente : "On va faire des interventions dans tous les milieux, même dans ceux du travail, du moment où il y a une équipe c'est un effet de groupe, il faut détecter aussi chez les adultes. Cela représente Lucas, cela représente tous les autres, et le combat qu'on va mener. Il faut qu'on sauve tous ceux qui sont en détresse actuellement", explique-t-elle. 

Dans une affaire similaire, quatre mineurs ont été mis en examen fin mai pour "harcèlement scolaire ayant conduit au suicide" après qu'une adolescente de 13 ans, Lindsay, s'est donnée la mort le 12 mai à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). 


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