VIDÉO - Harcèlement scolaire : l'impuissance des familles face au mur de l'administration

par La rédaction de TF1info | Reportage : Caroline Bayle, Sylvie Pinatel
Publié le 18 septembre 2023 à 9h15, mis à jour le 18 septembre 2023 à 9h41

Source : JT 20h WE

Nicolas, un adolescent de 15 ans, s'est suicidé quelques jours après le début de la rentrée scolaire.
Une triste affaire alors que la famille avait lancé de nombreuses alertes, notamment par écrit.
Un audit national va être lancé après une réponse du rectorat à l'époque, qualifiée de "honte" par le ministre de l'Éducation.

Nicolas avait parlé des injures et des brimades qu’il subissait, et ses parents avaient alerté l'administration. “Nous étions victimes, nous sommes devenus coupables”, affirme aujourd'hui sa mère dans la presse. Selon elle, après le courrier menaçant du rectorat du Versailles, reçu par la famille en mai, son fils n’a plus été le même jusqu’à son suicide, il y a dix jours. Un drame de plus.

J'ai tout essayé, j'ai tout fait et on n'a pas été aidés, on a été lâchés
La mère de Lindsay

Souvenez-vous de ces marches blanches pour Ambre, onze ans ; Lucas, treize ans, et de cet aveu d’impuissance dans la bouche de l’ancien ministre de l’Éducation. "Le chagrin, la douleur. Il n'y a pas de mots. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise", constatait alors Pap NDiaye, la voix étranglée par l'émotion. Souvenez-vous de la douleur des parents, celle de la mère de Lindsay, treize ans. "J'ai tout essayé, j'ai tout fait et on n'a pas été aidés, on a été lâchés, complètement, aucun soutien", expliquait-elle, en larmes, à l'époque.

Le mur de l'Éducation nationale

Un mur, celui de l’Éducation nationale, auquel se heurtent aussi les associations. "Ces parents, ces associations qui viennent là, oser leur dire qu'il se passe quelque chose qu'ils n'ont pas vu, ça leur est insupportable. Nos associations, qui font ce travail, ça retourne contre elle, en disant 'on va vous retirer votre agrément", explique Martine Brousse, présidente de La Voix de l'enfant. 

"Qu'est-ce que je peux faire alors que je suis tout seul dans cette situation"

Pour autant, des mesures ont été prises au fil de ces drames. Le harcèlement scolaire est devenu un délit l’an dernier. Depuis cette rentrée, ce sont désormais les harceleurs qui doivent changer d’école et non plus leurs victimes. Et depuis deux ans, les établissements ont l’obligation de former un groupe d’adultes référents pour prendre en charge ces cas de harcèlement. 

"C'est vrai que, parfois, quand on est tout seul face à ce genre de situation, il y a des collègues qui peuvent nous dire 'mais comment on peut faire, qu'est-ce que je peux faire alors que je suis tout seul dans cette situation'. C'est vraiment un sentiment de solitude qui n'amène pas à détourner le regard, mais qui rend parfois impuissant", explique Sophie Vénétitay, professeure et secrétaire générale du SNES-FSU. 

Une impuissance d'autant plus grande que ce harcèlement se poursuit sur les réseaux sociaux. Le ministre de l'Éducation, Gabriel Attal, veut d'ailleurs s'y attaquer dans son futur plan en apprenant l'empathie à l'école. C'est ce que fait le Danemark, dès le plus jeune âge : apprendre à reconnaitre les émotions des autres pour n'exclure aucun enfant. 

Autre mesure : un questionnaire, adressé à tous les élèves, sans l'intermédiaire d'adultes, pour détecter plus vite les signes de harcèlement Toutes les associations appellent à un sursaut collectif face à ce fléau. On estime qu'un enfant sur dix en souffre. 


La rédaction de TF1info | Reportage : Caroline Bayle, Sylvie Pinatel

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