Depuis le 1er juillet, changer son nom de famille est devenu beaucoup plus facile.Chacun peut le faire au moins une fois dans sa vie, sans justification.Des Français qui ont fait la démarche témoignent auprès de TF1.
"Quand j'aurai changé de nom de famille, je serai enfin moi-même". Depuis le 1er juillet, date de l'entrée en vigueur de la loi qui permet, avec des formalités réduites, de remplacer le nom reçu à la naissance par celui de l'autre parent, les officiers d’état civil croulent sous les demandes d’administrés. Nathalie, qui témoigne dans le reportage de TF1 en tête de cet article, en fait partie. Elle souhaite désormais porter le nom de sa mère. Pour une raison simple : "Mon père nous a abandonnés quand nous étions petits, mon frère et moi. C'est un père qui ne s'est pas soucié de notre éducation, tant psychologiquement que financièrement", explique-t-elle. Et d'ajouter : "Écrire le nom du parent manquant vous ramène toujours à votre histoire, à vos souffrances".
J'ai senti un éloignement avec mes enfants juste pour un nom. C'est beaucoup un nom.
Patricia, mère de Kevin
Changer de nom était donc une évidence pour Nathalie. "Prendre le nom de ma maman, c'est remettre les choses à leur place. Le nom de ma maman, c'est mon histoire", dit-elle encore. Le grand jour est enfin arrivé. Après avoir rassemblé les documents nécessaires, la voilà en mairie pour faire le nécessaire. Passé le mois de délai de rétractation auquel tout demandeur a droit, son nouveau nom sera acté à l'état civil. Mais attention, on ne peut pas choisir n'importe quel nom. "Elle a droit à trois possibilités : le nom de son père, le nom de sa mère ou bien les deux noms associés, mais elle n'a pas d'autres choix que ceux-là. Donc la vérification se fait à ce stade-là", détaille Nathalie Regond-Planas, la maire de Saint-Génis-des-Fontaines (Pyrénées-Orientales).
Six mois après cette nouvelle loi, plus de 40.000 personnes ont une nouvelle carte d'identité. On estime par ailleurs que 8000 majeurs font la démarche chaque mois dans toute la France. En région parisienne, Kevin a, lui aussi, choisi de prendre le nom de sa mère Patricia. Il l'a fait pour elle après le divorce de ses parents. "Mon ex-mari m'a demandé à ce que je ne porte plus son nom. Il m'a interdit de le porter. J'ai senti un éloignement avec mes enfants juste pour un nom. C'est beaucoup un nom", souligne-t-elle. Et Kevin d'expliquer son choix : "Quand un des deux parents s'investi beaucoup plus dans l'éducation de son enfant, l'élève, ce qui a été le cas de ma mère... Elle a sacrifié quand même sa carrière professionnelle, elle a sacrifié son temps pour élever ses enfants. Donc pour moi, de me dire qu'au bout de tout ça, je n'allais plus porter le même nom qu'elle, ça ne me semblait pas normal", affirme-t-il.
Au départ, cette loi est née d'une pétition lancée par Marine Gatineau Dupré, fondatrice du collectif "Porte mon nom". Elle réclamait que les mères non mariées, comme elle, puissent accoler leur nom à celui de leurs enfants, même en cas de désaccord avec le père. "Ce qui permet, par exemple, quand on prend l'avion ou quand on va à l'hôpital de ne plus se justifier sur le fait qu'on est des mamans", avance-t-elle. Mais elle a reçu des milliers d'autres témoignages. "On s'est rendu compte que la problématique venait du nom en général, et beaucoup nous ont témoigné du fait qu'ils portaient un nom qu'ils ne supportaient plus, qu'ils voulaient absolument reconstruire leur propre histoire", souligne-t-elle.
Résultat, aujourd'hui, des dizaines de milliers de Français veulent changer de nom. Et toutes les raisons sont bonnes, que ce soit pour tourner la page d'une histoire familiale douloureuse ou rendre hommage au dévouement illimité d'un parent.