TÉMOIGNAGES - Pourquoi les jeunes Français font-ils moins l'amour ?

par Virginie FAUROUX | Reportage TF1 : Delphine Sitbon, Alix Ponsar et Baptiste Sisco
Publié le 21 mars 2024 à 7h30, mis à jour le 21 mars 2024 à 11h55

Source : JT 20h Semaine

Les Français seraient beaucoup moins intéressés qu'auparavant par les transports amoureux et les baisers fougueux, affirme une récente étude Ifop.
Plus surprenant, cela concerne particulièrement les moins de 25 ans.
Le 20H de TF1 a recueilli des témoignages et sollicité des spécialistes.

On les imaginait bien plus intéressés par la question. Nous avions tort. Selon une étude Ifop pour LELO, un fabricant de jouets sexuels, plus d'un jeune sur quatre âgé de 18 à 24 ans, admet ne pas avoir eu de rapport sexuel en un an. En 2006, date de la dernière étude sur le sujet, c'était seulement le cas pour un jeune sur 20. Rien d'étonnant pour Maïssa, 20 ans. "Je pense qu'il n'y a pas de problème à faire moins l'amour qu'avant. Du coup, on fait l'amour quand on a envie et c'est ça l'important", assure-t-elle dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus.

La faute aux écrans ?

Le sexe, un passe-temps parmi d'autres ? En tout cas, face aux réseaux sociaux, à la télévision et aux écrans plus généralement, il a bien du mal à s'imposer. Un jeune sur deux a ainsi déjà évité un rapport sexuel pour regarder une série ou jouer à un jeu vidéo. "Je sais que ça devient très vite addictif parce qu'avant, je jouais énormément aux jeux vidéo et je sortais vraiment pas de chez moi. J'étais très casanier. Il faut juste savoir s'arrêter à un moment donné et ne pas passer toute sa vie derrière l'écran", admet un jeune homme.  

Alors, qu'est-ce qu'être un couple aujourd'hui ? Pour Tony et Daisy, 50 ans, dont 33 passés ensemble, faire l'amour est absolument indispensable quelles que soient les distractions. "Moi personnellement, je suis très téléphone, mais malgré tout, je trouve le temps de faire l'amour avec mon mari", affirme Daisy, ajoutant que "le feu n'est toujours pas éteint, au contraire". Étienne et Jeanne, ensemble depuis trois ans, ont la moitié de leur âge, mais ils n'ont pas du tout le même discours. 

Jeanne, par exemple, en a assez d'entendre qu'un couple heureux, c'est un couple qui ne sort pas de la chambre. "Je l'ai senti comme une chose qu'on m'imposait avant. C'est-à-dire que le couple devait forcément faire l'amour, souvent, régulièrement, pour dire que finalement, c'était un couple passionnel, un couple d'amour, un couple qui s'aime vraiment. Moi, maintenant, j'ai l'impression que ça peut se jouer à vraiment d'autres choses", avance-t-elle.

Le sexe, on va dire que c'est du bonus.
Marc, 44 ans, à la recherche de l'âme sœur

L'étude de l'Ifop va encore plus loin. Elle nous apprend qu'une personne interrogée sur deux ne voit pas de problème à vivre en couple sans relation charnelle. Les Français se désintéresseraient-ils du sexe ? Pour en avoir le cœur net, quoi de mieux que de se rendre dans une soirée de speed dating. Marc, 44 ans, est très clair sur ce qu'il souhaite dans sa prochaine relation. Il a déjà fait sa liste. "La communication déjà. Le rire aussi, très important. La complicité et surtout le soutien. Le sexe, ça arrive après. On va dire que c'est du bonus", lâche-t-il. Pour Karine, 57 ans, le sexe ne semble pas non plus être le ciment du couple. "À l'âge que j'ai aujourd'hui, ce n'est plus une priorité comme ça aurait pu l'être il y a 25 ou 30 ans", admet-elle. 

Et pourtant, il y a 30 ans, en 1997, on s'inquiétait déjà d'une baisse de libido des Français. Pour autant, si les Français se prêtent moins à la bagatelle, ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle. Nous assistons peut-être à la fin du vieux concept de "devoir conjugal". "Le fait qu'on est dans des couples beaucoup plus égalitaires, avec des femmes qui travaillent, qui sont autonomes, qui sont en mesure de dire non, on a bien sûr toujours des gens qui se forcent un peu pour faire plaisir, mais il y a beaucoup moins de rapports sexuels non désirés", explique François Kraus, directeur du Pôle "Genre et sexualité" à l'Ifop.

Faire moins l'amour, mais mieux. Sur les réseaux sociaux, les comptes pour vous y aider se multiplient. Edwige, infirmière sexothérapeute, est suivie par plus de 230.000 personnes. Chaque jour, elle répond à leurs questions. Et surprise, parmi ses abonnés sur les réseaux sociaux, 17% ont plus de 45 ans. "Finalement, l'éducation sexuelle, on se rend compte que ça intéresse tout le monde, qu'il n'y a pas d'âge pour apprendre, qu'il n'y a pas d'âge pour avoir des rapports sexuels de meilleure qualité", analyse-t-elle. Viser l'épanouissement plus que la performance, voilà peut-être l'objectif désormais, quelles que soient les générations. 


Virginie FAUROUX | Reportage TF1 : Delphine Sitbon, Alix Ponsar et Baptiste Sisco

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