Les villages de moins de 2000 habitants n'étaient jusqu'ici pas obligés de nommer et numéroter rues et maisons.Une loi qui vient d'être adoptée les contraindra à se plier à la règle.De quoi éviter de nombreux problèmes.
En France, 15% des routes attendent toujours un nom et un numéro. Ce phénomène devrait cependant bientôt disparaître. La semaine dernière, une nouvelle loi a mis fin à une exception qui concernait les villages de moins de 2000 habitants. Ceux-ci n'étaient jusque-là pas contraints de nommer et numéroter rues et maisons. Une incongruité qui posait parfois un problème, comme le montre le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article.
"Un quart d’heure pour celui qui attend, c’est énorme"
Kentigwern Jaouen ne compte en effet pas les fois où ses colis se sont perdus, faute de numéro. Ce finistérien amateur de matériel médiéval commande pourtant souvent sur internet et est donc obligé de sortir un bouclier d'une autre époque pour signaler sa propriété au sein du lieu-dit où il habite. "Plusieurs fois, je me suis retrouvée avec des amis ou des livreurs qui sont bloqués sur des chemins de terre. On doit alors faire venir le tracteur des voisins", relate Kentigwern Jaouen.
Ce nouveau dispositif devrait également aider les services de secours et leurs interventions en zone rurale. "Nous, ce qu’on souhaite, c’est gagner en efficacité pour pouvoir intervenir le plus rapidement chez les gens, pour pouvoir leur porter secours et ne pas attendre. Parce qu'un quart d’heure pour celui qui attend, c’est énorme", souligne Isabelle Le Floch, cheffe du centre d'incendie et de secours de Brasparts, dans le Finistère.
Dans le reportage ci-dessous du 13H de TF1, diffusé en juillet dernier, une femme expliquait ainsi que dans sa commune d'Auradé, dans le Gers, où il n'y avait encore aucun nom de rue deux ans auparavant, l'une de ses collègues avait "accouché à la maison et les pompiers ne la trouvaient pas".
Seulement, tout remettre en ordre prend du temps. En plus d'apposer numéros et nom de rues, ceux-ci doivent être saisis avec les adresses et la date de délibération sur les plans du cadastre. Toute une organisation qui un coût. Pour le village de 700 habitants de Saint-Jean-en-Mayenne, le montant de la facture est de plus de 6.000 euros. "Si on ajoute le béton, les mats, la visserie, le temps des agents qui posent, le temps de la secrétaire qui a saisi, ça coute beaucoup plus cher", ajoute le maire de la commune de Mayenne, Olivier Barré.
Mais cette loi permet aussi à certaines communes de rendre hommage à des figures locales en donnant leur nom aux rues jusque-là sans patronyme. C'est le cas notamment à Félines, en Haute-Loire, qui a pu mettre à l'honneur des héros nationaux comme Charles de Gaulle ou Jean Jaurès, mais qui a aussi rendu hommage à des hommes ou des femmes du pays et dont la renommée est plus anecdotique. "Ça permet aux plus jeunes qui n'ont pas connu ces gens-là de poser des questions sur leur vie, sur ce qu'ils ont fait pour la commune", approuve ainsi une habitante.