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Grève SNCF : salaire de base, primes... combien gagnent les contrôleurs ?

Publié le 15 février 2024 à 16h59, mis à jour le 15 février 2024 à 19h01

Source : TF1 Info

Alors que les contrôleurs font grève, à compter de ce jeudi, la question de leur rémunération est au cœur des débats.
Entre salaires fixes, primes, ancienneté et localisation géographique, il est souvent difficile de s'y retrouver.
Les Vérificateurs font le point sur leur situation.

Le mouvement de grève à la SNCF qui débute ce jeudi 15 février au soir s'annonce très suivi puisque 7 contrôleurs sur 10 devraient cesser le travail, selon les estimations. La question du salaire est au cœur de leurs revendications, malgré les augmentations que la direction de la SNCF assure avoir concédé ces dernières années. Les montants affichés sur les fiches de paie des contrôleurs sont souvent variables en fonction des profils, de l'ancienneté ou de la localisation géographique. On fait le point sur cette profession et ses spécificités.

Dinstinguer salaire de base et primes

Avant toute chose, il est essentiel de souligner que la rémunération des contrôleurs est constituée de deux piliers majeurs : une part fixe avec un salaire de base, mais aussi une part variable, constituée de primes. Ces dernières sont liées au travail de nuit, le dimanche, ou encore les jours fériés. "Un soir sur deux, on ne dort pas à la maison", a par exemple témoigné un contrôleur, interrogé ces jours-ci par La Dépêche du Midi. Par définition, le montant des primes oscille d'un mois à l'autre, en fonction de l'emploi du temps des contrôleurs. On estime toutefois qu'elles constituent en moyenne entre 19 et 25% de leur rémunération globale.

Le site de la SNCF fournit des données sur le salaire moyen brut des contrôleurs en début, milieu et fin de carrière. Il est ainsi respectivement de 22.192 euros, 28.816 euros et 35.816 euros brut, versés sur douze mois. Cela signifie un montant mensuel qui oscille entre 1.850 et près de 3.000 euros brut, en fonction de l'ancienneté (soit entre 1.450 et 2.300 net). Notez que des variations peuvent être observées en fonction de la localisation géographique ou du type de train à bord desquels opèrent les agents.

Les primes viennent s'ajouter à ces montants. Ce qui aboutit à un salaire moyen légèrement supérieur à 2300 euros brut en début de carrière, et à quelque 3550 euros brut en fin de carrière (soit 1800 à 2750 euros net). Ces chiffres présentent des limites : ils datent en effet de 2016. Restés d'actualité plusieurs années en raison d'un gel des salaires à la SNCF, ils auraient été revus à la hausse, selon le patron du groupe ferroviaire, Jean-Pierre Farandou. "Depuis trois ans, on a augmenté la masse salariale de 500 millions d'euros par an soit un milliard et demi. Pour les contrôleurs comme les autres cheminots, la rémunération mensuelle moyenne a augmenté de 20% en trois ans, ce qui est beaucoup plus que l'inflation", a-t-il expliqué. Si l'on applique cette hausse aux chiffres qui figurent sur le site de la SNCF, on aboutit à des rémunérations moyennes qui oscillent entre 2800 euros mensuels brut en début de carrière et 4300 euros brut pour les salariés les plus expérimentés (soit 2200 à 3350 euros net). Le tout en incluant les primes, très variables.

Dans les rangs des syndicats, on avance des chiffres inférieurs. Julien Troccaz, secrétaire général Sud-Rail, a ainsi affirmé sur l'antenne de LCI que "le traitement de base, quand on rentre à la SNCF, c'est environ 1500 euros", ce qui "ne comprend pas la prime."

Le salaire de base, enjeu majeur pour la retraite

"Ce n’est pas tant combien on gagne qui nous gêne, mais le calcul de nos pensions de retraite", a confié Olivier Laugier, le créateur du Collectif national des ASCT (Agents du Service Commercial Train). Pour comprendre ces propos, il faut garder à l'esprit que pour l'essentiel des contrôleurs, le montant des pensions est défini à partir du salaire de base, et pas en fonction des rémunérations globales.

Se référant à des éléments fournis par la caisse de retraite de la SNCF, RMC estime que 15% de la rémunération des cheminots sont en moyenne exclus du calcul de la pension. Celle-ci étant "en contrepartie" calculée "sur les six derniers mois de travail". La question des primes est donc centrale pour les contrôleurs, puisqu'une augmentation de leur salaire de base sera généralement jugée beaucoup plus profitable. Pour certains, qui voient les primes occuper une part plus importante de leur rémunération, le montant réduit des salaires de base est un facteur de précarité. Un arrêt maladie sera ainsi synonyme d'absence de prime, et donc de fiche de paie amputée en fin de mois. 

Un avant et après 2020

Depuis le 1er janvier 2020, plus aucun nouveau recrutement n'est effectué sous le statut de cheminot. Une mesure qui a un impact direct pour les contrôleurs puisque ceux qui ont rejoint la SNCF après cette date n'ont pas été concernés de manière identique par la dernière réforme des retraites. Concrètement : les agents embauchés ces dernières années ne profitent plus d'un âge de départ à la retraite anticipé. En revanche, le fait qu'ils soient salariés avec un contrat "ordinaire" signifie que, pour ceux-là, 100% de leur rémunération est prise en compte pour le calcul de leur future pension.

Des augmentations récentes jugées insuffisantes

Les augmentations récentes évoquées plus haut et rappelées par Jean-Pierre Farandou peinent à convaincre les contrôleurs. Ceux-ci avancent en effet la dégradation de leurs conditions de travail et des salaires de base (hors prime) toujours peu élevés à leur yeux en raison de la pénibilité de leurs missions.  À ceux qui estiment la grève des contrôleurs injustifiée ou les décrivent comme des salariés privilégiés, les syndicats rétorquent que la SNCF peine aujourd'hui à attirer de nouveaux salariés. "Aujourd'hui, on a du mal à embaucher à la SNCF et on a excessivement de mal d'embaucher chez les contrôleurs", fait remarquer àTF1 Fabien Villedieu, porte-parole du syndicat Sud-Rail. "Si la SNCF c'est le Club Med, si le contrôleur, c'est la planque, il ne devrait pas y avoir ce problème", ajoute-t-il.

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Thomas DESZPOT

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