Salaire et primes : combien gagnent les contrôleurs aériens ?

par Hamza HIZZIR
Publié le 24 avril 2024 à 16h52, mis à jour le 25 avril 2024 à 10h00

Source : JT 13h Semaine

Le syndicat majoritaire chez les contrôleurs aériens a levé son préavis de grève pour ce jeudi, un accord sur le fil qui n'évite pas la pagaille.
Il réclamait une augmentation des rémunérations de 25% étalée sur cinq ans.
Quel est le salaire de ces aiguilleurs du ciel ?

En septembre dernier, après une grève en plein Mondial de rugby évitée de justesse et la négociation d’une "trêve olympique", conditionnée à "une augmentation indemnitaire", le magazine économique Challenges posait la question qui fâche en titre d’un article : "Les contrôleurs aériens sont-ils des enfants gâtés ?" L’interrogation a ressurgi cette semaine alors que les vacances scolaires de printemps sont toujours en cours dans deux des trois grands regroupements d’académies (les zones A et B), et que les syndicats des aiguilleurs du ciel ont déposé un nouveau préavis, appelant à faire grève massivement ce jeudi 25 avril, cette fois pour protester contre le projet de refonte du contrôle aérien présenté par la direction générale de l’aviation civile (DGAC). 

Le principal d'entre eux, le SNCTA, a finalement annoncé mercredi matin qu'un accord sur le fil, dont les modalités n'ont pas encore été précisées, avait été trouvé. Trop tard pour éviter la pagaille dans les aéroports de France ce jeudi, comme l'explique le reportage de TF1 en tête de cet article, d'autant que d'autres syndicats restent mobilisés et qu'une menace de grève pèse toujours sur le week-end de l'Ascension.

Le projet de réforme prévoit de réorganiser le travail des contrôleurs pour faire face à l’augmentation annoncée du trafic aérien de 20 à 30% d’ici à 2030, notamment à travers une réduction de 30 à 16 des "centres de contrôle d’approche", d’où sont guidés les avions sur le point d’atterrir, mais aussi par un désengagement "d’un nombre inconnu d’aérodromes", selon le SNCTA. C’est "une réforme de grande ampleur qui consiste notamment à fermer certaines tours de contrôle et centres d’approche, ce qui provoquerait des relocalisations pour certains contrôleurs aériens, résume auprès de TF1 Arnaud Aymé, spécialiste des transports chez SIA Partners. Et puis cette réforme prévoit aussi une organisation du temps de travail qui soit davantage adaptée à l’intensité du trafic". En clair, il s'agit de rendre les contrôleurs aériens plus productifs. Le SNCTA réclamait, en contrepartie, 25% de hausse des rémunérations, étalées jusqu’en 2027, à hauteur d’une augmentation de 5,04% par an. 

Ce qui pose la question de leurs émoluments actuels. Lesquels varient énormément, déjà parce que ce métier, appartenant à la fonction publique, peut s’exercer dans l’armée de l’air ou dans l’aviation civile. Dans le premier cas, le salaire est globalement moins élevé, mais plus évolutif, car il dépend de la nature spécifique des missions et du grade (il est, par exemple, possible d’accéder au rang de sergent, donc de gagner plus, au bout d’un an). Dans le second cas, celui où il s’agit d’assurer la sécurité et la fluidité du trafic des avions de ligne, qui nous intéresse ici, les rémunérations se basent principalement sur des grilles indiciaires, comme celles des autres fonctionnaires.

Un salaire moyen entre 3.000 et 5.000 euros brut par mois

Concernant ces contrôleurs aériens, on parle donc plutôt de "traitement" que de salaire. L’ancienneté constitue le premier critère sur les grilles, que détaille Emploi-collectivités.fr, site de recrutement du secteur public et des collectivités territoriales. Après une formation de trois ans à l’Ecole nationale d'aviation civile (ENAC), elle-même rémunérée à hauteur de 1.604,83 puis, à partir de la seconde année, 1.673,75 euros bruts par mois, un contrôleur aérien dit de "classe normale" débute à 1.944,50 euros brut par mois, traitement pouvant grimper, au fil du temps et des échelons, jusqu’à 2 840,44 euros par mois.

Après une ancienneté de neuf ans, un contrôleur aérien peut ensuite devenir "divisionnaire", son traitement allant alors de 2.047,88 euros à 4.110,52 euros brut par mois. Vient enfin, en bout de carrière - à noter que les aiguilleurs du ciel peuvent partir à la retraite à 59 ans -, un dernier grade possible : celui d’ingénieur en chef du contrôle de la navigation aérienne, rémunéré entre 3.199,81 euros et 4.809,56 euros brut par mois. Il convient cependant de préciser que le traitement dépend, outre l’expérience, du lieu de travail en soi, un aiguilleur du ciel officiant dans un centre de contrôle régional gagnant plus que son confrère de la tour de contrôle d’un aéroport, en raison de la plus lourde responsabilité pesant sur lui. Et que quatre sortes de primes (en fonction de compétences techniques particulières) peuvent se cumuler à ces émoluments pour les faire, éventuellement, grimper jusqu’à 8.000 euros brut par mois. 


Hamza HIZZIR

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