C'est une des pistes suivies par les "Assises du travail", lancées par le gouvernement.Souhaitée par 6 salariés sur 10, la semaine de 4 jours n'est encore pratiquée que par 5% des entreprises.Le 20H de TF1 a visité quelques-unes de ces pionnières.
C'est le dernier jour de travail de la semaine dans la menuiserie visitée par notre équipe à Toulouse. Et pourtant nous ne sommes que jeudi. L'entreprise ouvrait encore 3 heures le vendredi, c'est terminé depuis janvier dernier. Les 35 heures hebdomadaires sont désormais réparties sur les quatre premiers jours de la semaine. Et ici, des salariés au patron, cela semble ne faire que des heureux, comme on le constate dans le reportage de TF1 en tête de cet article.
La journée où je n'ai pas les équipes, j'ai l'atelier qui est fermé, je n'ai pas les camions qui tournent, je n'ai pas les paniers-repas
Jean-Claude Henri, directeur d'Alu Sud
"Moi, j'habite à peu près à 10-12 km d'ici", nous confirme Yannick, ouvrier dans l'entreprise, "je préfère venir pour faire huit heures". Chargé d'études dans l'entreprise, Alexandre Pouget apprécie aussi cette nouvelle organisation : "Ça me permet vraiment, le vendredi, d'être libre pour faire les papiers, les paperasses, l'administratif".
Les salariés doivent travailler 45 minutes de plus chaque jour du lundi au jeudi, pour atteindre les 35 heures. Le vendredi, il n'y a plus d'employés, ni de machines en marche dans l'entreprise, du "gagnant-gagnant" pour son gérant, qui peut limiter ses dépenses en énergie. "La journée où je n'ai pas les équipes, j'ai l'atelier qui est fermé, je n'ai pas les camions qui tournent, je n'ai pas les paniers-repas", nous explique Jean-Claude Henri, le directeur d'Alu Sud, "mes équipes, ça leur permet d'avoir un trajet en moins vers le travail, donc ça leur fait faire des économies également".
Pour un poste de serveur expérimenté, je recevais un ou deux CV, et là j'en reçois entre cinq et dix
Lucie Brasseur, gérante du restaurant "Le Bastion", à Lectoure
D'autres entreprises passent progressivement à la semaine de quatre jours, avec plus ou moins de difficultés selon le secteur d'activité. Dans un restaurant du Gers, par exemple, notre équipe a observé un système de jours de repos à la carte, de 2 à 3 selon les semaines. "Pendant 4 jours, on est focalisés sur le travail, mais une fois que c'est fini, on ne pense plus au travail", savoure Tom Barrieu. Le jeune homme s'est engagé comme serveur au restaurant "Le Bastion" de Lectoure à cause de cette nouvelle organisation, qui le séduisait.
C'est un autre atout de la semaine de 4 jours pour les employeurs : elle peut attirer les candidatures, le recrutement étant une des difficultés majeures du secteur depuis la crise du Covid. "Pour un poste de serveur expérimenté, je recevais un ou deux CV", nous confirme la gérante Lucie Brasseur, "et là j'en reçois entre cinq et dix".
Contrairement à l'entreprise toulousaine, le restaurant reçoit du public sept jours sur sept. L'organisation est donc plus complexe. Les salariés peuvent avoir leurs jours de congé en début ou en milieu de semaine, et parfois travailler en coupure. Les journées plus longues peuvent aussi être plus pénibles, certains travaillant parfois 12 heures d'affilée. Toutes les entreprises ne peuvent d'ailleurs pas envisager la semaine de quatre jours, à l'image des couples de restaurateurs qui cuisinent et servent eux-mêmes, et ne pourraient limiter leurs journées de travail qu'en fermant le restaurant plus souvent.
Le dispositif est déjà à l'essai à grande échelle dans plusieurs pays européens, comme au Royaume-Uni et en Espagne. En France, 5% seulement des entreprises y ont déjà recours. Le rapport de synthèse des "Assises du travail", lancées par le gouvernement, préconise un recours plus généralisé à ce dispositif, et ses auteurs ont reçu le soutien du ministre du Travail, Olivier Dussopt.