"Je parle, mais je ne vous entends pas" : Judith Godrèche livre un vibrant discours sur la scène des César

Publié le 23 février 2024 à 22h58, mis à jour le 24 février 2024 à 9h54

Source : Quotidien, première partie

La comédienne qui a porté plainte contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon a pris la parole au cours de la 49ᵉ cérémonie des César vendredi.
Elle a appelé à dénoncer les violences dans le milieu du cinéma, un art qui couvre parfois "un trafic illicite de jeunes filles".
"Serait-il possible que nous puissions regarder la vérité en face, prendre nos responsabilités ?", a-t-elle lancé.

Son discours était très attendu. Judith Godrèche a pris la parole ce vendredi au cours de la 49ᵉ cérémonie des Césars. La comédienne qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques pendant son adolescence, a appelé à dénoncer les violences dans le milieu.

"C’est compliqué de me retrouver devant vous ce soir, vous êtes si nombreux. (...) Beaucoup d’entre vous m'ont vu grandir, c’est impressionnant, ça marque. Dans le fond, moi, je n’ai rien connu d’autre que le cinéma", a commencé la comédienne, érigée en figure de la deuxième vague #MeToo. 

Depuis quelque temps, la parole se délie, l’image de nos pères idéalisés s’écorche
Judith Godrèche

"Depuis quelque temps, la parole se délie, l’image de nos pères idéalisés s’écorche. Le pouvoir semble presque tanguer. Serait-il possible que nous puissions regarder la vérité en face, prendre nos responsabilités ?", a demandé la réalisatrice de la série Icon of French Cinema sur la scène de l'Olympia.

"Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas. Ou à peine. Où êtes-vous ? Un chuchotement, un demi-mot, ce serait déjà ça", poursuit l'artiste de 51 ans qui admet qu'elle a peur. "Ça ne serait pas drôle d’être blacklistée de tout", concède-t-elle en affirmant que depuis 30 ans, le silence a été "son moteur".

Il faut se méfier des petites filles, elles se blessent, mais elles rebondissent
Judith Godrèche

"Pourquoi accepter cet art que nous aimons tant, soit utilisé comme couverture pour un trafic de jeune fille ? Nous pouvons décider que des hommes accusés de viol ne puissent pas faire de cinéma. On ne peut pas être à un tel niveau d'impunité, de déni et de privilège. […] Nous devons donner l'exemple, nous aussi", a insisté l'actrice. "Mon passé, c’est aussi le présent des 2000 personnes qui m’ont envoyé leurs témoignages en quatre jours. C’est aussi l’avenir de tous ceux qui n’ont pas encore eu la force de devenir leur propre témoin".

"Merci de m’avoir donné la possibilité de mettre ma cape ce soir et de vous avoir envahi un peu. Il faut se méfier des petites filles, elles touchent le fond de la piscine, elles se cognent, elles se blessent, mais elles rebondissent. Les petites filles sont des punk", a conclu l'actrice, ovationnée par le public, la ministre Rachida Dati en tête. 


Rania HOBALLAH

Sur le
même thème

Tout
TF1 Info