ENQUÊTE - Pourquoi la tomate française est menacée par la concurrence

par E.R. | Reportage : Thibaut Copleux, Thomas Rolnik
Publié le 3 juin 2023 à 17h24

Source : TF1 Info

Les importations de tomates étrangères ont augmenté de 20% cette année.
Dans les supermarchés, elles s'affichent à des prix moins élevés que les françaises.
Pour les producteurs français, il s'agit d'une "concurrence déloyale".

Sur les étals des marchés et grandes surfaces, la concurrence entre les tomates françaises et celles venues de l'étranger n'est pas nouvelle. Mais cette année, les importations de tomates ont augmenté de 20%, notamment en provenance du Maroc. 

Si cette nouvelle ne réjouit pas les producteurs français, c'est parce que ces tomates étrangères sont produites et vendues à moindre coût. Jean-René, maraîcher depuis 30 ans en Loire-Atlantique, ne peut plus rivaliser face à cette concurrence qui s'ajoute à l'augmentation de ses charges. 

"Moi ici pour produire des tomates de qualité en France, j'ai des coûts de salaire entre 13 et 14 euros de l'heure, non chargés, alors qu'au Maroc, ils sont de 0.65 à 0.75 centime, c'est une concurrence déloyale", déplore celui qui emploie 30 salariés au micro de TF1. 

Le prix, premier critère des consommateurs

Sur les étals de certains marchés comme dans les rayons de la grande distribution, l'origine des tomates françaises est bien indiquée, quand c'est le cas. Mais quand elles viennent de l'étranger, la mention est souvent beaucoup plus très discrète. Et pour la majorité des clients interrogés, le premier critère de choix des produits n'est pas leur provenance. 

"Aujourd'hui avec l'inflation, forcément, on prend les moins chères, et celles qui sont les plus volumineuses, on aime en avoir dans son assiette", commente une cliente. En effet, alors que les fruits et légumes français ont pour l'instant été plutôt épargnés par l'inflation, les tomates étrangères sont tout de même environ 40% moins chères que les françaises. Et cet écart pourrait continuer de se creuser si la sécheresse s'installe dans l'Hexagone. 

Des tomates françaises épargnées par les pesticides

Mais pour Louis Boyer, représentant de la section légumes de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) de Loire-Atlantique, le prix ne devrait pas être le seul argument des acheteurs. "Dans nos tomates françaises, on sait ce qu'on met dedans, il n'y a pas de produits phytosanitaires, alors qu'au Maroc, ils n'ont pas du tout les mêmes critères qualité que nous" assure-t-il. 

Le représentant syndical plaide pour une meilleure information des consommateurs sur le respect de certaines règles sociales et environnementales. En effet, "la filière tomate est très fortement engagée dans la réduction de l'utilisation de pesticides de synthèse, à tel point qu'elle est devenue un exemple international en la matière", écrivaient les sénateurs dans un rapport d'information daté de septembre 2022, rappelant notamment l'existence en France depuis 2018 de labels "Zéro résidu de pesticides" et "Sans pesticides". 

Pour tenter de faire face à la concurrence, les maraichers demandent aux distributeurs de les aider, en diminuant leurs marges sur les tomates françaises. 


E.R. | Reportage : Thibaut Copleux, Thomas Rolnik

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