REPORTAGE - Plébiscité, mais peu rentable : le paradoxe du vin bio en France

par La rédaction de TF1info | Reportage : Didier Piereschi et David Bordier
Publié le 9 mars 2024 à 18h30

Source : JT 13h WE

En France, la filière viticole bio a fait office d'exception ces dernières années.
À rebours des secteurs du vin et du bio alimentaire, elle a affiché une croissance régulière.
Mais ces bonnes performances se sont essoufflées et certains producteurs sont en difficulté.

Des récoltes qui ont doublé en 2023 mais des revenus qui ont baissé de 40%. Christian Boisse, vigneron sur le domaine des Montèzes, à Aspiran (Hérault), pointe tout le paradoxe du vin bio en France. Cet exploitant agricole qui détient près de 40 hectares a délaissé le conventionnel il y a une dizaine d'années pour se lancer dans l'agriculture biologique. Un pari sur l'avenir et un véritable engagement. Alors que les agriculteurs se disent étranglés par les normes, elles sont encore plus drastiques dans la filière biologique : pas d'herbicide, pas d'insecticide, aucune chimie pour protéger les vignes des maladies. 

"Ça augmente la charge de travail, ça augmente la charge psychologique, une charge financière parce que ça demande de la main d'œuvre, mais ça me semblait dans mon ADN de protéger un peu la nature qui nous nourri", raconte-t-il dans le reportage du 13H de TF1 en tête de cet article. Mais si la filière du vin bio a fait figure d'exception ces dernières années par rapport à l'agriculture conventionnelle et au bio alimentaire, avec une croissance régulière, elle semble aujourd'hui s'essouffler. 

Parier sur les jeunes ?

Sur le domaine de Christian et sa femme, le bio ne paie plus. En tout cas pas dans leur principale activité de vente en coopérative. Pourtant, l'an passé, la vigne a été généreuse envers eux : "On a fait le double de récolte et on a perdu 40% de chiffre d'affaires sur le prix du raisin", explique Sabine Boisse. En cause, selon le couple, la grande distribution qui tire les prix vers le bas. En effet, si le secteur se porte bien, avec une hausse des ventes de +50% sur les six dernières années, les achats dans les hyper et supermarchés s'essoufflent. En 2023, les ventes y ont baissé de 7%, poussant les distributeurs à baisser les prix, après une croissance de 2% pour 1,2 milliard d'euros en 2022. 

"Il y a un écart qui se creuse toujours plus entre une volonté de plus de qualité et de respect de l'environnement et la demande de prix toujours inférieure dans l'alimentaire", analyse Jeanne Fabre, vigneronne, présidente du salon "Millésime bio". Pour limiter les pertes, Christian et Sabine envisagent désormais d'arracher certaines vignes et d'abandonner la grande distribution pour se concentrer sur la vente à des particuliers.

Un choix fait par Valérie Tabaries-Ibanez, vigneronne sur le domaine de Roquemale, à Villeveyrac (Hérault), il y a 17 ans. Cette conversion a "permis de développer nos ventes, d'avoir une meilleure image et que les gens soient plus en sécurité à boire nos vins". Et ça marche, selon une étude commandée par SudVinBio, une association interprofessionnelle des vignerons bio d’Occitanie, le secteur attire particulièrement les moins de 25 ans, à la recherche de conseils et qui privilégient la vente directe aux grandes surfaces. Un motif d'espoir pour toute une filière alors que la consommation de vin est en baisse constante depuis plusieurs années. 


La rédaction de TF1info | Reportage : Didier Piereschi et David Bordier

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