Les enfants entrent-ils dans l’adolescence de plus en plus jeunes ?

par Marjorie RAYNAUD pour TF1 INFO
Publié le 19 novembre 2023 à 20h00

Source : Sujet TF1 Info

Chaque année, 1 300 enfants entrent dans la puberté alors qu'ils n'ont pas encore huit ans.
Les cas de puberté précoce ont explosé durant la pandémie de Covid-19.
Les perturbateurs endocriniens sont en grande partie responsables de ce phénomène.

Chez les enfants, les premiers signes de la puberté débutent généralement entre neuf et douze ans. Une fourchette à prendre avec des pincettes puisque l’âge de la puberté est, en partie, déterminé génétiquement. On parle néanmoins d’adolescence précoce si les premiers signes de puberté apparaissent chez la fille entre huit et dix ans ou chez le garçon entre neuf et onze ans, comme l’indique l’Assurance maladie. Chez certains enfants, ils se manifestent bien plus tôt, dès l’âge de cinq ans. Alors, comment déceler si son garçon ou sa fille est concerné par ce phénomène d’adolescence précoce, et surtout, quelles sont les causes principales ?

Quels sont les signes d’une puberté précoce d’un point de vue médical ?

Parents, plusieurs signes peuvent attirer votre attention. Chez les deux sexes, on peut notamment observer une accélération de la vitesse de croissance supérieure à neuf cm par an. En ce qui concerne les petites filles, ce sera l’arrivée des règles avant l’âge de neuf ans, le gonflement des seins et l’apparition de poils pubiens. Chez les garçons, l’Assurance maladie recommande d’effectuer un diagnostic chez un médecin si vous constatez un développement précoce des testicules (parfois d’un seul côté), et la présence de poils pubiens avant neuf ans. De façon générale, la puberté précoce est beaucoup plus rare chez les garçons que chez les filles.

Pourquoi les enfants deviennent-ils des adolescents plus tôt que par le passé ?

Selon une étude publiée dans Journal of the Endocrine Society (2023), le nombre d’enfants concernés par la puberté précoce est en forte augmentation. Les cas ont notamment explosé durant la période de pandémie de Covid-19, durant laquelle le mode de vie des plus jeunes a été bouleversé. Entre 2015 et 2019, moins de 10 cas par an étaient rapportés, un chiffre élevé à 23 durant l'année 2020, puis à 30 en 2021. Comme le relatent les auteurs, les perturbateurs endocriniens, l'utilisation croissante des appareils numériques ainsi que la réduction de l'activité physique quotidienne représentent des facteurs de risque possibles.

Psychologiquement, les enfants grandissent-ils aussi plus vite ?

C’est un constat que l’on fait dans de nombreuses familles : les enfants semblent grandir plus vite. Il faut dire qu’avec l’accès aux réseaux sociaux et aux nombreuses informations qui en découlent, ils sont influencés par ce qu’ils voient. Les petites filles veulent s’habiller, se coiffer et se maquiller comme leurs idoles, tandis que les garçons sont impatients de devenir les hommes virils qu’ils admirent. De ce fait, les crises d’adolescents peuvent arriver plus tôt. S’ils ont le sentiment de devenir des grands, ils restent de très jeunes adultes en quête de leur propre identité.

Quels examens faut-il faire pour savoir si son enfant est concerné ?

Pour qu’un diagnostic de puberté précoce soit posé, il est nécessaire de consulter un professionnel de santé. Et pour cause, des règles avant neuf ans ne suffisent pas forcément à attester de ce phénomène chez une petite fille. Cet élément doit notamment être associé à un développement mammaire, une augmentation de la vitesse de la croissance et une pilosité pubienne. De plus, les tests peuvent être poussés plus loin avec la réalisation d’un bilan biologique visant à observer la taille de l’utérus et le volume ovarien. Les spécialistes peuvent aussi lui faire passer une radiographie du poignet afin de déterminer son âge osseux.

Chez les garçons, une augmentation du volume testiculaire peut alerter les médecins si ce signe est couplé aux arguments biologiques et à l'âge osseux. Dans les deux cas, une IRM cérébrale peut être proposée par les professionnels de santé pour vérifier l’absence de tumeur ou de kyste au niveau de l’hypophyse, une glande impliquée dans le déclenchement de la puberté.


Marjorie RAYNAUD pour TF1 INFO

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