Non, l'Éducation nationale ne fait pas passer un brevet de natation dans les cours d'écoles

Publié le 29 mars 2021 à 15h16, mis à jour le 2 avril 2021 à 13h50
La fermeture des piscines empêche la tenue de multiples activités avec les scolaires.
La fermeture des piscines empêche la tenue de multiples activités avec les scolaires. - Source : Thomas SAMSON / AFP

POISSON D'AVRIL - Une initiation à la nage organisée dans les cours d'école faute de piscines ouvertes ? Des internautes se sont laissé piéger par ce poisson d'avril publié avant l'heure sur les réseaux sociaux.

De nombreux parents d'élèves partagent leur incompréhension face aux mesures prises dans les établissements scolaires en marge de l'épidémie de Covid-19. Ces derniers jours, une publication a notamment été relayée sur Facebook pour s'étonner de la tenue d'une initiation à la nage, organisée sur la terre ferme à défaut de pouvoir disposer de piscines ouvertes à proximité, en raison des fermetures imposées par le virus. 

Le document en question, agrémenté d'un logo de l'académie de Clermont-Ferrand, stipule que tous les élèves "doivent passer une épreuve de natation", à l'issue de laquelle une attestation de "savoir-nager" leur sera délivrée. "Les piscines étant fermées cette année, les épreuves se dérouleront en salle ou dans la cour", apprend-on. Au programme : "Plongeon, brasse sur chaise, planche sur le sol". Notez que les enfants sont invités à répondre à ce rendez-vous en apportant leur "bonnet de bain" et leurs "lunettes de piscine". Sauf que la date de convocation est fixée au 1er avril... Et qu'il s'agit d'un poisson partagé avec quelques jours d'avance. 

Derrière la boutade, de vrais enjeux

"Ils ne savent plus quoi inventer. Juste de la provocation", réagit une internaute. "Ça me laisse perplexe car [...] le savoir nager se réalise en plusieurs étapes avec immersions, déplacement ventral/dorsal...", glisse une autre. Une dernière dénonce pour sa part une décision absurde de "la start-up nation". Sollicitée par LCI, le ministère de l'Éducation nationale confirme les soupçons mis en avant dans les commentaires et en appelle au "bon sens" sur les réseaux sociaux.

Il signale par ailleurs que le logo utilisé sur ce faux document est en réalité une "version très ancienne", ce qui peut se vérifier en consultant le site de l'académie de Clermont-Ferrand. Des documents officiels rappellent qu'inscrite "dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, l’acquisition du savoir-nager est une priorité nationale". Objet d'un arrêté publié en 2015, "il correspond à une maîtrise du milieu aquatique et ne doit pas être confondu avec les activités de la natation sportive. L’acquisition des compétences en natation se fait sous la responsabilité des enseignants dans le respect des consignes de sécurité." L’objectif pour les élèves est d'obtenir l’ASSN (attestation scolaire du savoir nager) à l'issue du cycle 3, soit à la fin de l'année de 6ᵉ.

La fermeture des piscines vient logiquement compliquer la tenue de ces initiations à la natation. Un problème majeur puisque pour beaucoup d'enfants, l'apprentissage de la nage s'opère grâce à l'école. La ministre des Sports, Roxana Maracineanu (elle-même ancienne nageuse médaillée olympique) a fait part de sa préoccupation. Au Parisien, elle a rappelé que "depuis le 15 janvier, seuls des publics prioritaires, dont les athlètes de haut niveau, les éducateurs et les personnes détenant une prescription médicale, peuvent avoir accès aux piscines publiques".

De fait, "l'apprentissage de la natation scolaire a été amputé", poursuit-elle. Problématique "à l'approche de l'été", avec "le fléau des noyades qui est en constante augmentation à cette période". Elle glisse en passant que chaque année, ce sont environ 1000 personnes qui se noient, de quoi pousser la puissance publique à agir. Roxana Maracineanu a ainsi annoncé "le déploiement de bassins d'apprentissage de 4 mètres par 8 dans les écoles et les gymnases, en accord avec les rectorats". Une mesure déjà en place, mais qui sera renforcée. Et à laquelle s'ajoute notamment le déblocage de fonds supplémentaires, pour garantir que ces équipements ne soient pas imputés aux établissements. 

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Thomas DESZPOT

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