Un an de guerre en Ukraine : d'Azovstal à la lettre Z, l'abécédaire du conflit

par F.Se avec AFP
Publié le 14 février 2023 à 13h43

Source : TF1 Info

Le 24 février 2022, à 4h du matin, débutait l'offensive de l'armée russe en Ukraine.
Un an d'un conflit d'un type inédit depuis 1945 en Europe.
Avec la guerre, c'est aussi tout un nouveau vocabulaire qui s'est imposé dans notre quotidien.

Dans la nuit du 24 février 2022, se déclenche ce que beaucoup redoutaient depuis des mois, en observant les mouvements de troupes russes à la frontière ukrainienne. À 4h00 du matin, une pluie de bombes s'abat sur Kiev. 1h30 plus tard, Vladimir Poutine confirme à la télévision russe le début de l'invasion de l'Ukraine, qu'il présente alors comme une "opération militaire spéciale". Depuis un an, la guerre est de retour en Europe, sous une forme inédite depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Le conflit, avec ses répercussions sur les économies européennes, s'est installé dans nos préoccupations quotidiennes, avec un cortège de mots nouveaux ou inusités. Petit tour d'horizon de ce lexique de la guerre.

A comme Azovstal

C'est le nom d'un gigantesque complexe sidérurgique, de la ville portuaire de Marioupol, sur la mer d'Azov. Des soldats ukrainiens y ont tenu tête pendant des mois aux envahisseurs russes, avant de capituler. Azov est aussi le nom du régiment de la majorité de ces combattants, qualifiés de "nazis" par la rhétorique du Kremlin. Azovstal est désormais le symbole de la résistance ukrainienne, et ses derniers défenseurs sont tenus pour des héros par tout le pays.

B comme Boutcha

On ignorait tout de cette banlieue du nord de la capitale ukrainienne, avant la guerre. Lors du retrait de l'armée russe de la région de Kiev, pour un redéploiement au sud et à l'est du pays, c'est à Boutcha que l'on a découvert les premières traces de ses exactions. Le 2 avril, le monde entier découvrait avec horreur les premiers clichés de corps de civils exécutés, certains les mains liées dans le dos, jonchant les rues de la ville. Plusieurs ONG internationales ont rassemblé à Boutcha les preuves de nombreux crimes de guerre.

20h Spéciale Ukraine : un an de guerreSource : TF1 Info

C comme Caesar

La France a livré plusieurs exemplaires à l'Ukraine de ce canon automoteur, un des fleurons de son artillerie. "Caesar" est l'orthographe latine de "César", mais c'est aussi l'acronyme de "CAmion Equipé d’un Système d’ARtillerie". Il s'agit d'un canon de 155 mm, long d'environ 8 mètres, installé sur un camion, et disposant d'une excellente mobilité. Développé dans les années 1990, le canon Caesar entre en action pour la première fois en 2009 en Afghanistan, mais est devenu lors de la guerre d'Ukraine un enjeu géopolitique et politique majeur.

Himars

Ce système américain de lance-roquettes mobile de haute précision a été fourni à l'Ukraine en juin 2022, devenant une pièce maîtresse des contre-offensives ukrainiennes, réussies pendant l'été et l'automne. Avec ses munitions d'une portée de quelque 80 km, les Himars ont ravagé les chaînes logistiques russes et les dépôts de munitions, contraignant notamment l'armée russe au repli dans la région de Kharkiv (nord-est) et à abandonner la ville de Kherson (sud). Depuis, Moscou a placé ses entrepôts hors de portée de ces systèmes, et les forces ukrainiennes exhortent les Occidentaux à leur livrer des roquettes pouvant frapper plus loin. Après des mois d'hésitation, les États-Unis ont promis d'en envoyer. 

M comme Mobiki

Ce terme familier est utilisé en Ukraine pour désigner les centaines de milliers de réservistes russes, mobilisés à partir de septembre 2022 par Vladimir Poutine pour consolider ses lignes après une série d'humiliants revers. Les Mobiki sont des hommes souvent mal formés et pauvrement équipés, qui comptent sur leurs proches pour leur envoyer du matériel parfois basique. Selon Kiev, Moscou les a placés au cœur d'une stratégie fondée sur la supériorité numérique : les Mobiki seraient en fait la "chair à canon" de l'armée russe, qui les envoient par vague pour affaiblir les lignes ukrainiennes, peu importe les pertes.

O comme orques

J.R.R. Tolkien ne pouvait pas imaginer que le nom qu'il avait choisi pour désigner des créatures humanoïdes laides et cruelles, les Orques, qui constituent l'armée des ténèbres de son œuvre, le Seigneur des anneaux, serait un jour utilisé par les Ukrainiens pour qualifier les soldats russes. Tolkien se référait lui-même à une expression apparue dans le "Beowulf", un poème épique du Haut Moyen-Âge, mais c'est la popularité de la trilogie cinématographique Le Seigneur des Anneaux, connue mondialement, qui a permis l'arrivée de ce terme médiéval au cœur du conflit ukrainien.

Les Orques, parfois retranscrits "Orcs" ou "Orks" à l'anglaise, sont un surnom péjoratif d'abord apparu en ligne, mais désormais régulièrement utilisé dans les communiqués officiels ukrainiens. De son côté, Vladimir Poutine a semblé lui aussi recourir à une référence au Seigneur des Anneaux en offrant, en décembre dernier, huit bagues aux dirigeants des pays alliés de la CEI.

S comme SVO

"SVO" est l'acronyme russe de l'"Opération militaire spéciale", le terme officiel du Kremlin pour désigner son offensive en Ukraine. Une loi a même été votée, permettant de réprimer l'usage des mots "guerre" ou "invasion" dans le contexte ukrainien. Si le terme de "guerre" est désormais utilisé même sur les plateaux de la télévision d'État, il est exclusivement réservé à nommer celle que mèneraient les Occidentaux contre la Russie.

U comme Ukronazi

"Ukronazi" est un terme né dans les cercles russes les plus bellicistes, en droite ligne de la rhétorique imposée par le Kremlin pour décrire l'offensive. Vladimir Poutine justifie en effet l'invasion par la nécessité de "dénazifier" l'Ukraine, accusée de vouloir anéantir la population russophone. Un vocable qui permet de situer son action en droite ligne de la "Grande guerre patriotique", l'expression par laquelle la Russie désigne la Seconde guerre mondiale, et glorifie sa résistance contre l'armée allemande.

Z comme... ?

La mystérieuse lettre "Z", ornant nombre de véhicules militaires russes engagés en Ukraine, est devenue un symbole de l'invasion, pour ses partisans comme pour ses adversaires. Pour les premiers, c'est un signe de ralliement, apposé sur les bâtiments publics et les voitures, ou arboré sur les vêtements. Pour les seconds, le "Z" est l'emblème du régime de Vladimir Poutine, au même titre que la croix gammée hitlérienne, ce qui lui vaut en Ukraine la désignation de "Zwastika". 

S'il a été repéré dès les premières heures de l'offensive, l'emploi de la lettre Z -absente de l'alphabet cyrillique- sur le matériel militaire russe demeure énigmatique, et fait l'objet de nombreuses interprétations, dont aucune ne se détache vraiment. 


F.Se avec AFP

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