En Grèce, le nouveau visage de la gauche est un ancien trader de Goldman Sachs

par TD avec AFP
Publié le 25 septembre 2023 à 13h06

Source : Sujet TF1 Info

Parfois comparé à la France insoumise, le parti de gauche grec Syriza a élu dimanche son nouveau dirigeant.
Le profil de Stefanos Kasselakis détonne : à 35 ans, cet homme d'affaires a été trader chez Goldman Sachs pendant cinq ans.
Exilé aux États-Unis durant son adolescence, il doit désormais tenter de redresser un parti à la dérive.

En proie à des conflits internes, largement battu au cours des élections législatives successives de mai et juin, le parti de gauche grec Syriza traverse une période de crise. C'est dans ce contexte tendu que son nouveau dirigeant a été élu ce dimanche, avec 56% des voix. Encore inconnu en Grèce voilà quelques semaines, Stefanos Kasselakis a créé la surprise après le retrait d'Alexis Tsipras. Il faut dire que son profil détonne, et pas uniquement en raison de sa carrure d'athlète : longtemps exilé aux États-Unis et marié à un homme, il affiche surtout à 35 ans un passé d'ancien trader, au sein de la banque Goldman Sachs.

Exilé au États-Unis quand il avait 14 ans

Homme d'affaires, Stefanos Kasselakis vivait il y a peu à Miami. Malgré une expérience quasi nulle en politique, il s'est imposé face à l'ancienne ministre du Travail d'Alexis Tsipras, Effie Achtsioglou. Cette victoire a pris une tournure symbolique puisqu'il est ainsi devenu le premier responsable politique ouvertement gay à prendre la tête d'une formation politique en Grèce. L'intéressé n'hésite en effet pas à évoluer aux côtés de son époux américain, infirmier urgentiste. De quoi rompre avec un conservatisme encore très présent dans la société grecque : Athènes n'autorise en effet pas le mariage des couples de même sexe, tandis que des responsables de l'Église orthodoxe tiennent encore des discours très durs à l'encontre des personnes homosexuelles.

Stefanos Kasselakis n'a fait son apparition dans le paysage politique grec que très récemment. Une large part de la population a d'ailleurs découvert son visage il y a un mois à peine, lorsque ce grand gaillard a annoncé via une simple vidéo à la toute dernière minute son souhait de candidater à la présidence de Syriza. De retour dans son pays – il l'avait quitté à 14 ans pour se rendre aux États-Unis –, le trentenaire maîtrise à merveille les codes de la communication. Il a su exploiter pleinement les réseaux sociaux et bénéficié d'une certaine fascination des médias grecs à son égard. Après être arrivé en tête du premier tour du scrutin pour la tête de son parti, les télévisions accompagnent le moindre de ses déplacements : café matinal, sortie de la gym, ou bien encore accueil de sa mère à l'aéroport.

Une campagne éclair

La victoire de Stefanos Kasselakis n'avait de prime abord rien d'évident : à 21 ans, tout juste diplômé d'une université de Pennsylvanie (États-Unis), il débutait en effet sa carrière professionnelle au sein de la banque d'investissement américaine Goldman Sachs, se spécialisant dans les matières premières. Rien d'incompatible à ses yeux avec la direction d'un parti de gauche : cette expérience de cinq lui a, assure-t-il, permis de "constater ce qu'est le capital", c'est-à-dire "acheter le travail d’autrui à moindre coût" et mesurer "l'arrogance que l'argent apporte".

Au cours de sa campagne éclair, il a développé certaines des idées qui lui sont chères. Le nouveau dirigeant de Syriza prône entre autres une séparation de l'Église et de l'État ou l'abolition du service militaire obligatoire. Dans le même temps, il entend mettre l'accent sur la défense de l'environnement, alors que la Grèce affiche un retard criant en la matière. Il lui faudra avant cela parvenir à relever un parti divisé, marqué par des défaites électorales et des tensions.


TD avec AFP

Tout
TF1 Info