Ultralibéral, anti-avortement, climatosceptique… qui est Javier Milei, le nouveau président de l'Argentine ?

Publié le 22 octobre 2023 à 13h55, mis à jour le 20 novembre 2023 à 9h44

Source : TF1 Info

Dimanche, l'Argentine a choisi comme président l'économiste ultralibéral Javier Milei.
Ce dernier, admirateur de Donald Trump, veut notamment libéraliser la vente d'armes, interdire l'avortement et a même envisagé l'ouverture d'un marché de la vente d'organes.

Cheveux en bataille et rouflaquettes épaisses, celui que l'on surnomme le "Trump argentin" souhaitait dégager "à coups de pieds au cul" la "caste politique qui parasite" l'Argentine depuis 30 ans et "tronçonner" l'État. Ce dimanche 19 novembre, Javier Milei, économiste d'extrême droite de 53 ans, a été largement élu face au ministre centriste de l'Économie Sergio Massa de plus de onze points. Il a obtenu 55,6% des voix, contre 44,3% pour son adversaire, selon des résultats officiels partiels avec 99% des voix décomptés. Portrait de celui qui prendra le pouvoir le 10 décembre prochain. 

La tronçonneuse en emblème

Le parcours politique de Javier Milei débute en 2021. Fondateur du parti "La Libertad Avanza" ("la Liberté avance"), il est élu député à Buenos Aires. Avant cela, celui qui se décrit lui-même comme "anarcho-capitaliste" poursuivait une carrière d'économiste et défendait déjà, sur les plateaux de télévision, sa vision libertarienne, rejetant toute intervention de l'État.  

C'est en août dernier que cet outsider a créé la surprise en arrivant en tête de la primaire présidentielle. Très présent sur les réseaux sociaux, Javier Milei a trouvé un écho avec un discours de méritocratie et de dégagisme auprès d'un électorat populaire, jeune, désabusé par les partis classiques d'un pays en proie à une inflation galopante (138 % sur un an) et à une pauvreté grandissante. 

Devant ses partisans, Javier Milei adopte une allure de showman, arrive sur la scène de ses meetings sur fond de hard-rock, accumule les phrases grossières et autres envolées brutales pour défendre ses idées, et n'hésite pas à brandir, lors d'un bain de foule, une tronçonneuse, emblème des coupes qu'il envisage de faire dans les services publics s'il accède au pouvoir.

Javier Milei, favori de l'élection présidentielle du dimanche 22 octobre en Argentine, avec une tronçonneuse à La Plata, dans la province de Buenos Aires, le 12 septembre 2023.
Javier Milei, favori de l'élection présidentielle du dimanche 22 octobre en Argentine, avec une tronçonneuse à La Plata, dans la province de Buenos Aires, le 12 septembre 2023. - MARCOS GOMEZ / AG LA PLATA / AFP

Libéraliser la vente d'armes... et d'organes

Javier Milei n'est d'ailleurs pas avare en prises de position clivantes lorsqu'il détaille son programme. Le "lion", symbole de sa campagne en référence à sa coiffure ébouriffée, veut "dynamiter" la Banque centrale argentine, promet dérégulation et privatisations, souhaite en finir avec la justice sociale qu'il qualifie d'"aberration" responsable du "déficit budgétaire". Il prône même la "dollarisation" de son pays, soit le remplacement de la monnaie nationale par la devise américaine. 

Le favori des sondages, mu par sa soif de liberté pour les citoyens, ne s'arrête pas là : il veut libéraliser la vente d'armes et a même envisagé l'ouverture d'un marché de la vente d'organes. Mais cette liberté ne concerne visiblement pas toute la population. Javier Milei répète en effet son opposition à l'avortement, légal depuis trois ans en Argentine, qu'il désigne comme un "assassinat aggravé par ascendant".

Javier Milei semble enfin habitué des polémiques, comme lorsqu'il a contesté, lors d'un débat pendant la campagne, le chiffre généralement admis de 30.000 morts et disparus sous la dictature argentine (1976-1983), affirmant qu'il y en avait eu moins de 9000. Autre fait qu'il nie farouchement : la responsabilité humaine dans le changement climatique. Une position qu'il partage avec Donald Trump et Jair Bolsonaro, anciens présidents américain et brésilien, deux figures qu'il érige justement en modèles. Conscient de choquer - comme lorsqu'il insulta le pape - Milei a baissé le ton après le premier tour de la présidentielle, où l'avait devancé son rival centriste Sergio Massa. Moins d'apparitions, moins tranchées, et un message : "n'ayez pas peur du changement". "Nous n'allons pas privatiser la santé, pas privatiser l'éducation", assurait-il dans son dernier clip avant d'être élu pour quatre ans président de l'Argentine.


La rédaction de TF1info

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