Crise sécuritaire en Équateur : Daniel Noboa, le président qui déclare la guerre aux cartels

Publié le 11 janvier 2024 à 17h01
Crise sécuritaire en Équateur : Daniel Noboa, le président qui déclare la guerre aux cartels
Source : AFP

L'Équateur est entré mercredi en "état de guerre" contre les narcotrafiquants, a prévenu son président, Daniel Noboa.
Un défi colossal pour ce jeune chef d'État, arrivé au pouvoir en novembre dernier.

Une élection sans état de grâce. À la tête de l'Équateur depuis moins de deux mois, Daniel Noboa affronte déjà le plus grand défi de son mandat : battre les narcotrafiquants et ramener "la paix". Un obstacle de taille pour ce fils de milliardaire, devenu le plus jeune président de l'histoire du pays.

Daniel Noboa a en effet pris les rênes de l'Équateur à l'âge de 36 ans, avec à peine deux ans d'expérience politique comme député. L'homme connait néanmoins bien le milieu : il est le fils d'Alvaro Noboa, un milliardaire qui a fait fortune dans l'exportation de bananes et s'est présenté en vain cinq fois à la présidentielle. S'il a accumulé les échecs à l'investiture suprême, l'homme d'affaires a donné toutes les chances à son fils pour y parvenir : ce dernier a étudié dans les meilleures universités américaines. À 18 ans, il crée sa première entreprise dans l'évènementiel, avant de rejoindre ensuite la Noboa Corporation, l'entreprise familiale. Marié à une influenceuse en nutrition, il est père de deux fils.

Un gilet pare-balles pour le débat de la présidentielle

Sa course vers le pouvoir avait pourtant mal débuté, lui qui était en retrait dans les sondages à l'approche du scrutin marqué par l'assassinat d'un des principaux candidats. Mais il a peu à peu réussi à renverser les prédictions, notamment en ciblant les 18-29 ans, qui représentent 25% de l'électorat. Daniel Noboa a ainsi privilégié les réseaux sociaux, tels TikTok et Instagram, pour communiquer. Il a également réussi à marquer les esprits en arrivant à l'unique débat présidentiel avec un gilet pare-balles, alléguant des menaces de mort. Son discours clair, évitant la confrontation et prônant l'ouverture, a finalement fait mouche auprès de nombreux indécis.

En fonction jusqu'au terme du mandat théorique du président sortant Guillermo Lasso, qui avait convoqué des élections anticipées pour éviter sa destitution sur fond d'accusations de corruption, Daniel Noboa envisage déjà sa réélection en 2025. Encore faut-il qu'il réussisse à faire baisser la criminalité. Pour ce faire, outre l'état d'urgence et "la mobilisation de l'armée et la police" pour résoudre "le conflit armé interne" déclenché par l'évasion du narcotrafiquant "Fito", Daniel Noboa propose pêle-mêle la "militarisation des ports et des frontières, de protéger les voies stratégiques d'exportation et de commerce". Son grand projet étant de créer une agence du renseignement national qui chapeautera tous les organes de renseignement, y compris l'administration pénitentiaire (SNAI).

Il a également annoncé la construction de deux prisons de haute sécurité en Amazonie et sur la côte Pacifique, sur le modèle de celle de 40.000 places construites par le président salvadorien Nayib Bukele dans le cadre de sa "guerre" contre les gangs. Noboa veut ainsi séparer les détenus les plus dangereux, afin de mettre un terme aux massacres qui ont eu lieu dans les prisons du pays, causant la mort de 460 prisonniers depuis février 2021. Pour arriver à ses fins, le président ne recule devant rien, voulant édifier des prisons de haute sécurité sur des bateaux et au milieu de la jungle. Malgré la crise qui secoue son pays, Daniel Noboa joue pour le moment la carte de la fermeté : il a encore martelé mercredi avoir pris "les mesures nécessaires que personne ne voulait prendre ces dernières années. Et pour ça, il faut des couilles de la taille d'un œuf d'autruche".


Thomas GUIEN

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