VIDÉO - Difficile d'accès, submergée par les touristes : Venise face au casse-tête des déchets

par M.B | Reportage TF1 : François-Xavier Ménage, Maud Gatineau et Bernard Bédarida
Publié le 5 août 2023 à 21h54, mis à jour le 6 août 2023 à 9h45

Source : JT 20h WE

La gestion des déchets est un défi majeur pour les sites touristiques en cette période estivale.
À Venise, cela relève même de l'aventure, car la ville est l'une des plus difficiles d'accès.
Les déchets sont collectés manuellement, tôt le matin.

Vue depuis la mer, Venise n'est que calme et volupté. C'est oublié un peu vite qu'au quotidien, des centaines d'agents de propreté œuvrent derrière le rideau. Il faut dire que chaque année, 55.000 tonnes de déchets sont collectées dans la Sérénissime et que leur gestion représente un véritable casse-tête pour les autorités de la ville. 

Souvent, on retrouve aussi des excréments, pas seulement des animaux
Un agent d'entretien de Venise

Comme si c'était une salle de musée, la place Saint-Marc est lustrée dès 6 heures du matin par plusieurs agents d'entretien, avant que des milliers de voyageurs ne déferlent. "Ils arrivent en début de journée, ils amènent leur nourriture, la consomment sur place et ils abandonnent tout ici", explique un agent d'entretien rencontré par les équipes de TF1 dans le reportage en tête de cet article. "Souvent, on retrouve aussi des excréments, pas seulement des animaux", raconte-t-il.

Concernant la collecte des déchets, deux options à Venise : soit vous venez vous-même tôt le matin déposer vos sacs-poubelle, soit les agents de propreté viennent à vous. Mais il faut pour cela ouvrir la porte très tôt le matin, les poubelles n'ayant pas le droit d'être laissées dehors. À Venise, les déchets sont collectés manuellement, entre 7 heures et 10 heures. Un travail dans un labyrinthe. Les chemins sont parfois très compliqués pour accéder aux différents sites et les employés sont priés d'aller vite, avant que le public n'arpente le vieux centre.

Pas des camions mais des "bateaux-poubelles"

Au quotidien, c'est un rythme exténuant. "On est obligés de vider tous nos contenants puis de repartir dans la foulée ailleurs. C'est un va-et-vient permanent, un vrai marathon", souffle Daniele Vianello, agent de propreté. Un marathon qui amène invariablement à décharger les chariots au pied des canots, où attendent non pas des camions mais des "bateaux-poubelle". Un immense bac pour les ordures ménagères, un autre pour le recyclage, chaque opération s'effectue manuellement.

Pendant ce temps, les bateaux-poubelle doivent avoir quitté la cité des Doges avant midi tapante. Sur le chemin, ils rencontrent parfois des gondoliers. Tout cela a un coût pour le contribuable. La gestion des déchets, c'est presque un euro par jour et par foyer vénitien. 

La course s'arrête dans la Lagune. Chaque bateau-poubelle livre sa cargaison vers une immense péniche qui va elle-même rejoindre, 15 kilomètres plus loin, un centre de traitement sur la terre ferme. "Au total, il y a au moins 500 personnes mobilisées pour que Venise soit toujours parfaitement propre", précise Riccardo Seccarello, porte-parole de l'entreprise Veritas. Un immense défi alors que, chaque année, la pression touristique bat des records. Dans les années 1950, il y avait 50.000 touristes chaque année, contre 30 millions de touristes annuels aujourd'hui. Les conséquences pour les poubelles sont évidentes.

Des contrôleurs de propreté en civil

C'est même devenu une priorité pour la municipalité, qui refuse cependant de trop taper sur les vacanciers. "Je pense que le problème ce ne sont pas les touristes, mais ceux qui ne sont pas bien élevés. Je ne fais de distinction entre la personne qui habite notre ville et celle qui la visite", considère Massimiliano de Martin, adjoint au maire de Venise chargé de l'environnement. "Chacun doit se comporter comme s'il était dans sa propre maison."

L'une des solutions, ce sont ces deux individus habillés en civil, qui arpentent les ruelles vénitiennes le plus discrètement possible. Leur métier : contrôleurs de propreté. Lorsqu'ils arrivent devant un restaurant, ils demandent : "C'est à vous ça ? Attention, ces déchets ne doivent pas être exposés à l'extérieur, vous les ramenez à l'intérieur". Si la même erreur se répète dans les prochains jours, "l'amende est de 166,67 euros".

L'an dernier, Venise a dressé 450 contraventions liées aux déchets, soit 75.000 euros récoltés. De quoi alimenter financièrement l'éternelle et nécessaire cure de beauté de la cité des Doges.


M.B | Reportage TF1 : François-Xavier Ménage, Maud Gatineau et Bernard Bédarida

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