VIDÉO - Surtourisme à Venise : l'Italie face à l'ultimatum de l'Unesco

par N.K | Reportage TF1 Elena Despatureaux, Noélie Clerc
Publié le 1 octobre 2023 à 23h39

Source : JT 20h WE

L'Unesco donne encore neuf mois à l'Italie pour sauver la cité des Doges, menacée par un tourisme trop important.
En raison de ce surtourisme, Venise va rendre son accès payant.
La ville fait également face aux effets du changement climatique.

Venise en sursis. Après avoir recommandé de placer la cité des Doges sur la liste du patrimoine mondial en péril, l'Unesco a finalement donné neuf mois à l'Italie pour sauver la ville. Selon l'institution onusienne, le gouvernement transalpin ne prend pas les mesures nécessaires pour lutter contre les conséquences du surtourisme.

Alors, dans un centre de contrôle ultra-moderne installé dans les locaux de la police vénitienne, les autorités préparent déjà leur plan d'attaque. Au cœur de ces bureaux,  afin de réguler les flux, 650 caméras suivent en temps réel chaque touriste grâce aux données téléphoniques.

Payer pour visiter Venise

"C'est notre œil sur la ville. Ici, on contrôle tout ce qu'il se passe aussi bien sur la lagune que dans le centre historique", explique Simone Venturini, adjoint au maire de Venise en charge du tourisme. Face à la pression de l'Unesco, la municipalité a d'ailleurs pris une mesure forte : rendre l'accès payant dès le printemps prochain. Une première au monde. Chaque touriste devra donc débourser 5 euros pour entrer dans Venise et ainsi pouvoir visiter la place Saint-Marc, admirer le palais des Doges ou encore monter à bord de l'une des nombreuses gondoles de la Sérénissime

"L'argent collecté sera investi pour restaurer le patrimoine du centre historique et il servira à améliorer les services publics, aussi bien pour nos concitoyens que pour les visiteurs", assure Simone Venturini.

L'explosion du nombre de locations touristiques

Chaque année, Venise accueille 30 millions de visiteurs. C'est 600 fois plus que le nombre d'habitants locaux. Dans le centre-ville, le bruit des valises des touristes résonne. Un véritable cauchemar pour Francesco Bergamo Rossi, habitant de Venise. Sous ses fenêtres, les visiteurs se pressent dans les rues étroites de la Reine de l'Adriatique. 

Dans l'immeuble du Vénitien, il n'y a plus que des locations touristiques. Alors, il a décidé de déménager en dehors du centre. "Je suis né ici, en 1967, et Venise est encore gérée comme dans les années soixante. Mais à l'époque, on avait 5 millions de touristes, et maintenant, il y en a 27 millions", déplore Francesco Bergamo Rossi.

En seulement 50 ans, Venise a perdu les deux tiers de ses habitants. Et pour la première fois dans l'histoire de Venise, le nombre d'hébergements touristiques a dépassé le nombre d'habitants, en septembre. Alors, un collectif de citoyens vénitiens, l'association Ocio, veut alerter les pouvoirs publics. Car selon ce collectif, la multiplication des locations touristiques a des conséquences directes sur le quotidien des Vénitiens : les écoles et les commerces ferment et sont remplacés par des boutiques de souvenirs. 

"C'est un cercle vicieux parce qu'il y a de plus en plus de touristes, mais de moins en moins de services publics. Donc les habitants n'arrivent plus à vivre et fuient la ville", fustige Francesco Penzo, membre d'Ocio.

L'inquiétude liée au sort de la lagune

Et si Venise venait à disparaître ? Les dégâts du surtourisme sont aussi visibles sur l'eau. Selon Andrea Rinaldo, ingénieur et hydrologue, le trafic maritime abime les palais. "Il y a plus de vagues à cause des bateaux à moteur", indique l'hydrologue, inquiet pour l'avenir de la cité italienne. En un siècle, celle-ci s'est affaissée de 25 cm. Mais selon lui, la principale menace est la montée des eaux causée par le réchauffement climatique. 

Le temps est donc compté. Pire, la lagune, poumon de Venise, est en danger. Lorsque la marée se retire, la pollution est visible. En circulant près de cette lagune, Luigi Lazzaro, membre de l'association environnementale italienne Legambiente, remarque, au sol, des bouts de plastique et du polystyrène. "En très peu de temps, on ramasse plusieurs kilos de déchets, rien qu'en se promenant ici", condamne-t-il. 

Le militant écologiste point notamment du doigt la zone industrielle, la troisième plus grande d'Italie, et l'aéroport, situé à quelques mètres. "Le danger, c'est l'agrandissement de l'aéroport. On va passer à 21 millions de passagers par an, soit le double d'aujourd'hui. C'est évidemment contraire au développe durable", souligne-t-il. Autant d'éléments que les experts de l'Unesco étudieront dans les prochains mois. Ils rendront leur nouveau rapport au printemps prochain.


N.K | Reportage TF1 Elena Despatureaux, Noélie Clerc

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