JO 2024 : face au manque d'agents de sécurité, le recours à l'armée se précise

par Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Jean-Marie Bagayoko, Axel Charles-Messance, Simon Humblot
Publié le 17 novembre 2023 à 11h43

Source : JT 20h Semaine

Pour assurer la sécurité des Jeux Olympiques de Paris 2024, les organisateurs recherchent 25.000 agents privés.
À moins d’un an de la cérémonie d’ouverture, l'urgence s'accentue et une hypothèse fait son chemin : celle d’un recours à l’armée.
Une équipe de TF1 a mené l'enquête.

"Une personne formée, je la récupère et je lui propose du travail tout de suite ! On a besoin de tout le monde, hommes, femmes, étudiants, retraités… Tout le monde peut rejoindre les métiers de la sécurité." Mustapha Abba-Sany, PDG du groupe S3G, société de sécurité privée, ne passe pas par quatre chemins. Il faut dire que le temps presse : ce secteur d’activité souffre d’une pénurie de main d’œuvre plus problématique que jamais à l’horizon des Jeux olympiques et paralympiques de l’été 2024, durant lesquels 40 sites seront à sécuriser. Au point que le gouvernement, désireux d’éviter à tout prix une résurgence des images chaotiques du Stade France le 28 mai 2022, en marge de la finale de la Ligue des champions, envisage de plus en plus sérieusement de faire appel aux réserves opérationnelles de la gendarmerie et de l’armée, pour pallier ce manque d’effectifs.

"Ce n’est pas du tout un sujet tabou", déclarait à ce sujet, dès le 25 juillet dernier, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, sur France Inter. Pour assurer la sécurité des Jeux, les organisateurs recherchent encore 25.000 agents privés, multipliant les opérations de recrutement, comme celle que montre le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. Les candidats doivent justifier d'un casier judiciaire vierge, d'un bon niveau de français, mais pas que. "Il faut avoir au moins cinq ans d’ancienneté avec un titre de séjour pour pouvoir faire la formation, nous précise un recruteur. Beaucoup ne remplissent pas ces conditions."

Pour faciliter les embauches dans ce secteur clé, le gouvernement a décidé de raccourcir la formation initiale, qui est passée de 175 à 106 heures, entièrement prise en charge par l’État. Aujourd’hui, la plupart des apprentis sont même recrutés avant la fin de ladite formation. Mais le salaire de base, d’environ 1.350 euros net, pour se retrouver en première ligne face à des risques multiples, s’avère rédhibitoire pour créer un afflux de nouvelles candidatures. 

"On peut imaginer un recours à l’armée, mais seulement en extrême urgence, explique à TF1 Driss Aït Youssef, docteur en droit public spécialiste des questions de sécurité globale. C’est vrai qu’un dispositif comme Sentinelle a tendance à rassurer la population, surtout avec la menace terroriste qui agite encore notre pays. En revanche, les palpations de sécurité, ça ne se fait pas comme ça. Il faut des habilitations. Or, les forces armées ne les ont pas." Il serait donc plus vraisemblable de voir les militaires en patrouille pendant les Jeux, ainsi que sur des missions très spécifiques, ciblées par le ministère de l’Intérieur, comme la lutte contre les drones ou la surveillance de la Seine, notamment lors de la cérémonie d’ouverture.

Pour l’heure, Paris 2024 a juste sécurisé 25% de ses besoins en agents privés, ce qui inquiète fortement le service central du renseignement territorial. D'ores et déjà, il est prévu qu'un camp militaire abritant 5.000 hommes sous des tentes sera installé en plein Paris, sur la pelouse de Reuilly, a annoncé mercredi le général Christophe Abad, gouverneur militaire de la capitale. Reste à voir quelles seront précisément leurs missions et si ce nombre sera suffisant.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Jean-Marie Bagayoko, Axel Charles-Messance, Simon Humblot

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