Injections illégales de botox : deux sœurs à l'origine d'un "système très organisé" seront jugées en août

par Aurélie SARROT Marie Belot
Publié le 19 juillet 2023 à 15h34

Source : JT 20h WE

En mai dernier, les gendarmes ont lancé un appel à témoins pour identifier les potentielles victimes de personnes pratiquant des injections de botox illégalement.
Les prestations étaient proposées via Instagram et Snapchat.
Deux sœurs ont été interpellées la semaine dernière et seront jugées en août.

Après quatre mois d'investigations, les auteures présumées de cette vaste arnaque ont été placées en garde à vue mercredi 12 juillet. Tout avait débuté en mars dernier, quand les enquêteurs de la Section de recherches (S.R.) de Lille ont détecté deux comptes Instagram et Snapchat particulièrement actifs, proposant des injections illégales. 

"À la Section de recherche, nous avons des cyberenquêteurs, spécialisés pour détecter les phénomènes criminels sur le net et le dark web. C’est dans le cadre d’une veille sur ce phénomène des faux injecteurs d’acide hyaluronique et de botox que les gendarmes ont repéré ces comptes suspects", explique ce mercredi 19 juillet à TF1-LCI le lieutenant-colonel Vincent Audon, de la Section de recherche de Lille. Les prestations étaient en effet proposées via les pseudonymes Instagram "injection_lille" et Snapchat "Doctor Lougayne". 

Immédiatement, le parquet de Valenciennes a ouvert une enquête. Celle-ci a permis de vérifier les pratiques illégales de la "pseudo-docteur", née en 1997 et aidée par sa sœur, née en 2001, et d’identifier plusieurs centaines de clients. "Dans ce genre d’affaire, ce sont souvent des esthéticiennes qui pratiquent ces injections illégales pour arrondir leurs fins de mois. Là, ce sont deux jeunes femmes qui ne faisaient rien d’autre pour vivre et qui avaient mis en place un système très organisé et qui leur a au moins rapporté 120.000 euros en un an et demi", poursuit le lieutenant-colonel Vincent Audon. 

De 200 à 400 euros la prestation

"La majorité des injections illégales ont eu lieu dans le Nord, mais aussi à Paris et Bordeaux. Les jeunes femmes sous-louaient le plus souvent des salons d’esthétique lors des horaires de fermetures, notamment les dimanches. Une gérante de salon est d’ailleurs poursuivie pour complicité", nous indique aussi le lieutenant-colonel Audon. À l’occasion d’une session, organisée dimanche 14 mai 2023 à Valenciennes, les deux mises en cause sont interpellées, après avoir procédé à des injections sur plusieurs clientes, pour des tarifs allant de 200 à 400 euros. 

Sur les lieux, les enquêteurs ont retrouvé une centaine de seringues et de fioles d’acide hyaluronique et de botox, pour la plupart d’origine étrangère, dont certaines périmées. Au cours des perquisitions au domicile des sœurs, des produits de comblement, plus de 14.000 euros en liquide, deux véhicules haut-de-gamme et de nombreux objets de luxe seront saisis.  "Afin de permettre l’analyse des produits saisis, les deux mises en causes sont laissées libres à l'issue de leur garde à vue", indique la gendarmerie pour justifier le fait que celles-ci n'aient pas été placées en garde à vue immédiatement.

Dans le même temps, en accord avec le parquet, les militaires diffusent un appel à victimes et 26 plaintes sont recueillies à cette occasion par les enquêteurs. Certaines victimes présentent des complications graves comme des infections, inflammations ou encore nécroses ayant nécessité la réalisation d’opérations chirurgicales. 

Des menaces sur les victimes

Malgré leur interpellation, et alors qu'elles ont été laissées libres, les deux femmes poursuivent leur activité, n'hésitant pas à plusieurs reprises à exercer des "menaces contre certains clients exprimant leur mécontentement afin de les dissuader de porter plainte".

Début juillet, le rapport d’analyse des produits de comblements saisis est enfin délivré. Ce dernier a attesté de la présence de

toxine botulique, pourtant interdite à la vente libre et dont l’injection ne peut être faite que par un médecin. Par ailleurs, le taux de bactéries mesuré dans certains produits s’est révélé cinquante fois supérieur aux seuils maximum autorisés.

À la lumière de ces nouveaux éléments, les deux femmes sont à nouveau placées en garde à vue le 12 juillet 2023. 

Présentées au tribunal judiciaire de Valenciennes le 13 juillet en vue d’être jugées en comparution immédiate, les deux femmes ont demandé un report qui leur a été accordé. Elles seront jugées le 17 août 2023. 

Dans l’attente, la mise en cause principale, âgée de 26 ans, qui sera renvoyée devant le tribunal pour "exercice illégal de la médecine", "mise en danger de la vie d’autrui", "blessures involontaires", " escroqueries", "infraction à la législation sur les substances vénéneuses", "travail dissimulé" et "blanchiment aggravé", a été placée en détention provisoire. Sa sœur, âgée de 22 ans, a été placée sous contrôle judiciaire. Elle est poursuivie pour complicité des mêmes faits reprochés à son aînée. Les deux encourent une peine de prison pouvant aller jusqu'à 10 ans. 


Aurélie SARROT Marie Belot

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