Des dizaines de points de deal sont désormais implantés à Grenoble (Isère).Quelle stratégie adopter pour les démanteler ? Faut-il davantage cibler les consommateurs ?Le 20H de TF1 a mené l'enquête.
"Il n'y a rien de plus facile que de se fournir". Enzo, 30 ans, est artisan et père de famille. À la tombée de la nuit, il sait exactement où se rendre à Grenoble pour acheter son cannabis. "On va sur un point de vente, on est guidé, comme quand tu achètes un téléphone ou une pomme, c'est à peu près pareil", confie-t-il anonymement dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. "Et si c'était plus difficile, il y aurait moins de consommateurs ?", questionne notre journaliste sur place. "C'est sûr", répond-il spontanément.
À Grenoble, il existe des dizaines de points de deal. Nos équipes se sont rendues dans l'un d'entre eux. Dans la cage d'escalier de l'immeuble, on peut voir des détritus entassés, joncher le sol. L'endroit est tenu par Marvin, 15 ans, qui le gère pour payer sa propre dose de cannabis. Il voit défiler, jours et nuits, toute sorte de clients : "Il y a de tout (...). Quand ils sont petits petits, on ne prend pas. On prend à partir de 14, 15 ans", détaille-t-il.
Davantage cibler les consommateurs ?
La France est le premier pays consommateur de cannabis en Europe, selon les dernières données de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiées en 2022. On compte alors près de 1,3 million d’usagers réguliers et 850.000 quotidiens. Au total, près de 18 millions de Français ont déjà expérimenté le cannabis, dont 5 millions en un an.
Selon le préfet de l'Isère, Louis Laugier, ces usagers sont complices des trafiquants. Le principal levier d'action de la police, d'après lui, est d'empêcher les clients de se fournir : "Nous avons une vingtaine de points de deal à Grenoble. Ils sont démantelés toutes les semaines, voire plus. Tout point de deal qui est démantelé ou perturbé, pour moi ce sont des consommateurs potentiels qui ne peuvent pas se fournir. Parfois cela peut être la première tentative d'un consommateur", détaille-t-il, avant d'ajouter : "On évite donc à quelqu'un de sombrer dans une espèce de spirale qui l'amènera à la délinquance".
Les autorités ciblent également les consommateurs à l'aide d'amendes forfaitaires. Elle peut par exemple s'élever à 200 euros pour une petite quantité de drogue. "De nos jours, ils t'amendent pour une consommation, mais ça arrête qui ? Personne. Quand tu consommes, tu consommes. Si ce n'est pas ici, c'est là-bas. Tu trouveras toujours ta dose, n'importe où", affirme un dealer grenoblois, interrogé par nos équipes.
"La police renforce ses effectifs, mais ça ne change rien. Il y aura toujours des personnes qui vendent, des personnes qui consomment, ça ne s'arrêtera pas. Des consommateurs, il y en a partout", explique le dealer avec assurance. Selon le ministère de l'Intérieur, sur l'ensemble du territoire français, le nombre d'amendes forfaitaires a augmenté de plus de 30% en un an.