Gabriel Attal à Matignon : les professeurs déplorent son "passage éclair" au ministère de l'Éducation nationale

par F.S. avec AFP
Publié le 9 janvier 2024 à 15h57

Source : TF1 Info

Gabriel Attal a été nommé Premier ministre ce mardi.
Il quitte le ministère de l'Éducation nationale après seulement cinq mois.
Un "passage éclair" dénoncé par les syndicats.

À ses yeux, l'éducation est "l'arme la plus puissante que nous avons pour changer la société". Et pourtant, il n'aura fait qu'une seule rentrée à la tête du ministère de l'Éducation nationale. Cinq mois et vingt jours après avoir été nommé rue Grenelle, Gabriel Attal a pris la tête de Matignon ce mardi 9 janvier. Si le nouveau Premier ministre a promis qu'il resterait "toujours" aux côtés du monde enseignant, les syndicats critiquent amèrement son bilan.

Un mandat qui a servi de "marchepied"

Aux yeux de l'ensemble des syndicats, le passage de Gabriel Attal rue Grenelle a des airs de "passage éclair". Et pour cause, c'est le deuxième séjour le plus court à ce poste sous la Ve République, après celui de Benoît Hamon en 2014. De quoi pousser certains représentants d'enseignants à se demander si les annonces formulées par le ministre à la rentrée au sujet du bac et de l'abaya et ses projets comme le SNU et l'expérimentation de l'uniforme "n'étaient pas destinées à une ambition politique", comme l'a confié Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU. "Il a très vite essayé de prendre le contre-pied de Pap Ndiaye", son prédécesseur,"par une forte présence médiatique et politique, une frénésie d'annonces", relève ainsi la patronne du premier syndicat enseignant du second degré.

Même constat amer du côté du primaire. Guislaine David, à la tête de la FSU-SNUipp, trouve "surprenant" que l'ancien locataire de la rue Grenelle reste "si peu de temps alors qu'il avait dit vouloir se plonger dans des réformes structurelles pour l'école". Pour elle aussi, cette présence médiatique et la multiplication des annonces n'étaient "qu'un marchepied" au service de ses ambitions. "Nous savions aussi qu'il était là pour sa carrière." Une instrumentalisation dont Guislaine David s'est dit "agacée", regrettant la manière dont sont traités "le ministère de l'Éducation nationale et donc tout le personnel".

Gabriel Attal n'a pourtant pas manqué d'avoir un mot pour son ancien ministère. Au cours de la passation de pouvoirs avec Élisabeth Borne à Matignon, le nouveau chef du gouvernement a promis d'emmener avec lui "la cause de l'école". "Je réaffirme l'école comme étant la mère de nos batailles. Comme Premier ministre, je lui donnerai tous les moyens d'action nécessaires pour sa réussite. Elle sera une priorité absolue". 

Des mots qui n'ont pas satisfait les syndicats. Au contraire. Catherine Nave-Bekhti, la secrétaire générale du Sgen-CFDT, s'inquiète de la main mise du président de la République et du Premier ministre sur les sujets éducatifs. "Cela n'augure que peu d'autonomie pour le ou la future ministre de l'Éducation", a-t-elle relevé. Le successeur de Gabriel Attal aura donc la lourde tâche de reconquérir les syndicats enseignants, d'ores et déjà en "colère", d'après Elisabeth Allain-Moreno, la secrétaire générale du SE-Unsa. Elle se dit épuisée à l'idée de "tout recommencer à zéro". 


F.S. avec AFP

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