Pénurie de main-d'œuvre : les ouvriers qualifiés désormais dans le viseur des chasseurs de tête

par T.A. | Reportage TF1 : Ludovic ROMANENS et Alice CHOMY
Publié le 23 janvier 2024 à 7h45, mis à jour le 23 janvier 2024 à 10h01

Source : JT 20h Semaine

De plus en plus d'entreprises font appel à des chasseurs de tête pour recruter... des ouvriers qualifiés.
C'est un moyen pour les employeurs de combler la pénurie de main-d'œuvre dans certains secteurs.
Mais d'autres se retrouvent aussi démunis face au débauchage de leurs employés, comme le montre ce reportage du 20H de TF1.

"Nous, ce que notre client pourrait vous apporter, c'est une meilleure qualité de vie avec vos adolescents." Natalia Domingues est chasseuse de tête. Mais contrairement à beaucoup de ses collègues, aujourd'hui, elle ne recrute ni un PDG, ni un cadre supérieur. Au bout du fil, il y a Isabelle, une mécanicienne agricole, pas vraiment en recherche d'emploi. Pourtant, après dix minutes d'entretien, elle change d'avis lorsque la recruteuse lui parle de bien-être au travail. "Il y a toujours une faille : si on ne fait pas attention à ce que le candidat nous dit, on passe à côté de l'opportunité d'avoir un bon profil à nos clients", indique Natalia Domingues. 

Recruter des profils rares sur le marché

En réalité, tous les métiers d'ouvriers qualifiés, aux compétences rares sur le marché du travail, intéressent désormais les chasseurs de tête. Ils ont débauché Willy Montpelat il y a quelques mois. Dorénavant, il officie dans une agence de location d'engins de chantier à Vert-Saint-Denis (Seine-et-Marne). "Quand on arrive dans une entreprise, on ne pense pas au jour où on va repartir, justifie le professionnel dans le reportage du 20H de TF1 visible en tête de cet article. J'y ai gagné financièrement, mais aussi au niveau de mes conditions de travail." Avec 200 euros de plus par mois sur son salaire, l'offre était attractive.

Le directeur de l'entreprise qui l'emploie ne trouvait pas de candidat qualifié à ce poste depuis plus d'un an. Ce manque était un frein au développement de son entreprise. Faire appel à un cabinet de chasseurs de tête lui a coûté 7.000 euros. "Ce n'est pas de l'argent perdu, c'est de l'investissement, assure Victor Perard, directeur financier de Comptoir de location (CDL), la société en question. On a pu combler un poste vacant très important qui est primordial dans le bon fonctionnement de notre agence." Le poste a ainsi été pourvu en 60 jours.

Des débauchages qui provoquent "des tensions"

Dans les locaux de la Société melunaise de rebobinage (SMR), l'entreprise qui fait face au hangar de CDL au sein de la commune, la situation est inverse : un électromécanicien s'est fait débaucher il y a quelques mois. Le salarié, à la profession très technique, est parti dans une entreprise concurrente. Julien Grailhes, le patron de l'entreprise, fait de plus en plus face à ce genre de situation. "À partir du moment où on débauche, faire la même chose chez les autres, ça paraît logique, mais on ne devrait pas être dans une situation comme ça, regrette l'entrepreneur. Ça provoque des tensions qui n'existaient pas avant."

Dans le secteur, le rapport de force entre ouvriers et patron semble même avoir changé. Pour des métiers en tension, comme les infirmiers, serveurs ou cuisiniers, il y a parfois jusqu'à six offres d'emplois pour un même candidat. "Aujourd'hui, ce sont les candidats qui décident, résume Olivier de Préville, président d'Headhunting Factory, un cabinet de chasseurs de tête basé à Paris. Il y a de moins en moins de compétences, alors qu'il y a un phénomène de réindustrialisation de la France. Après une période de relocalisation, il y a aujourd'hui beaucoup d'industries qui reviennent." Actuellement, l'agence de recrutement propose plus de 450 emplois à pourvoir immédiatement, partout en France.


T.A. | Reportage TF1 : Ludovic ROMANENS et Alice CHOMY

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