VIDÉO - "Ça nous coûte des dizaines de milliers d’euros" : face aux resquilleurs, la chasse aux faux arrêts de travail s’accélère

par M.T
Publié le 7 avril 2024 à 18h23, mis à jour le 8 avril 2024 à 14h40

Source : Sept à huit

En quelques clics sur Internet, il est possible d’obtenir un faux arrêt de travail.
Si certains ont fait de cette fraude un véritable business, des employeurs tentent quant à eux de la contrer, quitte à recourir à des détectives privés.

La chasse aux faux arrêts est ouverte. Détective privé dans le Sud de la France, Guillaume Pouillier est ce matin en mission pour une entreprise du bâtiment. Depuis plusieurs semaines, un des ouvriers est en arrêt maladie, mais son employeur doute de plus en plus de sa loyauté. 

"On va tenter un coup de poker, on va voir une boulangerie où ils se rendent régulièrement avant d'aller bosser", annonce l'espion. Bien présent, l’homme est repéré montant dans le fourgon d’une société de BTP concurrente. “Il n’a pas le droit d’être là parce qu’il est censé être en arrêt maladie, et en plus, il travaille à la concurrence donc il se met en double faute”, commente le détective, recroquevillé dans sa voiture, une petite caméra à la main. 

+30% d’arrêts maladie en France ces dix dernières années

Quelques minutes plus tard, Guillaume déroule son compte rendu auprès de l’employeur. “De toute façon, ce n’est pas le premier”, réagit ce dernier au téléphone. “On en a (des faux arrêts maladie, NDLR) tous les mois. Ça nous coûte des dizaines de milliers d’euros", déplore-t-il. 

Ces dix dernières années, le nombre d’arrêts maladie a augmenté de 30% en France. Le coût pour la Sécurité sociale en 2022 : 16 milliards d’euros. Quelle est la part de fraudes dans ces augmentations ? Difficile à dire, mais Gabriel Attal, ancien ministre chargé des Comptes publics, avançait une explication il y a quelques mois. “Il suffit d’ouvrir un réseau social, d’ouvrir un article de presse, pour voir à quel point il est facile de se fournir un arrêt maladie”, a-t-il constaté. 

Trafic, sites frauduleux... une facilité d'accès

Une équipe de TF1 est allée à la rencontre d’un trafiquant d’arrêts maladie illégaux. La conversation est enregistrée en caméra cachée. “Là, tu remplis tes informations. C’est nom, prénom, ville, code postal, adresse, numéro de téléphone. Après tu prends en photo et tu envoies à ta RH par mail”, détaille-t-il dans le reportage ci-dessus. Autre cas fréquent : l'utilisation de sites frauduleux permettant de générer de faux arrêts maladie. 

Des impunités agaçant la Sécurité sociale et le ministère de la Santé. “On aura 60 cyber-enquêteurs qui seront opérationnels d’ici la fin du premier semestre 2024. Aller sur internet, et récupérer un faux arrêt de travail pour dix euros, je dis juste que ce n’est pas responsable et c’est puni par la loi avec des amendes ou des peines de prison s’il y a récidive”, affirme Thomas Fatôme, directeur de la Caisse nationale d'Assurance Maladie. 

Certains médecins, quant à eux, délivrent-ils trop facilement des arrêts maladie à leurs patients, se rendant parfois complices des fraudeurs ? Plus d'informations dans le reportage de "Sept à huit" en tête de cet article. 


M.T

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